Elections Européennes 2019 - Congrès PCF

EN FINIR AVEC LA RELIGION EUROPEISTE POUR RETROUVER LE CHEMIN DE L’INTERNATIONALE DES PEUPLES

Moins les peuples européens consentent à l’Union Européenne, plus le discours dominant sur l’UE – qui n’est rien d’autre que le discours des classes dominantes – prend des accents religieux avec ses promesses de paix éternelle et ses pères fondateurs. Les prêcheurs de l’UE nous vouent à l’apocalypse en cas de sortie et ravivent nos cœurs en nous promettant le paradis de l’Europe sociale. DISPUTER A L’UNION EUROPEENNE LE MONOPOLE DE L’EUROPE Tout discours critique de l’UE est irrémédiablement diabolisé et assimilé au nationalisme d’extrême-droite. Comment cela est-il possible ? C’est que l’Union Européenne s’est arrogé le monopole de l’Europe. Le Conseil de l’Europe qui regroupe 48 Etats contre 28 seulement pour l’UE, n’a pas cet honneur : non, l’Europe, c’est l’Union Européenne et l’Union Européenne, c’est l’Europe. Le discours dominant sur l’UE assimile dangereusement Union Européenne et Europe et ce tour de passe-passe rhétorique s’avère particulièrement utile puisqu’il permet notamment de mettre dans un même sac une critique progressiste de l’UE et une critique réactionnaire de l’UE – celle du FN notamment qui en réalité s’accommode bien de la « construction » capitaliste de l’UE. Dès lors que je m’oppose à l’UE, je m’oppose à l’Europe toute entière, à ses peuples et à ses nations ; par conséquent, je ne peux qu’être un partisan du repli nationaliste. Par ce sophisme, les partisans les plus démagogues de l’UE pourrissent le débat démocratique sur la question européenne, l’empêchent en démonétisant ainsi le combat progressiste contre l’UE. L’un des exemples archétypaux de cette double assimilation UE / Europe et critique progressiste / critique réactionnaire de l’UE est François Mitterrand qui, en balayant l’opposition de gauche à l’Europe de Maastricht (incarnée à cette époque par le PCF en France), déclarera que « le nationalisme, c’est la guerre » dans son dernier discours devant le Parlement européen. Formule restée célèbre que tout social-démocrate pro-UE bon teint ressort à n’importe quelle occasion. A la question « êtes-vous pour ou contre l’Europe ? », il faut répondre « me demandez-vous si nous sommes pour ou contre les traités capitalistes de l’Union Européenne ? » Tout comme nous sommes contre les traités de libre-échange CETA et TAFTA, nous nous opposons à l’Union Européenne et à ses traités qui constitutionnalisent le capitalisme avec ses règles de concurrence faussement libre et non faussée. Il faut se battre pour la sortie des traités de l’UE de notre bloc de constitutionnalité qui nous empêchent de mener une politique de gauche dans notre pays ! Il faut dire de quoi l’UE est le nom : c’est l’Internationale du Capital. Ce n’est pas une œuvre de construction européenne mais de destruction européenne et le cas grec a créé un précédent historique dont il est temps de prendre toute la mesure. Cependant, les revirements actuels du FN sur l’Euro et l’UE risquent de perturber ce petit jeu de diabolisation des forces du progrès : l’extrême-droite tombe le masque eurosceptique pour montrer son vrai visage capitaliste. C’est un retour aux fondamentaux du FN y compris sur la question européenne. N’est-ce pas Jean-Marie Le Pen qui, par cohérence anticommuniste, se déclarait en 1974 favorable à une « confédération européenne » et une « politique étrangère, militaire et monétaire commune » à même de protéger « notre prospérité et notre liberté » ? Quant au PCF de l’époque, il affichait, par cohérence communiste, un euroscepticisme décomplexé face à cette organisation supranationale capitaliste. Le monde à l’envers … Il est temps que le PCF retourne à ses fondamentaux concernant l’Union européenne. DENONCER LE MYTHE DE LA PAIX EN EUROPE On a écrit toute une mythologie autour de l’UE, de ses pères fondateurs et de ses promesses de paix éternelle dont l’Ecole et ses programmes d’histoire, la presse conformiste et bien d’autres institutions nous abreuvent dès notre plus jeune âge. Au sortir de la seconde guerre mondiale, les « pères fondateurs » de l’Europe auraient proclamé « plus jamais ça ! » et auraient donc décidé de fonder le « projet européen » afin de préserver la paix pour toujours en Europe. Conclusion des partisans de l’UE : c’est l’UE qui a permis et qui permet aujourd’hui le maintien de la paix en Europe. C’est ce qui fera dire à Mitterrand que « le nationalisme, c’est la guerre ». C’est également ce qui fait dire à certains à gauche qui sont pourtant lucides sur le