Paix - Congrès PCF

Construire un monde de Paix, de sécurité, de solidarité ?

Construire un monde de Paix, de sécurité, de solidarité ? Contribution Georges Ploteau Congrès PCF 2018 Aux yeux de beaucoup, la guerre serait l’affaire du passé. Pourtant, lorsqu’on ouvre sa télé, son journal, on entend que telle ou telle partie du monde a été victime de bombardements, d’explosions et des morts, des blessés. Comme cela se passe souvent loin de chez nous, les médias tournent vite, sauf si cela arrive dans notre monde occidental on s’inquiète alors un peu plus. Soudain un attentat se produit chez nous en France, c’est à juste titre l’inquiétude, voir la peur. « Rien d’étonnant, nous explique-t-on, on est en guerre ! ». Ah ! Significatif : dans la composition du dernier gouvernement, le Ministère de la Défense, a été remplacé par un Ministère des Armées. La France serait-elle vraiment en guerre ? Notre planète serait-elle en guerre ? La marche de l’humanité, notre politique européenne, mondiale, la sécurité, les interventions armées… Ces questions seraient-elles réservées aux états-majors militaires, aux spécialistes et en final au Président de la République « Chef des Armées ». Comme on nous l’expliquait pendant notre service militaire « Chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir ». « Nous peuples des nations unies… », nous sommes les premiers concernés. Bien sûr, lorsqu’ils y sont autorisés les élus s’expriment mais, sur ces sujets cruciaux, ils n’ont souvent qu’un rôle de consultation. Bien sûr, des député(e)s, sénatrices, sénateurs notamment du groupe communiste ne manquent pas d’apporter leur engagement au débat. Bien sûr, l’Huma apporte des informations, des éclairages. Bien sûr, des associations comme le Mouvement de la Paix avec le livre blanc, l’ARAC avec ses assises pour la Paix, rassemblent, informent, mènent des actions, mais le peuple doit se saisir de ces questions. En Russie, comme en Allemagne, comme dans le monde, ce cri « guerre à la guerre !» avait ressurgi en France dans cette tragédie de 1914/1918 et ses millions de cadavres. Ce fut un des faits déclencheurs d’une nouvelle démarche politique. D’ailleurs aujourd’hui, le journal de Jaurès demeure avec son titre significatif : l’Humanité. La marche actuelle du monde, un facteur de guerre dans l’humanité. Les problèmes du quotidien se posent aux françaises et français, et nous savons qu’une partie de plus impressionnante d’entre nous les subissent dramatiquement. Mais, pourrons-nous y faire face avec un simple regard d’hexagonaux ? Nous le savons tous, jamais les richesses financières n’ont été de plus en plus grandes, or jamais la misère mondiale n’a été autant étendue. Les 8 financiers les plus riches du monde possèderaient autant que 3,7 milliards de personnes les plus pauvres de la planète soit environ la moitié de l’humanité. Par un clic de quelques secondes, nous dit-on, des milliards de dollars, d’euros, etc. traversent les continents. Comme avant 1914, de nouvelles puissances économiques mondiales émergent face aux anciennes, elles aussi veulent augmenter leurs taux de profits, leurs privilèges. Ce ne sont pas seulement des théories du XIXème siècle, il y a là aujourd’hui des facteurs de guerre. Même… le pape François le reconnaissait : « Aujourd’hui encore, après le deuxième échec d’une autre guerre mondiale, on peut, peut-être, parler d’une troisième guerre mondiale combattue "par morceaux", avec des crimes, des massacres, des destructions… » Par morceaux, ou même peut-être demain par un embrasement plus large ? Ne soyons pas catastrophistes, mais pour s’attaquer aux conflits, aux guerres, comme aux injustices, il faut continuer à réfléchir non seulement sur notre capacité pour dénoncer, freiner les menaces, les mauvais coups (ne pas seulement demeurer … insoumis) mais redéfinir un projet politique de dépassement, de rupture avec ce système économique actuel. Et, à mon