Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

Rasemblement un enjeu stratégique

La question du rassemblement est une question essentielle qui conditionne toute possibilité de changer la société et dans le court terme de faire échec à la politique de Macron. D'abord je crois qu'il faut savoir de quoi on parle quand on parle de rassemblement. Si on regarde la composition de la société française on constate que 90 % de la population active est composée de salariés en activité ou au chômage. (et non 99%!). Autrement dit *des ouvriers ( 6 millions 20,3 %  de la population active, un homme actif sur 3 et un jeune actif 15-24 ans sur 3 *des employés, majoritairement des femmes, (27, 4 % de la population active) avec des conditions de travail et de vie très proches de celles des ouvriers. *de ceux que l'INSEE classe dans les professions intermédiaires (infirmiers, travailleurs sociaux,enseignants, techniciens etc dont certains sont en fait des ouvriers hautement qualifiés) 26 % *de la grande majorité des ingénieurs et cadres 18 % Quand on regarde les résultats des dernières élections : ce qui saute aux yeux, c'est le taux d'abstentions. L'élection présidentielle est encore celle qui mobilise le plus. Et le taux d'abstentions atteint tout de même 22,23 % des inscrits contre 20,52 % en 2012. (27,51 % en Seine Saint Denis) Aux élections législatives, 1er tour, le taux d'abstention France entière est de 51,3 %. L'élection présidentielle est perçue comme la seule importante (ce qui se traduit aussi par le succès relatif des machines présidentielles construite autour d'un homme providentiel que sont LREM et FI. Maintenant si on examine qui s'abstient ce n'est pas un scoop mais c'est bon à rappeler, ce sont d'abord les ouvriers et les employés. Cela ressort clairement de la comparaison de l'abstention dans une ville bourgeoise comme Vincennes et une ville ouvrière comme Vitry (14,24 % à Vincennes aux présidentielles contre 26,98 % à Vitry et 39,16 % à Vincennes aux législatives contre 57,31 % dans la 9eme circonscription Vitry Alfortville et 58,62 % à Saint Denis. Et on trouve le même résultat quand on examine l'abstention quartier par quartier. Et une partie des ouvriers et employés se laissent prendre au piège de l'extrême droite. Soit parce que depuis des années, la politique des différents gouvernements vis à vis des immigrés leur a mis dans la tête qu' l'immigration est une cause de leurs difficultés, soit simplement par ce qu'ils croient que c'est le moyen d' exprimer leur colère. Cela signifie qu'une forte proportion des salariés en général et des ouvriers et des employés en particulier, ne voit pas d'issue politique et ne se reconnaît pas dans les forces politiques de gauche quelles qu'elles soient. Et dans ce champ de ruines notre Parti obtient le plus mauvais résultat de son histoire avec 100 000 voix de moins qu'en 1932 (avec une population qui n'est pas loin d'avoir doublé, le vote des femmes et la majorité à 18 ans au lieu de 21ans.) Comment surmonter cette situation ? Comment parvenir à rassembler les salariés et d'abord les ouvriers et les employés pour un changement de politique et de société ? Cela me paraît la question stratégique centrale à laquelle nous sommes confrontés. En 1979, dans son rapport au XIIIeme congrès de notre parti Georges Marchais disait: « En premier lieu nous devons accorder la priorité absolue à l'union dans l'action, à l'union que réalisent à la base, les luttes des travailleurs et de la population. [...]Pourquoi ? d'abord parce que c'est aujourd'hui le seul moyen dont disposent les travailleurs pour se défendre contre la politique du pouvoir et du patronat. [...] L'union dans l'action est également la seule voie possible parce qu'elle constitue le seul moyen d'avancer dés aujourd'hui sur la voie de la démocratisation toujours plus poussée de la société de modifier jour après jour le rapport des forces entre le grand capital et les travailleurs manuels et intellectuels. » Il ajoutait «  si la crise crée des conditions plus favorables pour réaliser ce rassemblement, elle suscite aussi dans le même temps des contradictions, des craintes, des résistances. […] Regarder ces difficultés en face, c'est bien voir que c'est dans la lutte en bas, autour d'objectifs transformateurs correspondant aux besoins du peuple et du pays que ces obstacles seront surmontés, que la convergence des intérêts s'affirmera, [...]que l'intérêt commun prendra le pas sur les oppositions d'intérêts et d'idées. » Cela reste profondément vrai aujourd'hui. C'est d'ailleurs à mon avis parce que nous n'avons pas pris les choses par ce bout que nous avons connu une série d'échec. Pour prendre des exemples récents, ceux des collectifs antilibéraux et du Front de Gauche, ils n'ont jamais fonctionné comme moyens de développer les luttes (et si quelque part nous avions eu l'intention qu'il en soit autrement, ce dont je ne suis pas convaincu, cela ne s'est pas concrétisé) . Et concrètement ils ont abouti à l'échec parce qu'ils étaient centrés sur les élections. Ce qui a abouti soit à un échec rapide dans le cas des collectifs anti libéraux. Soit dans le cas du Front de gauche à une tentative de notre part de le maintenir en vie en en faisant une machine électorale au service de nos alliés (et je ne dis pas amis!) au prix d'un affaiblissement du parti. Cette union dans l'action est elle conditionnée par une