Le Parti et les classes populaires, au travail comme dans la cité - Congrès PCF

De nouvelles cotisations et l'extension immédiate du salaire socialisé

communisme 2018: alternative concrète pour supprimer la propriété lucrative. Une période politique vient de se terminer dans notre pays : celle de l’illusion social-démocrate. La raison en est simple : le capitalisme mondialisé ne laisse plus d’espace à quelque aménagement ou régulation que ce soit. Il est lancé dans une course folle à l'accumulation et dans un délire de pouvoir inégalitaire qui mène notre monde aux pires catastrophes. Il est avéré et commenté sur toute la terre que 82% de la valeur économique produite vont au 1% d'humains adeptes de la loi du plus fort, ceux qui dominent ce système de production et tentent d'en naturaliser l'idéologie de guerre. Il en sort une nécessité : en finir avec le système capitaliste. Et deux conditions de réalisation de cette nécessité : 1) Libérer le travail : a) des propriétaires lucratifs. b) de l'idéologie par laquelle ces propriétaires justifient leur domination. c) du “droit” par lequel ils imposent la propriété lucrative. 2) Ouvrir à la dialectique d'un mouvement de masse - et donc à l'imagination de masse- des voies politiques vers un horizon anthropologique égalitaire, pacifique et rationnellement humanisé : en finir avec les fausses fenêtres réformatrices des keynésiens et des alliances social-démocrates dont la seule fonction politique consiste à maintenir le cadre de l'exploitation capitaliste. Le parti communiste sera-t-il en mesure de répondre à ces défis ? C’est tout l’enjeu de notre congrès. Sortir d’un système devenu essentiellement prédateur et parasitaire, construire un autre monde deviennent une urgente nécessité. Ces exigences doivent être au cœur 1) de notre stratégie, 2) de nos propositions, 3) de notre mode d’organisation … et il ne faut compter actuellement sur aucune des variétés de keynésiens pour en tirer la seule conclusion logique : le capitalisme est structurellement incompatible avec l'avenir de l'humanité et chacun doit être mis en mesure de le constater et d'en tirer les conséquences. Nous devons nommer clairement ces exigences : lutte de classe, communisme démocratique, parti révolutionnaire du mouvement de masse. Notre stratégie : lutte de classe explicite qui devient lutte de masse Depuis soixante dix ans l'obsession des capitalistes c'est de reprendre sur les producteurs le pouvoir perdu, c'est d'affaiblir puis de morceler à des fins de placement lucratifs « le modèle social français » et finalement de transformer en capital toute cette production sociale qui lui échappe, celle des services publics et celle qui, selon elle, se dilapiderait sans profits marchands et hors de sa tutelle dans la santé, l'éducation, la recherche fondamentale, la culture etc... Outre ces profits privés dont les capitalistes sont frustrés, ce qui est peut-être encore plus insupportable à leur anthropophagie sociale c'est cette liberté de produire sans dépendance, cette liberté de disposer d'un droit social lié à des qualifications, de vivre en échappant aux entretiens d'embauche, aux lettres de motivation et au bon plaisir des maîtres de l'emploi . Une observation marxiste de la création de la valeur en 2018 ne peut faire l'impasse sur la cascade de régressions sociales et morales qui se superposent au travail déshumanisé, au stress du productivisme dénué de sens, à la valorisation de l'employabilité au détriment du travail au sens marxiste. L'individualisme, le rejet de l'altérité, la logorrhée déshumanisée fabriquée par le management contre le travail et par les commerciaux pour des fétiches marchands, « la violence des rapports humains en milieu tempéré » tendent à créer, en lieu et place d'un vrai travail producteur d'humanité et de sociabilité, des ersatz , des aliens, des clones nommés « emplois » certes propices aux dividendes mais destructeurs des rapports sociaux : or c'est dans cet environnement idéologique dégradé et aux comportements régressifs (chauvinisme, nationalismes, communautarismes religieux ou non, replis individualistes