Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

Intervention à la réunion des militants du Val-de-Marne avec Pierre Laurent sur le bilan et la stratégie – Vitry - 20 mars 2018- de Nicolas Marchand

Pour que le Congrès puisse faire des choix clairs, on a besoin de bien identifier les problèmes posés et les termes des débats. De ce point de vue, je trouve dommage que Pierre n'ait pas introduit le débat, en exposant les idées qu'il vient d''exprimer dans une tribune que tous les camarades n'ont pas encore pu lire1. Pourtant ce texte, qui dessine sans doute l'orientation, la conception du parti que Pierre souhaite faire prévaloir dans le projet de base commune, contient des éléments d'analyse et d'orientation, à mon sens très problématiques, dont nous aurions pu débattre.

Pierre, tu admets maintenant qu'il faut un bilan. Et avant même de le faire, tu annonces une redéfinition d'ensemble de notre démarche stratégique. C'est admettre qu'il y a eu des problèmes d'orientation, des erreurs. Lesquelles ? Il serait plus logique de commencer par un diagnostic, une analyse. Et sur cette base parler de ce qui doit changer. Mais la note de la commission que tu as présidé contient 6 points, mais ne traite de bilan qu'au point 5 !!! Cette inversion n'est pas logique.

Nous avons subi un échec sans aucun précédent en 2017, et rien, dans les résultats électoraux partiels, n'indique que nous ayons commencé à nous en remettre, malgré la multiplication d'initiatives.

Tout ne vient pas de 2017, mais il y a quand même un lien. Et, Pierre, tu as joué un rôle décisif dans la décision de ne pas engager de candidature communiste et de rallier Mélenchon, et cela contre une décision de Congrès et un vote de la Conférence nationale. Mais comment est-il possible que, au vu des résultats de ces choix, tu ne formules pas l'ombre d'une interrogation critique sur les décisions qui ont conduit à la promotion de Mélenchon et à l'effacement du parti ?

Je ne résume pas tout à 2017. Notre effacement vient d'assez loin. Il y a eu l'effacement suiviste de Jospin, sous Robert Hue (jusqu'au ralliement aux privatisations!). Après 2005, il

1 Au cas où tu ne l'aurais pas reçu, le texte de Pierre Laurent est accessible par ce lien : http://congres2018.pcf.fr/contributions/#contribution_de_pierre_laurent

y a eu l'effacement derrière les collectifs antilibéraux, jusqu'au projet avorté de soutien à une candidature Bové, et déjà à l'époque l'évocation, sans suite, mais amorce de la suite, d'une possible candidature Mélenchon. Puis il y a eu 2012. Et 2017.
Il y a une grande responsabilité du noyau dirigeant du parti dans la situation de grande difficulté dans laquelle nous sommes.

Pierre, tu dis : ne ramenons pas tout à une question de stratégie. Absolument d'accord: la stratégie est liée à une conception du parti, de son rôle, de ses objectifs qui fait problème. Mais dans ton texte, tu résumes: « notre stratégie c'est la démocratie ». Cette définition pose un gros problème : la démocratie, bien sur ; mais tu omets la dimension révolutionnaire. Et la démocratie, sans la révolution, ça s'appelle la sociale-démocratie2 !

Selon toi, il y aurait une émergence spontanée de communisme dans la société, et il s'agirait de la suivre, de la pousser en appuyant les « luttes concrètes ».
Mais si le mouvement spontané porte des exigences, il ne fait pas spontanément le lien avec les moyens de les réaliser, ni avec un projet de transformation.

Face à Macron, il y a une résistance sociale, mais un vide politique terrible en terme d'alternative.
La multiplication de luttes ne résoudra pas ce problème, ne fera pas une perspective politique ; il faut des luttes + des idées, opposer à Macron une cohérence alternative, reliant les objectifs, qu'ils soient sociaux, sociétaux ou environnementaux aux moyens, financiers et de pouvoirs, pour les atteindre. Il faut agir pour que ces idées puissent influencer les nécessaires processus unitaires. Ce devrait être le rôle du parti, et pas seulement un appui aux luttes et un discours unitaire, vague sur le contenu.

A quoi bon un parti communiste, s'il s'agit seulement de s'inscrire dans un processus, de
« coller au mouvement du réel » comme tu viens de le dire
3, sans besoin de projet, de but, de liaison de l'action à un but, sans besoin d'éclairer le mouvement, et de marquer les constructions unitaires avec des idées nouvelles. N'est-elle pas là la raison de tant de campagnes avortées, comme sur le coût du capital ? La raison de l'absence de véritable

  1. 2  Pierre Laurent, me répondant, a contesté le bien-fondé de cette remarque en se référant au « Défi Démocratique » de Georges Marchais. Mais sans répondre sur la question de la dimension révolutionnaire, il a eu cette formule : « il faudrait arrêter de faire la chasse aux sociaux-démocrates dans le parti ».

  2. 3  Pierre venait d'intervenir après une première vague d'intervention.

bataille suivie sur nos idées phares, comme viennent de le regretter plusieurs camarades à propos notamment de la sécurité d'emploi et de formation ou de la proposition d'affecter la création monétaire de la BCE au développement des services publics plutôt qu'au financement des marchés financiers? Et cela est-il sans lien avec l'abandon du secteur entreprise, qui vient d'être évoqué?

Je pense qu'il faut rompre avec cette logique d'effacement. Réaffirmer que nous voulons rester le parti communiste ne suffit pas. On peut s'appeler parti communiste et se social- démocratiser.
Voulons nous être un parti communiste révolutionnaire ? Quelle stratégie de lutte et de rassemblement, quelles initiatives d'action et quelle organisation pour cela ? Et, c'est inséparable, quelle nouvelle direction ?

La direction, ça ne doit pas être tabou, ni traité au dernier moment, dans un cadre fixé par la direction sortante.
Il y a une usure. Pour un nouvel élan communiste, il y a besoin d'un vrai changement.
Pour ça, travaillons à la mise en place d'une équipe nouvelle, acquise à la nouvelle démarche politique.

Ça conditionne la nouvelle dynamique possible du parti, si nécessaire avant les municipales.