Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

Pour mettre les entreprises et le salariat au cœur de la stratégies de transformation révolutinnaire

Les reculs sans précédent des forces se réclamant de la fin du capitalisme réinterroge la vision que nous avons de la transformation révolutionnaire de la société. Je reste convaincu que le dépassement du capitalisme est d’abord et avant tout un processus reposant sur des objectifs, et la construction de dynamique(s) collectives pour les atteindre. Or j’ai la conviction que la prise du pouvoir d’état n’est ni la condition unique, ni nécessaire à la construction de cette dynamique. En effet, les dominations du système capitaliste ne résident pas seulement au sein de l’appareil d’état, même si celui-ci y prend sa place. Notre histoire, le système politique et médiatique nous braquent les yeux sur le seul pouvoir institutionnel. Bien évidemment dans nos discours, nous dénonçons le pouvoir de la finance, dans nos textes de congrès nous sommes capable d’analyser les différents lieux de pouvoirs du capitalisme financiarisé, l’évolution de ces formes de dominations. Il n’en demeure pas moins qu’une fois nos congrès terminés, entre les discours et les actes, il y a un gouffre qui s’est construit et où le naturel revient au galop. Notre affaiblissement électoral et organisationnel, l’intensité des moments électoraux, nous a conduit à nous raccrocher aux seules institutions comme déclencheur d’une dynamique de transformation. Cette dérive n’est pas nouvelle. Le secrétariat de Robert Hue, celui de Marie-George Buffet, ont mis en en œuvre cette stratégie par défaut. Les luttes, les batailles dans les entreprises, dans des territoires ne sont perçues que comme des points d’appui à cette démarche institutionnelle et non comme un outil d’appropriation par les salariés, et levier en soit de transformation du réel. Or force est de constater que cette démarche stratégique, plus ou moins assumée, a échoué. L’expérience du Front de Gauche nous ayant poussé au paroxysme de cette vision stratégique. Tout cela a échoué parce qu’il a réduit le champ du politique au seul champ institutionnel, accompagnant en cela les médias dominant et faisant fi de toutes les expériences passées et mondiales qui démontrent que les mouvements électoraux suivent les mouvements des idées et pas l’inverse.. Nous avons débattu des heures sur nos alliances politiques, sans doute le ferons-nous encore, et c’est un débat nécessaire. Mais si nous ne sommes pas convaincus que le champ politique dépasse les institutions et l’État, nous resterons désarmés face aux enjeux qui sont devant nous. Nous avons donc besoin d’une démarche (élaboration théorique et pratiques) qui cible mieux tous les leviers de pouvoir et de domination du capitalisme. Il nous faut donc les identifier, en apprécier leur nature, leur place dans le stade de développement actuel, les liens qu’ils entretiennent, et s’il y a lieu faire des choix prioritaires, construire des modalités d’actions partagées. Cela peut paraître une évidence pour certains, sauf que c’est un travail auquel ne nous sommes pas soumis depuis de nombreuses années. Parler de « rassemblement à vocation majoritaire » traduit une intention, une ambition que je partage, mais cela reste un slogan. Il nous faut sortir des slogans pour rentrer dans des phases d’élaborations stratégiques qui permettent aux communistes de savoir ce qu’ils ont à faire, de voir en quoi les discours qu’ils vont tenir, les gestes qu’ils vont produire vont être utiles, efficaces, pour permettre à leur collègues, leurs voisins, leur famille de se mettre en mouvement pour devenir acteur du dépassement du capitalisme. Il ne suffit pas de se dire que nous avons besoin de ré-enchanter notre discours, ou de construire un nouvel imaginaire. Tout cela est nécessaire, et transcende les gestes du quotidien. Mais ce n’est qu’un fétu de paille si ce n’est pas assis sur une analyse du capitalisme et une vision stratégique claires. Dans cette vision stratégique et dans les choix que nous avons à faire, il me semble que la question de