Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

PLUS QUE JAMAIS ETRE COMMUNISTE

PLUS QUE JAMAIS ETRE COMMUNISTE

Le samedi 26 Novembre 2016 les communistes décidaient de s’en remettre à Mélenchon pour les élections présidentielles.

Le comité exécutif du PCF pensait que cette candidature était la seule solution possible après l’impossibilité d’un travail unitaire engagé par la PCF pour obtenir une candidature commune de la gauche progressiste.

Les dés étaient jetés.
Mélenchon devenait le candidat du PCF.

Celui-ci, bien avant, avait décidé de faire bande à part et de mettre en avant sa « France dite insoumise ».

Cette décision était pour moi une erreur, non seulement de stratégie, mais en plus elle touchait de plein fouet l’identité communiste.

Une erreur de stratégie qui allait nous couter cher sur le plan de notre existence puisque notre effacement aux Présidentielles nous a condamné à l’inefficience et à permettre du coup à Mélenchon d’exercer son leadership.

La division authentifiée par le Social-démocrate mitterrandien, l’échec au pouvoir de l’autre sociale-démocratie Hollandaise et la mise au rancart des restes de la droite gaulliste produisit l’arrivée de l’envoyé spécial du patronat français, Macron, disposant d’une majorité considérable à l’Assemblée nationale.

Une seule chose fut évitée : la victoire du FN.

Donc un effacement, que nous payons aujourd’hui, puisque les idées communistes sont de moins en moins mises au devant de la scène politique.

Les résultats électoraux furent donc médiocres au point que notre premier secrétaire à juste raison les considéra comme un échec.

Un échec des communistes bien sûr et de sa direction au plus haut niveau puisque la candidature de Mélenchon nous conduisit à une absence politique dans une période ou l’idée communiste était nécessaire face à la crise et à l’offensive du capitalisme pour en faire porter la responsabilité sur le monde du travail et à permettre l’éclosion d’une pousse née dans les coffres-forts de la banque Rothschild.

Je pense que cela est grave et met en danger notre devenir si nous ne redressons pas la barre.

Une candidature communiste n’aurait pas été une candidature de témoignages et nous aurions pu mener une bataille d’idées sur le fond et aider notre peuple à se sortir du vote utile ou du vote d’extrême droite et surtout de l’abstention qui ne cesse de grimper et touche particulièrement le monde du travail.

Mélenchon, en socialiste mitterrandien, nous a donc fait la nique : admettons-le.

Son attitude, aujourd’hui, ainsi que celle de ses condisciples, le démontre amplement et je ne m’attarderai pas sur toutes les ignominies qu’il déverse contre les communistes et la gauche qualifiée de repoussoir pour dire que ce politicien ne peut que contribuer qu’à alimenter la division à gauche pour le plus grand profit du capitalisme en crise. Ce personnage ne peut plus être celui qui rassemble et 2017 n’a ressemblé en rien à 2012.

Mais la question de l’échec est d’abord chez nous et je crois que nous devons regarder attentivement pour le congrès de Novembre l’état de notre parti.

Je pense qu’un bilan doit être fait sur une période plus longue et sur notre façon d’avoir saisi les évolutions de la société : donc pas seulement des élections qui ne sont que le thermomètre de notre influence mais de regarder de plus près ce que nous sommes devenus et surtout ce que nous aurions dû être pour affronter ce capitalisme en crise qui continue à régner sur cette planète.

Macron n’est pas seulement le président des riches, terme générique pour faire effet. Comme nous le disons, il est un représentant du capitalisme international en crise qu’un spécialiste renommée de la banque Natixix, Patrick Artus, inquiet de la tournure de la financiarisation extrême de l’économie, en arrive à indiquer que l’analyse de Marx sur la baisse tendancielle du taux de profit et la bataille du capital pour le redresser en s’en prenant aux salaires est une réalité ( voir Humanité du 6 février 2018 ) : cela montre à quel point l’idée communiste doit être présentée en ce moment et de manière offensive et qui peut mieux le faire qu’un parti communiste à la hauteur de cette grande tâche.

Nous avons, en effet, été les initiateurs pour démontrer et démonter tous les tenants et aboutissants de cette crise de la suraccumulation dévalorisation du capital et notamment par les travaux de Paul Boccara. Qu’avons-nous fait de ses analyses ?

Un capitalisme en crise durable qui nous incite donc à examiner comment le combattre dans cette phase où pour redresser son taux de profit, il déconstruit les conquis sociaux dans les pays les plus développés et exploite encore plus violemment les travailleurs dans les pays les moins développés.

C’est la finance internationale spéculative qui mène le bal des maudits.

Les économistes marxistes ont donc raison d’approfondir leurs travaux sur cette question fondamentale du capital dans sa forme la plus violente qui soit aujourd’hui et comment commencé à le dépasser vraiment.

Dans cette crise du capitalisme d’état sociale, il est temps de reprendre la main et de mettre non seulement en cause ce système suranné mais de commencer à le déconstruire.

Bernard Thibault lors de son intervention aux Etats généraux du progrès social soulignait l’importance de passer à des propositions offensives et citer par exemple : « un droit de veto supporté par la France qui consisterait à s’opposer aux commerces de produits conçus ou

commercés par des entreprises ou des pays en infraction avec les droits humains et sociaux fondamentaux » : bref une façon offensive de mettre en cause cette violence exercée contre les droits des salariés et en fait enfoncer un coin dans les stratégies du capital pour redresser son taux de profit.

