Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

Que partout fleurissent des maisons communes !

Notre section (Chalette-sur-Loing dans le Loiret) est riche d'une expérience originale de rassemblement, initiée depuis une dizaine d'années : la Maison commune. La Maison commune est née en 2007 avec comme projet la construction d'une alternative démocratique, sociale et environnementale au libéralisme, sur la base d'une mobilisation citoyenne. Par la suite, elle s'est pleinement inscrite dans le processus du Front de gauche, au point d'en devenir une sorte d'expression locale. Face à l'échec de ce dernier, et notamment son impossibilité à dépasser l'état de cartel de partis, elle a été réactivée de manière autonome. 1. La Maison commune : outil du rassemblement citoyen A chaque échéance électorale, que ce soit à l'échelle locale, fédérale ou nationale, les communistes se posent, à juste titre, la cruciale question du rassemblement. Souvent, les réponses apportées sont insuffisantes ou décevantes. Le rassemblement électoral repose beaucoup trop fréquemment sur un programme limité à l'échéance en question ou trouve son origine uniquement dans la tactique électorale. Il ne s'inscrit pas dans la durée et s'évanouit une fois les résultats proclamés. Encore pire, le rassemblement reste, la plupart du temps, partidaire, exclusivement centré sur les organisations, voire sur des accords entre dirigeants de partis, locaux ou nationaux. Nous estimons que, si rassemblement il y a, il ne peut se bâtir que dans la durée et sur la base d'un projet ambitieux, alliant radicalité et propositions concrètes. Par-dessus tout, nous croyons que pour qu'un rassemblement soit efficace et victorieux, il ne saurait être assimilé à une simple alliance électorale entre partis politiques. Ceux-ci ne sont plus des partis de masse. Leur rayonnement dans la société est donc limité. Un accord entre appareils politiques n'aura, dès lors, d'impact et d'influence qu'auprès des militants des partis en question, des proches sympathisants et des électeurs les plus fidèles. La majorité des citoyens ne sera pas véritablement affectée par un tel acte. Pour nous, le rassemblement ne peut signifier que processus citoyen. Il ne peut se concevoir que comme une démarche permettant d'impliquer un maximum de citoyens et d'activer la citoyenneté, en particulier chez les dominés du champ politique. La Maison commune est l'outil de ce rassemblement citoyen. Telle que nous l'avons imaginée et mise en œuvre, la Maison commune n'est pas un regroupement d'organisations – que celles-ci soient politiques, syndicales ou associatives –, mais d'individus diversement engagés, militants ou non. Nous avons fait le pari qu'être différents, avoir des parcours, des cultures et des opinions politiques divers (communistes, insoumis, écologistes, socialistes, anarchistes...) est une richesse, et non un obstacle. 2. Le projet politique de la Maison commune : dépassement du capitalisme et conquête citoyenne des pouvoirs Nous nous sommes dotés d'un manifeste qui brosse les contours du projet politique de la maison commune. Deux principales idées y sont inscrites : le dépassement du capitalisme et la conquête citoyenne des pouvoirs. Face aux dégâts sociaux, économiques et environnementaux engendrés par le système actuel, nous pensons que le dépassement du capitalisme est à la fois nécessaire et possible. Chaque victoire sur le système, aussi petite semble-t-elle, est un pas déterminant permettant de l'ébranler dans ses fondations et d'élargir le champ des possibles. Elle soulève l'espoir chez d'autres, ici comme ailleurs. Elle est une invitation au combat. La Maison commune ambitionne de préparer les citoyens à la conquête des pouvoirs dans tous les champs sociaux : dans les sphères de la production et de la consommation, dans la vie politique – localement et nationalement –, dans les quartiers, villes et villages. Pour ce faire, reprenons le pouvoir dans nos têtes et sur nos corps. Reprendre le pouvoir dans nos têtes, c'est comprendre le monde et sa complexité. C’est aussi, et surtout, nous défaire de l’emprise de la pensée dominante, de ses postulats erronés, de ses assertions idéologiques élevées au rang de vérités absolues et incontestables. La Maison commune cherche ainsi à déconstruire cette pensée dominante par l’échange de savoirs et de vécus, par des débats libres et respectueux des diversités. C’est en faisant appel aux intelligences et à la raison individuelle que nous serons à même de poser les bases d’une émancipation collective. En plus d’aider à comprendre le monde pour le transformer, la Maison commune organise des actions collectives d’occupation de l’espace public, des moments d’expression et de libération de la parole et des corps. Parce que reprendre le pouvoir sur nos corps est tout aussi essentiel. Nos corps sont marqués par le capitalisme. Des corps usés par le travail, épuisés par les soucis de la précarité et du chômage, empoisonnés par la malbouffe et les pollutions. Des corps qui dès le plus jeune âge intègrent la soumission aux hiérarchies et qui n’osent trop souvent plus s’exprimer librement, manifester et se rebeller. Voilà l'exigeant et exaltant projet de la Maison commune. Nous proposons de généraliser la démarche, menée pour l'instant localement au niveau d'une section, ou au mieux d'une circonscription. Notre parti doit s'emparer de ce formidable outil de rassemblement citoyen et impulser partout sur le territoire la fondation de maisons communes. Les communistes peuvent devenir localement et nationalement, avec d'autres, les fers de lance de cette nouvelle logique, permettant à la fois la formation d'un espace pluraliste à gauche contre les volontés hégémoniques de certaines organisations et la mobilisation des citoyens sur un projet audacieux. Que l'avenir serait beau et radieux, si partout fleurissaient des maisons communes, avec leur esprit de fraternité, leurs actions partagées et leur rassemblement citoyen ! Alexis Christodoulou Bruno Ballu (animateur de section)