humble avis, dès aujourd’hui, sans attendre des après-demain hypothétiques, car notre humanité va vers l’ état d’urgence ! « Sortir le droit international du placard. » (Ouvrage de Monique et Roland WEIL. CETIM. PubliCetim N°32) Malgré les années ou peut-être à cause justement de l’expérience de ces années, l’ami juriste Roland Weil continue aujourd’hui à démontrer que le droits internationaux sont constamment oubliés ou violés. On le constate malheureusement chaque semaine, les USA notamment s’arrogent le droit de devenir les gendarmes du monde pour servir leurs intérêts et les puissances militaires occidentales, et nos dirigeants français, lui emboitent le pas. L’ingérence d’un état dans les affaires d’un autre pays est contraire au droit international. Par contre, on le rappelle depuis des décennies, les décisions « dérangeantes » de l’ONU concernant par exemple Israël ne sont toujours pas appliquées. A nouveau, on a encore pu en mesurer en ce mois de mai 2018 à Gaza, toutes les conséquences dramatiques. Et, notre République française se devrait, d’observer elle-même, ces droits internationaux, agir pour mieux faire connaître et reconnaître ces droits et le rôle irremplaçable de l’ONU et des institutions internationales. Où en est aujourd’hui l’égalité des hommes et des peuples, inspirée des droits de l’homme ? Dans des cas extrêmes d’agression, l’usage de la force pourrait en dernier ressort devenir nécessaire, mais sur décision de l’ONU et sous son contrôle stricte. L’OTAN, il faut le rappeler, demeure une association illégale dans le cadre du droit. Alors aujourd’hui, il ne suffit pas de blaguer sur le Président U.S, il faut s’interroger dans quelle aventure Trump et les faucons qui l’entourent pourrait nous conduire. Une France humaniste et respectueuse de la législation internationale devrait non seulement quitter l’OTAN, mais travailler sans tarder à sa dissolution. Il faudrait que le PCF réfléchisse sur certains aspects même si parfois, le fait même de les évoquer dérange un peu. La politique militaire de la France est très coûteuse, elle est surtout dangereuse ! Quelle sera la nature réelle des nouvelles mesures de programmation militaire ? Elle s’intégrerait vraisemblablement dans l’OTAN avec pour axe la défense des intérêts politiciens et surtout financiers d’une partie du monde. Une armée et une défense dite « européenne » ne ferait qu’apporter un atout supplémentaire à la puissance militaro-industrielle. De plus, loin de constituer cet espace démocratique que l’on nous vante, la construction européenne telle qu’elle se présente aujourd’hui demeure éloignée des aspirations profondes des peuples. Et en plus, de par ses échecs, la montée de forces populistes, héritières du vieux fascisme, devient de plus en plus inquiétante pour notre continent. Quoiqu’il en soit ce n’est pas à ces personnes, ni à l’aéropage bureaucratique de Bruxelles, au service de l’économie libérale qu’il faudrait demain confier notre sécurité. Si nous sommes des « inter/nationalistes » nous nous devons de garder la souveraineté des peuples et des nations. Et, bien sûr, agir pour des amitiés, des coopérations européennes, mondiales, non pour défendre un club, mais pour contribuer au bien commun. Ceci-dit, quelles perspectives envisager ? L’armement nucléaire. Curieusement dans les discussions et les débats, on nous renvoie fréquemment sur les dangers du « nucléaire » en général. A mon avis, il est grave de confondre les questions certes réelles que pose l’énergie nucléaire, avec des choix irrémédiables de destructions de régions entières de l’humanité, voire de la vie sur notre planète. Car, la dissuasion est basée fondamentalement sur un plan de destruction des « agresseurs ». Ce ne sont pas les agresseurs mais les populations qui sont ainsi visées. Je ne comprends pas ce silence sur les dangers de l’armement nucléaire y compris par certains qui se prétendent écolos ! Le