Le Parti et les classes populaires, au travail comme dans la cité - Congrès PCF

Parti, classe ouvrière et classes populaires

Revenir à Marx n’est jamais inutile pour approcher la question des classes sociales et leur évolution. En effet la configuration des classes est entièrement déterminé par la nature du capitalisme à un moment donné dans un lieu déterminé. Parti issu, notamment, de la partie la plus mobilisée de la classe ouvrière, nous avons vu, mais les avons-nous bien mesurés les transformations profondes s’opérer durant ces quarante dernières décennies. L’évolution du salariat est une donnée forte qui marque non seulement le paysage social mais aussi le rapport à la politique et au combat de classe. Le sentiment d’appartenance à un groupe social est un élément décisif pour faciliter un combat commun : travailler ensemble, se reconnaître dans une identité commune est central pour faciliter la mise en mouvement du groupe. Et bien souvent ce sentiment d’appartenance était renforcé par le partage de l’habitat : les mineurs travaillaient ensemble et bien souvent ils vivaient dans les mêmes communes et quartiers. La massification du salariat est une réalité mais aussi son atomisation et son éclatement. La désindustrialisation a produit ses effets, depuis les années 90 le groupe ouvrier n’est plus majoritaire. En 1962, ils représentaient 39 % de la population active contre 21% en 2014. Les employés sont passés de 18,5 à 28,5 durant la même période. Au-delà de cette évolution, la visibilité sociale de l’emploi ouvrier a reculé avec une plus forte dispersion des lieux d’emploi. Tout cela conduit à un fort recul des lieux de socialisation ouvrière, lieux de formation d’un sentiment de classe. Dans bien des départements, les collectivités locales et les établissements hospitaliers sont la plus grande concentration de salariés. Ces faits ont modifié et réduit considérablement les possibilités de transmission de la culture ouvrière. La classe ouvrière et son « avant-garde »politique n’est donc plus en capacité de jouer un rôle central. En même temps, la rapide montée des activités de « services » a fait émerger un nouveau prolétariat, terme adéquat, à en juger la réalité des conditions d’exploitation de ces salariés, confrontés à un patronat de combat. Il faut également mentionner cet éclatement du salariat n’est pas sans effet sur la possibilité de l’implantation et l’activité syndicale. On connait l’importance des luttes sociales pour forger une conscience collective. La conflictualité Capital/travail reste centrale mais selon des modalités plus différenciées que dans les années 80. Force est donc de reconnaître que tout ne peut pas se jouer seulement sur le seul terrain de l’entreprise et encore moins dans l’usine disparu ! Il s’agit donc pour le PCF de construire une activité qui parle aux classes populaires c’est-à-dire aux ouvriers et employés qui représentent une bonne moitié de la population active et dont les conditions sociales sont assez proches et fortement exposés à l’insécurité économique. C’est bien le terme précarité qui peut, peut-être, caractérisé une possibilité d’identification commune, ils connaissent une insécurité de destin lié directement aux stratégies du capital. Les classes populaires sont un sujet politique à construire à partir de leurs exigences et de ce destin commun. Classes dominées et exploitées certes mais en capacité de développer des réponses de solidarités dans les quartiers autour de l’aide aux devoirs ou en soutien aux sans-papiers. L’attaque contre les services publics augmente la précarité et peut être le terrain pour unifier dans des luttes pour leurs reconquêtes une fraction importante de la population directement impactée par le recul des services publics. Services publics porteurs de solidarité. La privatisation et la marchandisation, voulues par Macron, de secteurs de plus en plus importants de la vie du pays sont d’une agressivité majeure contre les classes populaires dépourvues de tout capital économique. C’est autour de biens communs et de réponses solidaires que peuvent se construire des luttes porteuses d’un projet de dépassement du capitalisme.