Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

Sûreté nucléaire : ne pas confondre danger et risque

Ce ci est un texte que j'ai déposé en tant qu'"avis" sur le site de débat concernant "la programmation pluriannuelle de l'énergie" (PPE) lancé à l'initiative du ministre Hulot. Il me paraît judicieux pour alimenter aussi le débat de l'atelier Ecologie de notre congrès. Le parti communiste a d'ailleurs prévu de publier un cahier d'acteur dans le débat PPE. Sûreté nucléaire : ne pas confondre danger et risque La confusion entre ces deux notions est fréquente. Si nous recensions tous les dangers qui nous menacent nous n’accepterions plus de vivre sur terre. Mais nous acceptons certains risques, fort heureusement, comme celui de vivre sous un barrage ou celui de prendre l’avion. L’utilisation de la fission nucléaire est dangereuse, c’est évident, cela commence par la possibilité d’armes de destruction massive. Le danger « civil » est constitué par la masse considérable de radioactivité contenue dans un réacteur électrogène. Mais le risque encouru par les populations dépend des mesures de sûreté qui sont prises à la conception, dans la construction et lors de l’exploitation des installations pour éviter que cette radioactivité ne se répande dans l’environnement. Le danger potentiel représenté par la masse de produits radioactifs est du même ordre de grandeur qu’il s’agisse de Tchernobyl, de Fukushima ou d’un réacteur à eau pressurisée dont il existe 58 exemplaires en France. Mais le risque auquel sont exposées les populations est totalement différent. Il n’y a aucune comparaison possible entre la situation de Tchernobyl (totale insouciance des problèmes de sûreté) ou celle de Fukushima (conception inadaptée aux spécificités de l’environnement et laxisme coupable de l’exploitant et des autorités locales de sûreté) avec la situation des réacteurs en France. Faire un tel rapprochement pour la fiabilité des avions de chasse en service actuellement, serait analogue à les assimiler aux Starfighter qui ont équipé l’armée allemande dans les années 60 et qui ont été victimes de 300 accidents (oui 300 !). Bel exemple de persévérance dans l’erreur pour l’utilisation de cet avion qui fut surnommé le « cercueil volant ». L’accident auquel on peut faire valablement référence est celui Three Misle Island aux Etats-Unis qui, bien que le réacteur ait partiellement fondu, n’a eu aucune conséquence externe. Et de plus les enseignements de cet accident ont donné lieu à d’importantes modifications sur les réacteurs français. Avec EPR le niveau de sûreté a encore augmenté. Les enseignements de Fukushima ont aussi été tirés. Je ne comprends donc pas que l’on puisse évoquer le « triste exemple de Flamanville » en matière de sûreté comme je l’ai lu dans un avis déposé sur cette tribune qui se référait aux anomalies constatées sur la teneur en carbone de certains équipements particulièrement sensibles, mais que les expertises ultérieures ont jugées parfaitement acceptables. Personnellement j’y vois une très scrupuleuse attitude de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN) que certains jugent même parfois excessive. C’est d’ailleurs une habitude des milieux antinucléaires de se servir des informations collectées sur le site de l’ASN, qui est transparent et détaillé et donc le signe d’une surveillance étroite, gage de sûreté, en les utilisant pour une dénonciation permanente de catastrophe. Sommes-nous meilleurs que les autres ? Pourquoi pas ? Je pense que notre pays a un rôle mondial à jouer pour développer la culture de sûreté dans un parc nucléaire qui va inexorablement prendre de plus en plus d’ampleur, lutte contre les émissions de gaz à effet de serre oblige. Quant à m’engager sur le fait qu’aucun accident nucléaire d’importance ne se produira dans le parc nucléaire mondial actuel, je m’en garderai bien.