Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

« Grands projets » : qui décident ?

Dans une contribution publié dans le chantier écologie, Luc Foulquier pose la question : « Qui décide qu'un projet est grand ou petit, inutile ou pas ? » La réponse est de moins en moins évidente. 1- d'abord du fait de la complexité de ces projets dans lesquels interfèrent l'économique, le social et le politique. Notre camarade écrit à ce sujet « C'est au regard des besoins réels qu'on peut évaluer cela », voilà qui est évident, et puis, « En réalité il faut avoir une conception globale de l'aménagement. ». Mais qui dispose de cette conception globale de l'aménagement ? On pense d'abord aux experts et aux élus donc ce serait sur la foi de leurs expertises que les élus décideraient et que les partis politiques se positionneraient*. Mais quid des gens, des populations, des citoyen.ne.s ? Quelles procédures délibératives mettre en œuvre pour les consulter ? Le référendum est privilégié mais cela pose de nombreux problèmes, ne serait-ce que les limites géographiques du territoire concerné. 2- Précisément, quelles sont les populations qui doivent être consultées. Dix ans en arrière, la réponse aurait été évidente : ce sont les populations les plus proches du « grand projet » mais aujourd'hui , ce n'est plus du tout le cas, de plus en plus de gens se sentent concernées par un « grand projet » bien au-delà des populations locales. C'est un phénomène relativement nouveau qui ne peut plus être sous estimé. La conscience a grandi que les grands projets peuvent avoir un impact environnemental bien au-delà du lieu de son implantation. Cette plus grande sensibilisation tient certainement à une inquiétude croissante des populations à l'égard du réchauffement climatique. Mais cela reste à approfondir.

 

Des balbutiements d'alternatives au capitalisme

De toute façon, un grand projet va désormais concerner des publics de plus en plus larges et avec une réactivité multipliée du fait de l'utilisation des réseaux sociaux. Il n'est donc pas surprenant que les acteurs sociaux les plus impliqués vont intervenir plus vite plus fort, plus collectivement et plus interactivement sur ces questions. Ces réactions vont évidemment se télescoper avec les expertises et influencer contradictoirement les populations locales. Et dans cette dynamique se constituent d'autres expertises qui se réfèrent à une vision de la société alternative à celle dominante. Cette vision renvoie à un refus du productivisme et du consumérisme, à la décroissance, à une agriculture de proximité comme aussi pour d'autres activités productrices. Tout cela est baigné de romantisme, voire de naïveté, avec des incohérences, mais voyons bien que cela renvoie à l'alternative au capitalisme. Mais nous communistes ne sommes nous pas taxés d'être irréalistes de croire encore au dépassement du capitalisme. Et lorsqu'on nous rétorque que ce n'est pas possible, nous rétorquons à juste titre que le capitalisme ce n'est pas la fin de l'histoire. Ainsi si nous taxons les positions de ces acteurs sociaux « d'incohérentes, de caricaturales, de dogmatiques », comme le fait Luc Foulquier, c'est prétentieux et contre productif. La contribution de Jean-Louis Gregoire : Un cas d'école : Notre Dame des Landes, rejoint ces interpellations.

 

Il en va des Grands projets comme du nucléaire

 

Cela vaut pour d'autres grandes questions, spécialement pour l'électricité produite par les centrales nucléaires. C'est vrai que prôner la sortie du nucléaire à bref délai au profit de 100% d'EnR est démagogique car irréalisable à court terme et peut être à moyen terme. Effectivement, c'est inconséquent de vouloir réduire drastiquement le nucléaire au profit des EnR car il faudra compenser par des centrales à flamme génératrices de CO2, ce qui ressort d'ailleurs du projet Négawatt. Mais affirmer que le nucléaire civil est sans problème et gloser sur la différence entre risque et danger, prétendre que la question des déchets nucléaires est résolue, que leur enfouissement est une procédure totalement sécurisée, que le démantèlement d'un réacteur nucléaire est totalement maîtrisé, tout cela n'est pas crédible. On ne fera croire à personne que la sécurité du nucléaire vaut celle des autres formes d'énergie. Et puis secondairement, rétorquer que le nucléaire est le moins cher parce que qu'il est mis en œuvre par une société publique et qu'avec les EnR c'est le privé qui va bénéficier de la manne publique mais c'est une réponse à courte vue. Pour le moment, c'est le capital sous sa forme étatique ou pas qui ramasse le pactole. Répondons que dans un tout autre contexte le développement de toutes les formes d'énergie relèverait du secteur public dans lequel l'Etat démocratique sera l'acteur essentiel (unique?). Et pour le reste, répondons que lorsque les conditions techniques existeront, c'est à dire , le stockage massif, il sera peut être possible de substituer les EnR à la totalité du nucléaire. Cette échéance s'ajoutant à beaucoup d'autres, pourrait dessiner une vision communiste pour une autre société.

 

 

*Il faut bien reconnaître, malgré ce qu'en dit Hervé Bramy dans sa réponse à un des contributeurs, que la direction du PCF n'a pas fait autrement en le diligentant pour une mission d'expertise qui avait rendu des conclusions favorables au transfert de l'aéroport de Nantes, conclusions suivies par le CEN (déclaration du 30 mai 2016). Jean-Louis Grégoire a publié une contribution très intéressant sur le sujet. : Un cas d'école : Notre Dame des Landes et le PCF.