Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

De l’entropie aux déchets nucléaires

« Il ne s’agit pas de nier l’intérêt du recyclage mais d’attirer l’attention sur ses limites. Une loi naturelle établit l’inexorable usure de la matière et de l’énergie au cours du temps. C’est ainsi, par exemple, que l’utilisation du gaz, du pétrole et du charbon disperse dans l’atmosphère du carbone initialement présent dans le sous-sol. La totalité de l’énergie mise en jeu n’est pas récupérée. Une fraction importante se retrouve sous forme de chaleur dans l’air mais elle n’est pas à l’origine de l’impact sur le climat. C’est la présence accrue de gaz carbonique et autres gaz à effet de serre qui entre en cause, donc la dispersion de carbone initialement concentré dans les sols et inclus dans une organisation de matières susceptible de libérer de l’énergie (pétrole, gaz et charbon). En d’autres termes, les activités humaines concourent de plus en plus massivement à créer du désordre dans la matière et à user de l’énergie. Cette notion d’entropie, fondamentale, ne doit pas être passée sous silence. » Ce texte figure dans un document de référence adopté lors de l'Assemblée Générale du Mouvement national de lutte pour l’environnement MNLE) le 18 octobre 2014. Il me permet de passer au sujet des déchets nucléaires. Le développement du nucléaire est en effet souvent condamné car il ne saurait pas recycler ses déchets. Il y a là un énorme malentendu. Il n’a jamais été question de recycler tous les déchets radioactifs issus des centrales nucléaires, cela est impossible. Comme dans toute filière industrielle, il existe des déchets ultimes que l’on stocke de manière définitive dans des sites d’enfouissement adaptés. Il existe en France 13 ou 14 sites pour l’enfouissement des déchets dangereux. La presse n’en parle quasiment jamais. Et du point de vue recyclage, le nucléaire français est, je n’hésite pas à le dire, exemplaire. En effet les combustibles usés sont retraités à la Hague (seule usine de ce type fonctionnant au monde et que la Chine s’apprête à construire) où l’on sépare les matières effectivement recyclables, l’uranium qui n’a pas été fissionné (que l’on appelle uranium de retraitement) et le plutonium formé, qui seront réutilisées dans la fabrication de nouveaux combustibles. Au total plus de 90 % de la matière contenue dans les combustibles usés est effectivement recyclée. Les déchets ultimes sont les produits résultant de la fission et certains éléments lourds (les transuraniens). Ce sont ceux-là, qui ont un faible volume, que l’on stockera de manière définitive et sûre en profondeur (500 m) à Bure dans la Meuse. Le dossier de l’installation suivi depuis presque 20 ans par une commission nationale d’évaluation est actuellement considéré par l’autorité de sûreté nucléaire comme presque totalement satisfaisant. Nous disposons en France de la totalité de la connaissance de la filière nucléaire « cradle to grave ». La perspective d’arrêts d’unités nucléaires non justifiés par des éléments de sûreté est totalement incompréhensible et inadmissible. C’est grâce au développement du nucléaire que la France est un des meilleurs élèves climatiques parmi les pays développés. J. Y. Guezenec Fédération des côtes d’Armor