numérisée ou non...) c'est dans ce contexte dit « de crise » que nous devons poser la question communiste du salaire, de la vie sociale épanouie et de la liberté de produire dialectiquement à la fois les biens matériels à valeur d'usage et en même temps les valeurs sociales individuelles et collectives délibérées par les producteurs. Or il ne suffit plus de proclamer la lutte des classes pour supposer la voir advenir, surtout en 2018 dans le contexte de propagande quasi scientifique à moyens quasi illimités dont dispose la classe actionnariale ; c'est pourquoi toute proposition politique révolutionnaire doit contenir aussi l'énergie de son émergence ; ce qui est le cas par exemple de la proposition de prise en charge, progressivement élargie par la lutte, d'une première affectation de la cotisation socialisée, aux jeunes de 18 à 29 ans, proposition qui pourrait susciter l'énergie initiale nécessaire à la prise de conscience de classe elle-même dialectiquement liée au mouvement révolutionnaire de masse. Pour de nombreux jeunes encore bien formés par ce qui a pu être maintenu du service public de certification, le sens et la valeur des actes sociaux revêtent une importance particulière : voir son travail, son avenir social, sa confiance affective, sa qualification, son environnement... systématiquement détruits par la machine anthropophage du capitalisme suscite de nombreuses résistances individuelles, qui sur l'étincelle du salaire lié à la personne, peuvent se transformer en conscience de classe politiquement irrésistible. Surtout si cette effraction d'espoir est reprise par d'autres jeunes d'autres nations tout autant concernés par l'avenir qui se profile, avenir de terre brûlée, d'égoisme desséché et de violence irrationaliste. Une caisse européenne de valeur socialisée qui consacrerait par le salaire inconditionnel aux jeunes un droit à l'égalité réelle tel que la déclaration de 1789, dans son Article Un, l'avait posé comme universel, pourrait réaliser, par un geste fondateur similaire, à la fois la fin du capitalisme et l'ouverture d'un projet d'humanisation rationnelle et pacifique de la planète. Pour les héritiers de « L'école de Chicago » et de Pinochet/ Thatcher cette perspective est celle de l'horreur communiste et l'appareil de production idéologique de la bourgeoisie consacre en conséquence des moyens énormes, et très sous estimés par les marxistes, à détourner sur des aspects secondaires LA contradiction inavouable : celle qui oppose d'un côté les prédateurs du travail vivant -digéré puis épandu par les banques dans « le circuit de réalisation du capital » (Livre II)- et de l'autre côté les producteurs, à la fois de ce travail vivant mais aussi des valeurs sociales et morales qui lui sont attachées. De la médiacratie à la dictature ordinaire et la guerre, la bourgeoisie s'apprête à mener sa lutte de classe de la façon la plus déterminée et sans état d’âme et le retournement à son profit* des concepts marxistes depuis les années 70 sous le nom de « libéralisme » n'est que le début de cette détermination prédatrice. Le moteur de notre stratégie doit donc être la lutte de classe, certes, mais de masse indissociablement et exactement ciblée, qui n'évoque ni « le grand soir » du XIX° siècle ni la liste keynésienne des réformes qui soulagent provisoirement quelques contradictions criantes et qui seraient produites, prêtes à voter, par une superstructure experte. Transiger avec le circuit actuel de réalisation du capital équivaut à légitimer le capitalisme et à renforcer son potentiel de prédation. Pour changer d'horizon, il nous faut changer les phrases et leurs présupposés; à la place du slogan  défensif « baissons la CSG » il nous faut affirmer de manière offensive « remplaçons la CSG par une hausse des cotisations ». A la place du slogan « partageons les richesses » il faut affirmer « nous voulons produire par nous-mêmes des richesses autres » ; à la place de « refusons l'austérité » il nous faut proclamer la subvention publique et le refus de rembourser des dettes à ceux qui les ont fabriquées ; à la place de « la solidarité » qui