Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

Tentative de diagnostic

On peut formuler la question de la façon suivante : quel outil politique pour porter notre projet, pour faire en sorte que tous les adhérents participent pleinement aux prises de décision et à leur mise en œuvre, pour oeuvrer efficacement au sein de la société telle qu'elle est aujourd'hui ? A partir de là, nous sommes confrontés à un problème de méthode. D'abord, il paraît difficile de disjoindre la réflexion, le débat sur le projet politique de la réflexion et du débat à propos de l'outil politique. Ensuite, s'essayer à imaginer un outil politique performant ne peut se faire sans procéder au préalable à un état des lieux qualitatif et quantitatif du parti tel qu'il est et qu'il fonctionne aujourd'hui. Cet état des lieux doit être un point d'appui à l'analyse critique de l'existant, au repérage des éventuels dysfonctionnements à dépasser, des bonnes pratiques à reconduire. Il paraît donc impératif de procéder à cet état des lieux à tous les niveaux, des sections à la direction nationale. Au vu de mon expérience militante et des pratiques vécues, il semble utile de formuler les observations suivantes. En fait, le parti fonctionne comme tous les autres partis ou comme la plupart des organisations dans le monde associatif ou même syndical. S'y pratique un mode de fonctionnement extrêmement délégataire, vertical, conduisant à un processus décisionnel qui exclut dans les faits les adhérent(e)s et militant(e)s. Il y a, pour de multiples raisons, une grande distance entre les statuts actuels et les pratiques concrètes. En application des statuts sont théoriquement souveraines en matière décisionnelle les AG de section et les conseils départementaux. En réalité, ce sont les exécutifs locaux et départementaux qui prennent les décisions. En dehors des dispositions statutaires prévoyant la consultation des adhérent(e)s, ceux-ci,celles-ci ne sont pas impliqué(e)s de façon régulière dans le processus de prise de décision.S'ajoute à cela une organisation en forme de « tuyaux d'orgues » qui conduit à ce que seule l'instance supérieure décide puisque l'unique endroit où il peut y avoir corrélation entre les sections d'un même département est le conseil départemental. La souplesse offerte par les statuts dans les formes d'organisation : « Toute activité de proximité prend la forme que décident librement celles et ceux qui en prennent l'initiative.Elle peut être accompagnée de la création de cellule, d'un comité, collectif, groupe de travail,réseau,collectif de coordination... » (art 1.4) n'est pas mise à profit, encore moins impulsée par les instances statutaires. Même chose pour les différentes formes de partenariat évoquées à l'article 1.6 des statuts. Cela conduit à un fonctionnement très rigide rendant même suspecte toute initiative d'adhérent(e) hors des instances, capacité pourtant fortement affirmée dans l'article 1.2 des statuts sous l'intitulé « Une pleine capacité d'initiative ». Le formalisme institutionnel, la crainte des instances statutaires de se voir dessaisies de leur pouvoir bloquent toute capacité d'initiative. S'ajoute à cela une grande frilosité vis à vis de toute proposition s'éloignant des schémas classiques des formes d'expression et d'actions. A l'évidence, les éléments novateurs dans nos statuts n'ont pas trouvé de réelles traductions dans les pratiques militantes restées pour partie inchangées depuis des décennies. Si le parti fonctionne comme les autres partis, il développe une activité au même rythme que les autres, c'est à dire au rythme des échéances électorales locales et nationales devenues les rendez-vous politiques essentiels. Ces rendez-vous étant pratiquement les seuls moments où les instances du parti appellent avec force à la mobilisation des adhérent(e)s et prennent des initiatives concrètes en ce sens. On touche là à une question sensible trop souvent occultée, celle de la place et du rôle des élus dans la vie du parti devenus de plus en plus importants au fil des années. Il semble que dans de nombreux départements il y ait cumul entre les fonctions électives et celles de principaux responsables au sein des instances du parti. Ce phénomène, en partie lié à l'affaiblissement des forces militantes, a pris une telle ampleur qu'il tend à infléchir la nature de l'activité du parti. Cette esquisse de diagnostic me conduit à affirmer la nécessité d'une profonde transformation du parti. Chacun aura compris que dans mon propos il n'est pas question de confondre implication militante et pratiques militantes. Critiquer les pratiques ne met nullement en cause l'engagement des militant(e)s du parti.