danger de nouvelles munitions ou sous-munitions qui cibleraient leurs charges explosives, les boucliers dits anti-missiles, les bunkers de protection antiatomiques (pour qui ?) ne font que renforcer la possibilité de l’utilisation des armes de destructions massives. Les bases de lancement d’armes nucléaires, les sites de sous-marins nucléaires comme l’Île Longue en Bretagne placent nos régions dans une situation qui pourrait devenir une cible particulièrement dangereuse. Oui, la course aux armements coûte énormément cher aux peuples, mais surtout elle n’assure pas, bien au contraire, notre sécurité ! La majorité des Etats membres de l’ONU ont eu raison de la dénoncer comme beaucoup d’organisations mondiales. Une fois de plus, le gouvernement français s’est placé, dans ce camp des faucons en boycottant cette résolution. Comment exiger que des pays menacés abandonnent leur armement nucléaire, si notre pays le développe et le modernise. Au risque de choquer une partie des pacifistes, je ne pense pas qu’une nation comme la France dans la situation politique mondiale actuelle doive renoncer seule à l’armement nucléaire. Ce serait nous placer sous la domination totale des États-Unis. Par contre, la France regagnerait sa vocation du pays des droits de l’Homme, en proposant aux puissances détentrices un véritable plan de désarmement commun et vérifiable sous l’égide de l’ONU. Pour notre sécurité et celle des peuples, une défense nationale ? Désolé à nouveau, car je ne pense pas qu’un monde, une nation sans armée, sans forces de sécurité soit aujourd’hui possible. Est-ce que les vues de Jaurès sur la défense de la notion ne seraient pas à reprendre, tout au moins dans le principe d’une « armée nouvelle ». Une armée « républicaine » ne devrait pas être une sorte de caste séparée de la population. Son rôle de défense de protection des citoyens devrait être réaffirmé et creusé. Bien sûr, supprimer le professionnalisme des armées serait à mon sens irréaliste et de plus une erreur. Mais, pourquoi ne pas envisager dans le cadre d’un service national, c’est-à-dire au service de la nation, une formation pour assurer la défense, la sécurité avec cet objectif de maintenir ou sauver la paix. Ceci permettrait en plus un tout autre type de recrutement militaire sur des bases actuelles où les jeunes engagési découvrent un monde militaire souvent différent de ce qu’on leur faisait miroiter. Nos industries d’armement. Attention ! nous dit-on, elles développent l’emploi ou tout au moins limitent le chômage. Là aussi, il faudrait réfléchir calmement et surtout avec les techniciens, les salariés des arsenaux et entreprises directement concernées. Dans le cadre que j’ai tenté de présenter, les armements ne peuvent être une marchandise comme les autres, soumis à la loi du profit juteux et du marché. Ces entreprises et leur type de production devraient être placées obligatoirement sous la responsabilité et le contrôle de la nation. Malheureusement, les forces de sécurité auront encore besoin d’armes. Paradoxalement, nos fusils sont maintenant fabriqués en Allemagne. Notre commerce d’armement ferme les yeux sur les livraisons à des Etats plus que douteux. Ce serait cela le modernisme ? A l’inverse, pour un armement indispensable, pour l’aéronautique, pour la marine nationale ou commerciale, pour l’écologie, pour intervenir en cas de cataclysme, pour des projets de conquête spatiale, etc. nous aurions besoin d’une industrie, d’une technologie de haut niveau et créatrices d’emplois. Il faut la développer et surtout la recréer ! Voici donc camarades les points de vue d’un citoyen qui s’est trouvé attaché encore plus à la paix et la solidarité lorsqu’il a constaté en Algérie, les conséquences d’une guerre coloniale. Oui, il est nécessaire de redéfinir de véritables projets de liberté, d’égalité, de fraternité pour ce 21ème siècle. Allons, le chant de 68 n’est pas mort : « We shall overcome ! »