Plein d’autres possibilités peuvent s’offrir aux luttes si elles s’organisent pour et pas seulement contre.

C’est une bataille de classe et pardon si j’emploie ces mots devenus pour certains iconoclastes.

Un mot que nous n’osions plus prononcer, il fut un temps pas si lointain, et dont nos adversaires de classe ne se privent pas de l’employer comme le fait Warren Buffet quand il dit

effrontément : il y a une lutte des classes, évidemment, mais c’est ma classe, la classe des riches qui mène la lutte. Et nous sommes en train de la gagner (interview CNN, le 25 mai 2005).

Oui, il s’agit bien d’une bataille de classe et celle-ci se déroule actuellement sous nos yeux en France, en Europe et dans le monde pour assurer la suprématie des capitaux dans cette mondialisation effrénée et d’une mise en concurrence des salariés au point de les exploiter sous des formes les plus trompeuses d’auto entreprenariat mais qui ne sont que des formes sophistiquées de l’utilisation de la force de travail sans la payer à son prix.

Nous avons besoin non pas de relire comme une bible les œuvres de Marx, en cette année de son deux centièmes anniversaire de sa naissance, mais de voir comment déjà Marx voyait les évolutions successives de ce capitalisme broyeur d’hommes et de femmes dans le procès de production du système capitaliste.

Il nous montrait par exemple, à son époque, le développement du machinisme et la façon dont le capital s’emparait de ces moyens de production nouveaux pour plus de productivité avec moins d’hommes et plus de travail gratuit.

Des luttes ont permis de contraindre le capital à devoir faire des concessions et de céder aux revendications et aux conquêtes sociales dans le cadre de ce système mais avec déjà la volonté de nous en extirper : pour la France chacune et chacun a en tête le Front populaire de 1936, la libération et 1968. Ce sont des luttes créatrices telles la sécurité sociale mais elles ne sont que des prototypes fragiles dans un système contrôlées par les puissances d’argent, qui, au moindre reflux, les remettent en cause. Il faut donc aller plus loin et s’attaquer au cœur de la caverne d’Ali Baba.

Aujourd’hui la révolution informationnelle touche profondément les rapports de production et le capital s’accapare de ces outils de plus en plus complexes pour exploiter et mettre en concurrence les salariés de cette planète. Il s’agit de voir notre combat de classe à cette dimension et bien sur de l’alimenter par toutes les luttes au plus près de l’exploitation et de ses formes nouvelles et aussi face à la puissance d’un système intégrationniste et individualiste dans lequel les entreprises tentent d’enfermer les salariés. Ceux- ci représentent aujourd’hui une immense potentialité à unir en France et dans le monde et le syndicalisme

international doit en être conscient et actif à ce niveau. Les ordonnances Macron se méfient de ces évolutions dans le travail et du risque de voir les salariés-es s’organisaient et lutter collectivement : celles-ci ont donc pour but de contribuer à ce que le mouvement des luttes ne puisse s’organiser de manière offensive et créatrice de nouveaux droits : c’est un défi à relever.

Nous avons donc besoin d’être le parti communiste qui organise le combat de classe d’aujourd’hui et pour demain. Qui peut mieux le faire que nous et de nous appuyer sur les luttes qui montent un peu partout en ce moment et notamment là où se fait sentir la casse sociale et humaine comme dans la santé et les services publics si utiles pour vivre et dépasser une économie de subsistance auquelle le capital et les Etats à sa dévotion l’organise en ce moment.

S’il faut se renouveler et comme le dit notre secrétaire national, « se réinventer », eh bien faisons- le en étant nous-mêmes et entre parenthèses le rassemblement ne sera plus brandi comme une panacée mais par la force de conviction communiste et donc l’existence et la rayonnement d’un parti communiste fort.

Nous ne pouvons être la remorque sur un tel sujet de forces qui enraye ce combat d’idées ; nous devons transcender ces luttes souvent défensives en luttes offensives et notamment dans les entreprises les plus capitalistiques mais aussi dans les lieux de l’organisation de la société et des services où se trouvent une masse de salariés-es précarisées sous le joug patronal y compris dans ces PME des start-up que nous vante le système.

Nous avons donc à prendre soin de notre parti : il livre actuellement non pas une bataille de survie comme certains le pense, mais une bataille pour être à la hauteur de la situation et cela implique de donner à la force communiste qui n’est pas négligeable malgré son affaiblissement les moyens nécessaires pour mener cette bataille d’un vrai rassemblement.

J’ose affirmer que ce sont les communistes qui seront en mesure d’apporter ce contenu et bien sûr avec des alliés-es qui seront de plus en plus nombreux s’il y a un PCF producteur d’idées pour rassembler à ce niveau et en être le maitre d’œuvre principal. La réinvention commence alors par notre présence sur le terrain de l’entreprise, du lieu de travail, du lieu de vie et en se donnant les forces nécessaires.

L’idée communiste peut à nouveau émerger de ce tohu bohu actuellement à gauche et nous sortir de la duplicité de ces politiciens qui seront vite écartés quand le sens du combat sera bien fixé et imprégné dans les masses.

Pour cela il faut donc soigner notre parti, lui redonner des forces, le faire sortir de la coquille dans laquelle il est enfermé par des années de culpabilité qui l’empêche d’être lui-même.

Il peut être cette force communiste dont la France a besoin mais aussi pour le monde qui nous entoure.

L’idée communiste oui plus que jamais.

Oui, soyons-nous même, bon sang !
Bernard LAMIRAND Section PCF Creil Nogent