Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

QUELQUES PAVÉS DANS LA MARE ...

Quelques pavés dans la mare ...

Je me trompe peut être (certains diront sûrement), mais je vous donne mon avis, mes impressions, mon sentiment ...

Quand je pense à tous ceux et celles qui sont en grande difficulté, les chômeurs, ceux qui sont obligés d'aller aux restau du coeur (les jeunes comme les anciens), les SDF, mais aussi à ceux qui ont du mal à faire vivre leur famille, quand je pense à mes enfants et petits enfants, je me dis qu'il aurait quand même bien mieux valu pour eux que Mélenchon arrive en seconde position aux présidentielles et gagne ensuite. Bien sûr tout ne serait pas tombé du ciel comme par miracle et il aurait fallu sûrement manifester dans les rues pour s'imposer face à la droite et aux nantis, mais l’enthousiasme aurait pu faire avancer beaucoup de choses.

Je trouve qu'aux présidentielles de 2017, le PC ne s'est engagé que très partiellement et très tardivement pour la candidature de Mélenchon. Et nous avons, le PCF a vraiment raté une occasion historique.Je le pense, et je l'écris. Car il me semble que certains camarades n'ont pas conscience des responsabilités, et se cachent derrière Marx et Lénine pour se justifier. Que Mélenchon en garde quelques ressentiments à notre égard, c'est une réaction humaine, d'abord. Les hommes politiques ne sont pas des machines, les femmes non plus, heureusement.

Je suis choqué par ceux qui laissent entendre qu'il vaut finalement mieux Macron que Mélenchon, car cela aurait libéré des potentialités, c'est du moins ce que j'ai compris d'une contribution au congrès. Que d'illusions ! Et si on poussait ce raisonnement un peu plus loin...qui d'autre était au second tour ?

C'est finalement dommage que le Front de Gauche n'ait pas été ouvert aux individus, sans se limiter aux organisations. La peur de quoi ? De qui ? Des gens ? Il y aurait eu des tas de problèmes à régler, évidemment, je ne prétends pas que cela aurait été simple ; je pense que cela aurait pu permettre un travail en commun sans faire disparaitre le PCF ( travailler ensemble ne veut pas dire se coucher devant les autres ! ).

Maintenant c'est trop tard, et c'est le mouvement des Insoumis qui a mis en action de nombreuses personnes qui ne seraient jamais venues au PC. Je pense que ce mouvement n'est pas concurrent du PC, mais complémentaire. Qu'on le veuille ou non, il faut faire avec, et il est inutile de se gausser des difficultés qu'ils rencontrent pour structurer leur organisation, nous sommes mal placés pour critiquer.

Il y a de multiples raisons qui font que certaines personnes pourtant en accord avec nous sur de nombreux sujets n'adhèrent pas au PC. Il serait intéressant d'y réfléchir. Il y a des raisons historiques liées à l'Union soviétique et aussi l'influence des médias dominants, qui ne ratent pas une occasion de rappeler quelques "bons" morceaux. Les progrès qu'il y a eu à une certaine période en URSS sur les plans économique et social ne gommeront jamais les milliers de morts des staliniens.

Il y a aussi l'organisation du PCF, ou plutôt la façon dont elle peut être perçue par le prisme des média. Mais aussi par notre vocabulaire : PCF parti de combat, de lutte révolutionnaire. Cela convient à certains, mais cette présentation guerrière ne plait pas à tout le monde ; c'est comme ça, et il n'y a pas à porter de jugement. Chez beaucoup de Français, révolution est associée à guerre civile.

Je ne suis pas d'accord avec ceux qui parlent de délitement complet de la gauche. C'est vrai que le PS s'est écroulé, et c'est une très bonne chose, car leur responsabilité dans la situation actuelle est énorme. Hamon et les ex-frondeurs sont au fond du trou qu'ils ont eux même creusé, j'espère que le PCF ne leur fera pas la courte échelle pour les aider à en sortir, même au nom du "rassemblement".

Mais pour moi les Insoumis sont à gauche, ils sont à côté de nous, pas loin. Et heureusement qu'ils sont là. On peut bien sûr, du haut de notre complexe de supériorité, les traiter de "populistes". Il y a une cinquantaine d'années, au temps où on noircissait des pages sur le "Capitalisme Monopoliste d'État" (et on rêvait déjà de révolution imminente), on a traité de "gauchistes" plein de gens pourtant très proches de nous.

Le paysage politique n'est finalement pas si bouleversé que ça. Macron est bien dans la continuité de Sarko et de Hollande, il a en plus donné un grand coup d'accélérateur à ce qu'avaient engagé ses prédécesseurs.

J'ai essayé encore une fois de lire quelques textes dans l'Huma et dans le supplément Communistes et quelques contributions pour le congrès.

Trop souvent ils me sont incompréhensibles ; leurs auteurs ne parlent pas le même langage que moi. Et ces documents sont souvent excessivement longs, des phrases à rallonge, interminables, qu'il faut parfois lire deux fois. Et quand on arrive péniblement à la fin du texte, il est impossible d'en faire un résumé clair, même en essayant de lire entre les lignes.

