Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

transformations du PCF

Mon expérience de communiste ne peut être qu’une expérience singulière, construite au fur et à mesure de ma vie de militante. La trame d’introduction au débat rappelle le sens et le rôle du combat communiste dans la société, s’appuie sur des éléments d’appréciation de l’état de la société, et pose ensuite le cadre de la transformation du parti. J’aurais apprécié de trouver d’autres éléments de réflexion. Nos adversaires de classe, pour répondre aux mouvements de Mai 68, ont mis en place une stratégie de casse des collectifs de travail, d’individualisation des rémunérations, instaurer le salaire au mérite et/ou à la note de gueule, s’appuyant sur le besoin de reconnaissance de chacun pour mieux utiliser l’intelligence des salariés et promouvoir l’individualisme. Le leurre des amis internet faisant le reste. Ce mouvement nous l’avons accompagné, il était difficile, voire impossible de le prévoir. Nous sommes extrêmement pointu pour dénoncer l’exploitation, décortiquer le capitalisme, démontrer le coût du capital…mais , à ma connaissance, nous n’avons pas travaillé sur une autre approche de l’exploitation celle de la force de travail, sur les défenses que met en œuvre le salarié ou le groupe de travail, consciemment ou inconsciemment, pour réussir à travailler justement. Cet individualisme de l’entreprise c’est reporté dans la vie sociale, et cet individualisme a gagné le Parti. Il y a quelques années, l’organisation la plus proche des habitants ou des salariés était la cellule, l’endroit où nous discutions des faits politiques, du journal de cellule, de la façon dont nous allions nous inscrire dans les actions proposées par le CN ou le CD. Aujourd’hui, les échanges se font par mail, les décisions sont prises par quelques-uns, et nous sommes sollicités pour distribuer un tract ou participer à une manif. Nous n’avons plus de réunion de cellule, notre comité exécutif de section ne se réunit plus, nos réunions de sections sont des déserts. Le parti est un parti d’élus qui font du mieux qu’ils peuvent. C’est mon vécu aujourd’hui, j’espère que ce n’est qu’une exception. Cette façon de fonctionner est conforme aux statuts du PCF, moi elle m’inquiète et je pense qu’il faut réfléchir au pourquoi de cette situation. Comme le dit très justement le document « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »….. »la démocratie, l’action et la maîtrise consciente du processus politique par le peuple est un élément essentiel et central » Je pense qu’il y a un autre élément à prendre en compte : pour être dans l’action, l’expérience de la nécessité, de la possibilité d’agir est indispensable, donner de l’espoir, avoir les connaissances de la vie politique sont nécessaire, mais il faut aussi prendre en compte le fait que nous sommes des êtres affectifs, construits par une histoire familiale, confrontés au réel de l’entreprise, de la cité, de la société, de la vie. Une confrontation au réel qui nous transforme. L’appartenance à un collectif, au PCF, s’appuie sur des convictions idéologiques mais aussi sur des liens affectifs. Ce que je lis de Marx, me confirme dans sa pertinence à expliquer la place de la force de travail dans le processus de capitalisation, d’exploitation, mais ne m’apporte aucun élément quant au rôle que joue la confrontation au réel de travail dans la construction de l’individu. Ne pas appréhender ce qui se joue dans cette confrontation au réel, c’est se priver d’un angle d’approche différent mais complémentaire de l’aliénation. Cette prise en compte de cette particularité humaine, pose toutes les questions du rôle du travail qu’il soit salarié ou non, du comment construire ensemble, comment entendre ce que dise les adhérents, comment les faire participer, comment reprendre contact avec les salariés, les habitants qui sont éloignés et dont la préoccupation est parfois celle de survivre. Elle pose aussi cette question de vie de la cellule, comment prendre les décisions, par consensus ?, des décisions partagées ? Notre slogan est celui de l’ »Humain d’abord », je formule le souhait que le PCF complète son approche incontestable de la société capitaliste, d’un travail sur cette approche subjective du besoin de reconnaissance de chacun, besoin conscient ou inconscient. L’humain d’abord, c’est l’Humain dans toutes ces facettes. Les capitalistes l’ont bien compris, eux qui réinventent chaque jour la servitude volontaire.