La formation des communistes - Congrès PCF

Défense de la sécu: Revenir à Croizat dans le texte.

Le salaire à vie prend l’œuvre d’Ambroise Croizat en otage depuis de trop longues années.

Dans le cadre de la formation de base dont devrait bénéficier chaque adhérent,
une journée de formation devrait être consacrée à l’étude de la protection sociale à partir de son discours du 8 Aout 1944 à l’Assemblée nationale. Reproduit dans le numéro hors-série publié par l’Humanité : « Les grands discours de la République – 35 discours pour la République et l’émancipation ».

Ce discours du 4 août serait un excellent support pour armer chaque adhérent à défendre un immense projet émancipateur, communiste en essence parce qu’enraciné dans le réel à transformer, c’est-à-dire dans le travail de la sphère économique où sont produits les biens et services à destination du marché.

Je souligne par la suite à dessein les mots et concepts utilisés par A. Croizat, lui-même, dans son discours, pour donner à voir à travers de courts extraits combien l’idée même d’un salaire à vie est étrangère à sa visée.

« Cette grande réforme n’appartient à aucun parti, à aucun groupement et à aucune confession [...] Cette sécurité [...] appartient et doit appartenir à tous les français et à toutes les françaises sans considération politique, philosophique ou religieuses ». [...]

« En toutes circonstances, ils jouiront de revenus suffisants » [...]

La sécurité sociale « implique d’abord une organisation économique qui fournisse à tous les hommes et à toutes les femmes en état de travailler une activité rémunératrice. Vous trouverez ici l’explication du lien étroit établit par les promoteurs du plan britannique entre la sécurité sociale et le plein emploi ». [...]

« Il ne suffit pas de fournir aux travailleurs une activité rémunératrice. Il faut leur garantir la conservation de cette activité . Cela [...] implique [...] la garantie, non moins indispensable, à donner aux travailleurs contre les abus possibles du patron : problème difficile qui n’a pas jusqu’à ce jour, trouver une solution réellement insatisfaisante » [...]

« Il faut parer aux conséquences de la perte possible, par le travailleur, de son activité rémunératrice. Quels que soient les efforts accomplis, l’on ne saurait espérer garantir à tous les travailleurs la permanence absolue de leur activité. La politique de la main d’œuvre la plus évoluée ne parvient pas à supprimer totalement le chômage. D’autre part une politique médicale parfaite ne saurait parvenir à supprimer la maladie. Quelle que soit la cause de cette interruption du travail, la sécurité sociale suppose un revenu de remplacement.

Lorsque l’on parle de sécurité sociale, c’est à ce dernier groupe de problèmes que l’on pense, en général, mais si important qu’il soit, il n’est qu’un aspect et même, par sa nature, un aspect subsidiaire.

Le plan français de sécurité sociale tend aujourd’hui, parallèlement à une économie politique, à une politique de main de main d’œuvre et à une politique de salaire qui doivent [...] garantir à tous une indemnité rémunératrice, aider les travailleurs de toutes catégories à conserver leur capacité de travail et à bénéficier, en cas de besoin, de revenus subsidiaires ou complémentaires ». [...]

« La sécurité sociale est une unité. Cette unité s’affirme d’abord sur le plan financier, car il s’agit d’aménager une redistribution partielle du revenu national. [...] Il s’agit toujours d’opérer un prélèvement sur les revenus de la masse pour couvrir l’insuffisance des ressources de certains ».

Dans la suite du texte, il est question de démocratie, d’efficacité de la gestion, de la problématique des régimes particuliers de retraites et de celles des ingénieurs etc.

La seule lecture de ce texte du 8 Aout 1944 ne suffira sans doute pas à convaincre tous les partisans du salaire à vie.
Pour B. Friot et ses partisans, en substance, les classes s’opposent, et sur le champ du travail valorisé économiquement, et sur l’étalon mesurant la valeur. Une classe impose aux autres ses conventions, sa valeur. Aucune science d’Economie politique n’est donc possible au XXIe siècle !

Par là le salaire à vie n’est ni théorie, ni programme mais une croyance ! Certains y voient une utopie en action. « Quand le prolétariat aura aboli les classes, il n’y aura plus comme conventions et valeur que les siennes. Le salaire à vie sera consacré théorie » diront-ils. Ils auront ici à affronter les critiques de Marx sur le communisme inconséquent et le socialisme utopiste du XIXe.

Mais au moins, les communistes du XXIe siècle connaitront A. Croizat dans son propre discours.