Pourtant c'est bien rédigé, pas de faute de français, avec de magnifiques formules ronflantes ; quel baratin ! Et

des citations de Marx, Lénine, Aragon ou autres ... Mais une citation ne vaut pas argument. Alors à quoi ça sert de noircir des pages et des pages si elles sont illisibles ?

J'ai lu aussi les tracts sur les services publiques, le logement, l'industrie, le chômage ... qui doivent accompagner la campagne du PCF sur le progrès social. Mais il y a dans ces tracts des phrases que je ne comprends pas moi même. Comment les gens les comprendront ils ? Visiblement ceux (ou celles) qui les ont rédigés sont en décalage complet avec les personnes à qui on les destine. Désolé, mais je trouve ces tracts complètement inadaptés, beaucoup trop longs et même in-amendables ; il faut tout reprendre à zéro. Inutile de vouloir tout dire dans un papier qui ne sera lu que par quelques rares personnes.

Je ne distribue pas de tracts, je ne colle pas d'affiches que je trouve mauvais. Et que les nostalgiques de la période du "centralisme démocratique" sachent qu'il en était de même en ce temps là. Les adhérents du PCF ne sont pas des petits soldats, et les grands appels aux militants n'y changent rien.

Il manque à mon avis un cadre commun clair aux campagnes que l'on veut mener pour le progrès social (industrie, logement, argent, services publics, emploi).

Il y a les moyens en France de faire une vraie politique de progrès social ; le détail des mesures n'est pas le plus important ni le plus urgent. Mais pour moi le point essentiel est celui là : les moyens il faut les prendre, et dans les bonnes caisses. Ce n'est pas aux classes moyennes à en faire les frais ; elles contribuent par l'impôt au fonctionnement de la société bien sûr, mais la réduction des inégalités colossales de revenus doit s'attaquer à une autre catégorie : il faut contrer les ultra-riches qui pilotent l'économie et la politique pour amasser encore plus de richesses. Ce cadre devrait être immédiatement perceptible quand on lit les documents du PCF.

Nous le savons bien : parmi ces ultra-riches il y a des hommes, et des femmes, gros actionnaires, parfois depuis plusieurs générations, de grandes entreprises privées de production. Là dessus le PCF peut apporter sa touche spécifique et expliquer en terme de classes sociales. Mais les énormes inégalités ne viennent pas que de là. Il ne faut pas oublier les patrons et gros actionnaires de la grande distribution, du commerce en ligne, de l'agro-alimentaire, des sociétés qui conçoivent des logiciels, mais il y a aussi quelques "sportifs" et stars du show-biz immensément riches. La fraude fiscale continuelle de ces gens doit être dénoncée et combattue, c'est une étape nécessaire, mais pas suffisante. La réduction du temps de travail, l'augmentation des salaires et des retraites sont aussi nécessaires, mais pas suffisantes.

Des nationalisations (avec vrai contrôle citoyen) dans les secteurs de la pharmacie, de l'agro-alimentaire pourraient être une étape d'une autre dimension dans le contrôle de l'économie et la réduction des inégalités, et cet objectif peut être rassembleur : on ne doit pas faire du fric sur la santé des gens. D'accord ce ne sera pas le communisme ; après, on verra bien. Mais le sondage publié dans l’Huma du 24/01/18 montre qu'il y a vraiment beaucoup à faire pour convaincre les gens de l'utilité des nationalisations. (Remarque au passage : les titres de l’Huma au sujet de ce sondage sont des escroqueries, qui n'apportent ensuite que des désillusions ...)

Comment y arriver, qu'est ce qu'on dit à ceux et celles qui nous demandent comment faire ? Il n'y a pas d'autre issue que de gagner les élections présidentielles et législatives (si quelqu'un a une autre solution, qu'il le dise en clair).

Les campagnes électorales ne suffiront pas ; il faudrait contrer l'influence des médias dominants (radio, télé, internet) et avec nos faibles moyens, notre communication doit être impeccable.

Pour rassembler il faut quelques objectifs clairs, compréhensibles, mais il faut aussi pouvoir s'adresser aux gens, et là il ne faut pas rêver, nos possibilités sont très faibles. On peut essayer de s'améliorer... dans notre coin. On peut aussi travailler avec d'autres ; je vais peut être faire hurler certains de nos grands penseurs, mais ne pourrait on pas envisager une collaboration (à double sens) entre l’Huma et le médiatv.fr ?

Parler et reparler du rassemblement, c'est bien, mais je pense que cela devrait passer aussi par le travailler ensemble.

J'ai retrouvé et relu partiellement le document voté au congrès de 2016.

Quel décalage entre ce texte et la réalité du PCF ! Je pense que les congressistes qui l'ont voté se font des illusions colossales sur l'audience du PCF et sa capacité à s'adresser aux Français. Ils rêvent tout éveillés et j'ai l'impression que nous ne sommes pas dans le même pays.

Il ne faudrait pas que le congrès de novembre 2018 (bien trop tard !) reste dans la même ornière, mais quand j'essaie de lire certaines contributions à ce congrès, je suis pessimiste et découragé.

Désolé.
Michel Brissaud (Vosges). (1° février 2018)