partage les miettes capitalistes, il faut redessiner la Solidarité des égaux en droit communiste, celle de Croizat. Mais il faut surtout proposer un horizon de créativité politique raisonnée et d'universalité, et c'est sur cet horizon que s'inscrit la proposition de salaire universel, d'augmentation progressive de la cotisation socialisée liée à la délibération démocratique généralisée de son usage. Cette délibération rendue possible par la communication numérisée est susceptible de réduire l'Etat à sa fonction de centralisation des propositions et de contrôle et cela jusqu'à l'extinction complète de l'actionnariat et de la propriété lucrative. Nos propositions : le communisme ici et maintenant C’est au cœur du système capitaliste qu’il faut s’attaquer : s'approprier les moyens de production c'est s'approprier, dans le même mouvement, le sens du travail et l’utilisation pour l'intérêt général qui est faite de ce travail. La caisse de valeur ajoutée socialisée est l'outil de ce changement de civilisation. On peut pour cela, si on veut se faire comprendre quand on parle de « classe », s’appuyer sur « la part de communisme » qui constitue le socle du modèle social français : la sécurité sociale, le statut de la fonction publique adossé à la qualification de la personne, les entreprises et services publics tels qu’ils avaient été conçus et mis en application à la Libération par les ministres communistes et les militants du PCF et de la CGT et tels qu'ils avaient par exemple en quelques années été capables, dans une France dévastée par la guerre et dévalisée par les occupants, d'édifier sans aucun capital privé le meilleur réseau mondial d'hôpitaux publics et de recherche sur la santé ou de construire en une décennie des centaines de collèges. Face aux attaques contre le code du travail, les statuts, la cotisation sociale et les régimes spéciaux, nous perdrons si nous restons sur la défensive. La bonne réponse offensive c’est celle d’un statut unique du travailleur assis sur la continuité à vie d'un salaire lié à sa personne et à sa qualification. La réforme capitaliste de « la retraite par points » n'est plus à combattre si on lui oppose le salaire à vie comme droit politique et donc la suppression des retraites. La bonne réponse offensive et l'autre horizon, ce sont aussi la maîtrise de la valeur produite et sa socialisation dans des caisses gérées par les producteurs et dont l'affectation -salaires, subventions, recherches...- sera établie démocratiquement. De la même façon offensive mais cette fois pour contrer la liquidation de nos capacités productives, il n’est pas d’autre solution que la réappropriation/gestion collective de nos moyens de production et leur propriété d’usage par les travailleurs. Notre peuple n’en finira pas, non plus, avec le cancer financier par la demande de moralisation du système. Il faut en terminer avec la Bourse, les actionnaires et les banques privées par la maîtrise publique de la valeur et de l'avenir de la société. Cet objectif doit être connu et soutenu hors des frontières : la jeunesse du monde attend très vraisemblablement que la France reprenne le flambeau de l'universalité et suscite un mouvement de masse embryon d'une mondialisation pacifique et raisonnée. Dans un premier temps, les caisses de salaire socialisé versant un salaire par décision politique à tous les jeunes européens sans discrimination ni condition, obtiendraient certainement un écho mondial quand la bulle des prêts bancaires pour études menace d'exploser et que la formation scientifique et laïque est un enjeu planétaire. Oui, nous sommes convaincus que la seule alternative heureuse au capitalisme c’est le communisme. Un communisme en acte pour aujourd’hui. Un communisme assumé pleinement, non pas ramené au « commun ». Nos propositions doivent ainsi donner envie d' imaginer ce que nous appelons « communisme ». Notre mode d'organisation : un vrai parti communiste Reste la question du parti communiste. Nous ne voulons pas d’un « nouveau parti communiste » mais d’un vrai parti communiste. Nous assumons pleinement notre histoire, avec ses pages glorieuses