l’entreprise(s) et du monde du travail doit être une priorité. Éculé diront certains, trop identitaire diront les uns, les structures du monde économique ont trop changé argumenterons d’autres, l’affrontement de classe ne se limite pas à l’entreprise, laissons-faire les syndicats et nourrissons les luttes. Je passerai sur les deux premieres assertions tant elle m’intéressent peu. Mais regardons le reste. Oui l’affrontement de classe ne se limite pas à l’entreprise, il traverse aujourd’hui des champs entiers de la société, et il n’existe plus à proprement parler de secteurs protégés par la rapacité de l’accumulation capitaliste. Ont-ils seulement un jour existé ? Il n’en demeure pas moins que les entreprises restent le lieu principal de la création de profit, et du rapport de domination salarial. Il reste donc le lieu nodal du capitalisme même à l’heure de la révolution informationnel et à fortiori à l’échelle mondiale Oui les structures économiques ont changé. Les grandes usines telles qu’elles ont existées avant se font plus rares en France. Cependant sur un territoire comme la Gironde, il en reste encore de nombreuses proches des mille salariés. Si il n’y a moins de grosses structures, il n’en demeure pas moins qu’il existe des concentrations importantes de salariés dans des zones géographiques. A nous de les cibler, et de regarder la faisabilité de notre intervention. La division du travail à son paroxysme a aussi accéléré la division des travailleurs entre eux et de leurs organisations. J’aimerai m’arrêter sur la question syndicale. En tant que collaborateur d’élus puis comme responsable aux entreprises de mon département je me suis déplacé dans de nombreuses entreprises, rencontré de nombreux responsables syndicats, suivi de nombreux conflits. J’ai acquis la certitude que l’absence de politique au sein de l’entreprise finit par assécher les revendications syndicales, à rabougrir les exigences des salariés. Bien sûr pèse énormément les gestions des directions, le poids du chômage, de la précarité, les délocalisations. L’absence de politique ne peut expliquer à elle seule cette situation. Cependant je reste convaincu que la présence de militants communistes au sein de l’entreprise, dans la situation de crise que nous vivons, ouvrirait de nouvelles perspectives aux salariés. Une fois ces objections misent de côté, je voudrais m’arrêter sur un point fondamental. Ne pas s’attaquer à la question des entreprises et du monde salarial, se serait refuser de s’attaquer à une obstacle de taille, qui pourrait obérer toute capacité de transformation durable. En effet si le rapport de production capitaliste à une puissance matériel, ce rapport de classe à une puissance idéologique que nous avons trop tendance à négliger. En cela il nous faut percevoir que l’idéologie n’est pas simplement un ensemble d’idée ou représentations, mais que les coutumes, les pratiques sociales, les pratiques politiques sont partie prenante de la bataille idéologique. En d’autre terme les pratiques matérielles font partie intégrante de l’idéologie. Or le rapport salarial est une pratique économique aux dimensions idéologiques. L’entreprise est la propriété de l’actionnaire, il fixe les objectifs de l’entreprise les critères d’évaluation de la production, les moyens humain et matériel pour obtenir cette production, les méthodes managériales… C’est ainsi. Le conscience de classe intervient dans ce processus, bouscule, conteste tel ou tel point. Cela vient se percuter aux aspirations des salariés mais à ce jour au sein des entreprises de manière général c’est ces pratiques qui ont remporté la bataille idéologique. Comment songer que les salariés qui quitte leur boulot ne porte pas en eux dans le reste de leur activité le fruit de cette bataille. C’est pour cette raison que vouloir éviter cet obstacle ne peut que nous mener dans une impasse. Il y a aujourd’hui urgence à remettre cette question au centre de notre stratégie et de notre activité. Nous avons pour ce faire des outils théoriques, qui peuvent nourrir les luttes, ouvrir des perspectives aux salariés, leur permettre