Le Parti et les classes populaires, au travail comme dans la cité - Congrès PCF

« Devenir le parti des classes populaires » est-il un concept pertinent ?

Des philosophes, des sociologues montrent la réelle difficulté à définir aujourd’hui entre quelles classes se situe la lutte économique et sociale tant la société s’est complexifiée, modifiée au fil des décennies avec une accélération ces 40 dernières années due à des paramètres comme le développement des technologies numériques, la mondialisation de la production et des échanges, la concentration du capital, les politiques libérales qui changent les règles de la société… Des activités directement liées aux technologies numériques, de l’information et de la communication ont été créées et fonctionnent sans salariés, avec des travailleurs dont les droits n’existent pas, ou très peu (ex : Uber). Les donneurs d’ordre que sont les très grandes entreprises industrielles ou de services créent des rapports de domination toujours plus forts au détriment d’entreprises prestataires dont le personnel paie l’addition au final.

Les rapports de classes entre les groupes socioprofessionnels, entre les exclus du travail et de la société, et la société elle-même, entre les dominants et les dominés, sont donc sans cesse en évolution et difficiles à classifier. Mais le plus important n’est-ce pas plutôt la nature des relations sociales entre tous les groupes d’activités et les enjeux de pouvoir et de partage des richesses à l’intérieur de ceux-ci ? Car cette analyse permettrait de caractériser le degré de convergences d’intérêts dans et entre les groupes de français, de leurs divergences ou de leur opposition totale. Ces rapports peuvent certainement nous éclairer sur les luttes temporaires ou non, à mener autour d’intérêts communs, sur des propositions de changement et des avancées possibles pour le plus grand nombre.

Dans ce contexte compliqué et évolutif le PCF doit-il se déclarer le parti des classes populaires alors que l’expression traduit à la foi un périmètre de représentation dans lequel bon nombre de techniciens utilisant des technologies nouvelles, les différents encadrements moyens et supérieurs, des intellectuels, des artisans, commerçants, des salariés de secteurs publics demandant de la qualification, risquent de ne pas se retrouver ? Que le PCF déclare sa priorité politique dans la lutte pour améliorer le sort des classes populaires ne serait-il pas mieux adapté qu’une déclaration d’appartenance à un groupe de français.

Se définir comme le représentant d’une partie de la population peut paraître exclusif pour qui ne ressent pas son appartenance à la catégorie des classes populaires. Sans compter que pour gouverner, l’intérêt général doit rester la règle, même si nous nous battons pour modifier les niveaux sociaux des différents groupes dans un sens aigu du partage des richesses. Ce parti pris peut-il ralentir la chute de l’audience et de l’intérêt des français pour le Parti Communiste ?

Bernard Pereira

Section Riom

Puy de Dôme 63