union au sommet avec d'autres forces de gauche que ce soit ou non sous forme d'un ralliement sans conditions ? C'est pour le moins douteux au regard de la mesure de leur influence à la lumière des dernières élections. Union dans l'action qu'est-ce que cela veut dire ? Il n'est évidemment pas question de nous substituer à l'action des syndicats, autre chose étant d'apporter notre soutien aux actions qu'ils décident et de mener une bataille idéologique et politique qui appui leur action. Mener la bataille pour la défense des services publics, des communes e t des départements, intervenir sur les statuts dont il faut rappeler qu'ils ont été construits avec les salariés par les ministres communistes au lendemain de la guerre (Maurice Thorez pour le statut de la fonction publique) intervenir sur les retraites avec nos propositions, mener campagne sur les transports et le rôle du rail (là aussi nous avons des propositions depuis longtemps, ) faire connaître les propositions de notre parti pour un service publique d'aide à la personne. Autant d'expressions du parti qui appuieraient les luttes syndicales, que ce soit celles des retraités, des fonctionnaires, des cheminots ou du personnel et des usagers des EHPADS. Ceci dit, nous pouvons aussi engager des actions indépendantes du parti qui peuvent dans le même temps contribuer puissamment au développement des luttes. Un premier exemple, c'est celui du coût du capital. Nous avons marqué des points en ce qui concerne la fraude et l'évasion fiscale. Et cela a fait avancer dans les têtes. Ceci dit, je pense qu'il ne faut pas lâcher. Nous avons proposé une coop sur l'évasion fiscale sur le modèle de ce qui s'est fait sur le climat. Il faut continuer. Dans le même temps nous avons des propositions concernant le pouvoir sur l'argent avec la création d'un pôle financier public. Pourquoi nos députés ne déposeraient-ils pas une proposition de loi portant création de ce pôle avec la nationalisation de la BNP et de la Société générale, et n'engagerions nous pas une grande campagne pour la faire soutenir (qui d'ailleurs s'articulerait bien avec nos propositions sur l'évasion fiscale, les deux sont liés.) Nous allons vers des élections européennes. Pourquoi ne pas voir comment engager au niveau du PGE l'action pour la création d'un fond européen de développement économique et social en la déclinant dans chaque pays européen. Les traités européens autorisent la BCE à prêter à un tel organisme qui pourrait lui même prêter aux États pour le développement des services publics et de l'emploi ce que les traités interdisent à la BCE de faire directement. C'est un tour de passe-passe mais c'est parfaitement possible si on mène une bataille à un niveau suffisant et ce sans avoir besoin de changer les traités. D'une manière générale, nos députés et sénateurs font un gros travail. Mais il manque une articulation entre les batailles du parti et ce travail. Je prend un exemple, celui de la sécurité emploi formation. Le projet de loi déposé par André Chassaigne est très important. Il est extrêmement complet et va très loin. Il remet en cause le pouvoir absolu du capital dans la gestion des entreprises en donnant de véritables pouvoirs de contre propositions aux comités d'entreprise assorti d'un droit de veto suspensif sur les projet patronaux si ces contre propositions ne sont pas prises en compte. De même il remet en cause le sacro-saint droit de propriété sur les moyens de production en instaurant un droit de préemption des salariés réunis en scop dans le cas d'une fermeture de site et en précisant que dans ce cas, le prix de rachat de l'entreprise est le prix du terrain réglable sur 10 ans sans intérêts. A aucun moment, nous n'avons, sous quelle que forme que ce soit engagé l'action pour exiger son adoption. Pire il a été totalement absent de la campagne électorale sauf sous forme d'une référence à la sécurité emploi formation sans aucune au contenu. Des tracts ont été sortis au dernier trimestre 2017 mais pour l'instant, pas de mobilisation. Il me paraît essentiel de changer profondément notre manière de travailler dans ce domaine. Il me paraît évident que si nous prenons les choses de cette façon, la question des accords électoraux se posera de façon très différente. Sans oublier que nous avons, dans les années 70 analysé les conséquences d'avoir à deux reprises décidé de présenter Mitterrand comme candidat aux présidentielles, que nous avions fait l'autocritique de ces décisions et conclu qu'il était essentiel de présenter un candidat communiste quitte à le retirer éventuellement à la dernière limite sur la base d'un véritable accord politique. Ceci dit, au moment des échéances électorales se pose nécessairement la question d'accords pour battre la droite, version LR ou LREM et l'extrême droite. Le désistement pour le candidat de gauche le mieux placé devrait être la règle générale. En fonction du mode de scrutin et du rapport des forces, la question d'une candidature ou d'une liste commune sur la base d'un accord politique peut se poser exceptionnellement, là où les forces de gauche risquent d'être éliminées au premier tour. Et il faut être clair il n'y a aucune raison pour que la candidature commune ne soit pas celle d'une communiste ou d'un communiste même si il y a nécessairement négociation dans ce cas et le cas échéant un accord sur plusieurs circonscriptions équivalentes.