de contester la gestion des entreprises. Le travail de la commission éco en la matière, est un point d’appuis que nous sous-utilisons qui permet de nous extraire de la seule question du partage de la valeur ajoutée, même si celle-ci est importante. Nouveaux critères de gestion, nouveau type de crédit pour développer l’emploi et le formation, droits d’intervention des salariés, sécurité d’emploi et de formation. Toute cette élaboration théorique peut paraître abstraite dans une réunion, mais utiliser dans une entreprise à partir de questions concrètes qui se pose dans celle-ci, elles peuvent prendre une autre dimension susceptible de transformer la réalité des salariés. Pris ensemble elles forment un tout théorique. Mais il n’est pas à prendre ou à laisser. Ces propositions, ces outils sont à utiliser au grès des batailles, des questions concrète qui se posent sur un territoire, un groupe, une entreprise. Elles s’inscrivent dans une logique de mouvement, de rapport de force à construire. Pour ma part au fil de mes rencontres, de luttes, il me semble qu’une question a prise systématiquement celle de nouveaux droits d’intervention des salariés. Cette question de la démocratie revient systématiquement soit de manière affirmée, soit de manière sous-jacente. Elle doit être à mon sens un identifiant du parti communiste, une porte d’entrée, sur le reste de nos propositions. Elle fait écho bien évidemment au PSE, au fermeture d’entreprise arbitraire, mais également aux injonctions contradictoires que vivent les salariés, à la souffrance au travail, et ce tant dans le secteur privé que le secteur public. Ces éléments théoriques, qui sont à améliorer, à nourrir d’expériences demandent une démarche pratique. J’ai bien conscience qu’il n’y a pas de baguette magique sur la question. Aujourd’hui une activité dans et devant les entreprises a été maintenue, mais globalement de manière trop irrégulière et surtout non-coordonnée. Cette question doit infuser la vie de notre parti. Cela demande que l’on soit aussi en capacité des retour sur expériences sur ce qui marche, ce qui coince. En Gironde nous avons une section des cheminots qui a été relancé grâce à la volonté d’un jeune retraité et de la fédération. Nous en sommes à 12 adhésions en 2 ans. Ce qui a été possible en Gironde l’est sans doute ailleurs. En ce sens la mise en place en place d’un collectif cheminot national est une bonne initiative, qui demandera un retour d’expérience en tenant compte du conflit actuel. Ce qui ne veut pas dire que le modèle est exportable à toutes les entreprises. Il nous faut donc expérimenter, tenter des choses, et avoir un vrai retour sur expérience à l’échelle nationale qui nous permette d’analyser les évolutions, nos progressions. Il faut en la matière faire preuve de ténacité et de patience, et tenter de construire les réponses adéquates. Ici parce que c’est possible une section, ailleurs une cellule, sur un bassin d’emploi un espace de militant plus souple, au niveau national un réseau militant de secteur. Tout est bon à prendre sur ce sujet, à la condition que nous ayons un regard critique sur notre activité et que fassions preuve de persévérance. Cela demande une véritable coordination nationale, qui aide à impulser la bataille, qui permette l’échange d’expérience. Pour conclure il nous a été demandé lors questionnaire de savoir nous étions le parti de la classe populaire. Je ne rentrerai pas dans le débat pour théorique sur le contenu de cette affirmation. Mais ma réponse sera plutôt celle-là : si nous devons être un parti identifié soyons celui des salariés. Voilà quelques éléments critiques et constructifs que je souhaitais apporter dans le débat. L’urgence théorique et pratique est de sortir de la simple logique étatiste et électoraliste. Il s’agit de mieux cibler les pouvoirs, tout les pouvoirs, et d’inscrire notre démarche non dans le simple jeu électoral, nécessaire et important, mais de construire une stratégie de transformation de la société qui s’inscrive dans le mouvement, dans des luttes transformatrices, en visant des transformations graduelles.