et toutes les autres auxquelles un vrai travail d'Histoire devra redonner un sens critique tourné vers l'avenir au lieu de l'instrumentalisation idéologique qui les dévoient aujourd'hui. Nous voulons être à nouveau un parti révolutionnaire* c'est à dire porteur des propositions chargées de l'énergie potentielle d'un mouvement d'une masse suffisante seul à même de subvertir la haine de classe inhérente au capitalisme. Il n'est pas possible d' être un parti de gouvernement en mode de production capitaliste si le fondement communiste est l'alternative anthropologique et écologique. Cette alternative en revanche pourrait consister dès 2018 à programmer l'augmentation des actuelles cotisations sociales en rapport avec la nécessité de soigner tout le monde, de construire un système public du troisième âge, de se réapproprier la recherche et la production des matériels médicaux et des médicaments, de maîtriser la pollution, les risques sanitaires au travail etc... Ce serait le cas aussi si étaient proposées de nouvelles caisses socialisées de valeur ajoutée par le travail et destinées au salaire de tous les jeunes dès 18 ans. Ce pourrait être le cas encore pour des investissement publics assurés par des entreprises publiques, sans emprunts. Il serait étonnant que les personnels et les jeunes concernés par la mise en place du travail qui crée et l'usage de ces nouvelles caisses de valeur socialisée ne les préfèrent pas à l'emploi déshumanisé qui sert aujourd'hui à produire les dividendes. Le mouvement de masse anticapitaliste se constituera du rassemblement de ceux qui refuseront cet emploi-ci pour imposer ce travail-là. Et le plus tôt sera le mieux. Quant à notre organisation la forme qu'elle prendra ne pourra être déconnectée du fond politique mis en œuvre et approuvé par les militants. Pour faire percevoir l'alternative entre l'impasse capitaliste et l'issue communiste, nous avons besoin d’une organisation au plus près des lieux de production, de travail et de vie. La cellule et les sections restent les bons outils pour l’expression, l’activité et les prises de décision des communistes. Les techniques actuelles de communication numérisée pour les débats et les gestions démocratiques peuvent se révéler très efficaces comme outils politiques de la démocratie directe mais restent ambivalentes selon qu'elles sont inscrites dans un mode de production ou un autre. Or, le mode de production de toute la société post capitaliste reste à concevoir et c'est en effet le sujet incontournable du congrès 2018 du PCF. Henri Guarinos, section Béziers-ouest *Le libéralisme est une théorie ad hoc construite par la bourgeoisie pour contrecarrer le rationalisme marxiste et situer l'origine de la valeur ailleurs que dans l'action du producteur . Le circuit du marché a pour fonction d'objectiver l'apparition de la valeur au niveau de la marchandise (offre, demande, concurrence...) et non au niveau du travail de production dont les agents sont eux aussi niés puis intégrés dans un marché, le « marché du travail » . L'économisme dénoncé par Marx procède donc initialement d'une dénégation de l'économie politique, d'une dénégation du cadre humanisé et socialisé de la création - dans la lutte des classes- de toutes les valeurs. *Le terme de « révolutonnaire » ne peut plus se réduire à un effet de discours automatique mais doit être explicite en ce qui concerne : 1) la question de la propriété collective. 2) la question de la dialectique d'appropriation qui détermine dès la constitution du mouvement de classe la nature démocratique de cette propriété à savoir : de production deS valeurS ou bien de participation auX valeurS. (-participer= avoir en second, aussi bien avec Chaban Delmas qu'avec les keynésiens ou pour le « socialisme réel »-) 3) l'(es) unité(s) de valeur(s) proposée(s) et celle(s) refusée(s) à la production économique et sociale dans les conseils de production égalitaires et rationalistes. (Par exemple la qualification comme quantum de valeur salariale) 4) les structures de propositions planifiées et de contrôle qui vont devoir se substituer à la classe renversée.