caractère de classe de l’UE mais qui refusent contre toute logique d’envisager ne serait-ce qu’une désobéissance aux traités, que « l’Europe était au départ une belle idée mais qu’elle a été dévoyée ». C’est en réalité l’équilibre de la terreur de l’époque de la guerre froide qui explique cette période de paix somme toute très précaire au sortir de la seconde guerre mondiale. C’est à la chute du bloc de l’est que l’on a d’ailleurs vu ressurgir les conflits armés en Europe. N’y a-t-il pas eu une guerre effroyable en Yougoslavie ? N’était-ce pas un pays européen ? Et l’Ukraine ? Un pays asiatique peut-être ? L’OTAN avec laquelle l’UE est intimement liée a du reste joué un rôle central dans ces guerres européennes. Et que dire par exemple de l’application du mémorandum en Grèce ? Au vu du bilan humain et du pillage économique auquel il a donné lieu, ne peut-on pas légitimement parler d’une guerre –certes non conventionnelle – contre le peuple grec ? Du reste, le discours faussement rassembleur « unis, nous sommes plus forts », « seuls, on ne peut pas se défendre » cache en réalité un discours chauvin et guerrier. Pourquoi avons-nous besoin d’être plus forts ? Nous unir contre qui et contre quoi ? Pour nous défendre de qui ? De quoi ? De la Russie ? De la Chine ? Des pays du sud que l’on pille et que l’on envahit militairement ? Comment ? Sous la coupe des Etats-Unis d’Amérique ? Avec l’OTAN et « l’Europe de la défense » ? Qui défend-on ? Les travailleurs européens ou les capitalistes européens ? Bien souvent, ceux qui se font les chantres de l’union des peuples européens dans l’UE sont les mêmes qui soutiennent les agressions impérialistes des Etats-Unis et de l’OTAN et le suivisme de l’Union Européenne et de la France en la matière. L’européisme est un chauvinisme comme un autre. Il ne vaut pas mieux que le chauvinisme national traditionnel. ENGAGER SERIEUSEMENT LE DEBAT SUR L’EURO ET LA SOUVERAINETE MONETAIRE La souveraineté monétaire n’est pas une mince affaire. Si nous mettons au centre de notre combat, la lutte pour la souveraineté populaire, comment peut-on laisser de côté une question aussi fondamentale que la souveraineté sur la monnaie ? La question du Franc CFA en Afrique francophone ou de la « dollarisation » en Amérique Latine est depuis des décennies au centre des débats dans le camp progressiste de ces régions du monde. Comment justifier un tel manque de considération de notre part pour la question monétaire ? Notre réflexion sur l’Euro n’est pas à la hauteur des enjeux. Le débat sur l’Euro sera long et difficile mais il est nécessaire. Il faut briser le tabou. LAICISER LE DEBAT SUR L’UNION EUROPEENNE POUR UN COMMUNISME DECOMPLEXE Contre le dévoiement actuel de la laïcité pour faire la guerre aux musulmans, faisons œuvre de salubrité publique en menant le combat laïc pour la séparation de l’Etat et de l’Eglise capitaliste et européiste ! Il est regrettable de constater qu’un ancien sénateur socialiste qui avait fait campagne pour le « oui » à Maastricht est aujourd’hui plus en pointe dans le combat progressiste contre l’UE que le PCF qui a longtemps été le parti progressiste le plus lucide et le plus visionnaire sur ce que valaient la « construction européenne » et ses promesses illusoires de paix et de coopération. Lors de Maastricht, le PCF était le seul parti de gauche à s’opposer à ce traité capitaliste ! Le PCF a incarné seul et contre tous ceux qui aujourd’hui lui font la leçon, l’opposition de gauche à Maastricht ! Tout ça dans le contexte terrible pour le mouvement communiste de la chute du « bloc de l’Est » ! C’est l’honneur du PCF. En 2005, L’Humanité était le seul grand quotidien national à faire campagne pour le « non » à la constitution européenne. Le seul journal à publier l’intégralité du texte proposé aux Français, une façon de faire intelligemment campagne, à mille lieux de la démagogie et du discours de peur des partisans du « oui » prétendument de gauche. C’était un « non » résolument progressiste. Une campagne dans laquelle le PCF s’est particulièrement illustré par son savoir-faire militant, son esprit d’ouverture aux autres forces politiques de gauche, sa grande capacité à faire d’une campagne électorale un grand moment d’éducation populaire et de conscientisation politique. Affichons un communisme décomplexé face à la construction capitaliste de l’Union européenne. Redevenons lucides et visionnaires ! Ne nous berçons plus d’illusions sur le caractère de classe de cette organisation supranationale ! Soyons le grand parti de l’Internationale des Peuples contre l’Internationale du Capital !