Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

A propos du compteur Linky

Les polémiques à propos du déploiement en France du compteur Linky, n’en finissent pas, sans que pour autant les questions de fonds ne soient abordées. Je voudrais donner ici mon opinion de manière succincte. Je pense que le déploiement du compteur Linky doit s’analyser comme celui d’un OUTIL mis en place dans le cadre de la loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte, visant trois finalités sans ordre de priorité : - la première est la poursuite (et l’aboutissement) du démembrement du service public d'électricité incarné par EDF (déjà explosé en 3 sociétés), avec l'ouverture à la concurrence que va favoriser Linky. Qui dit fin d’un service public dit augmentation des tarifs, ce qui est déjà à l’œuvre et va s’accélérer ; - la seconde est l'objectif de forte réduction (avant sa suppression ?) de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France, ce qui est un objectif dogmatique et catastrophique en regard de la priorité N° 1 qui est de lutter contre le réchauffement climatique (ce que permet l’énergie nucléaire). Pour faire accepter cet horizon « climaticide », il est fait la promotion du remplacement de l’énergie nucléaire par des énergies renouvelables intermittentes (éolien et solaire), que Linky permet de décupler. Tout le monde sait que ces deux sources de production d’électricité ne sont en rien comparable au nucléaire, ne serait-ce que pour le bon fonctionnement du couple production-distribution d’électricité qui a besoin en permanence d’un équilibre entre la production et la consommation. Les énergies renouvelables intermittentes, comme le solaire et l’éolien, ne permettent pas cet équilibre sans le relais d’une autre source d’énergie, qui sera carbonée, si l’on persiste à refuser le nucléaire. - la troisième est le refus d'accroître la capacité de production d'électricité en France, pourtant déjà insuffisante, par l'ajustement de la consommation de chacun à la capacité de production et non l’inverse. A cet effet, le compteur Linky étant équipé d’un disjoncteur interne, inaccessible pour l’abonné, permet au couple distributeur-producteur de pratiquer la technique dite de l’effacement de manière autoritaire grâce à ce compteur Linky. Ce choix du refus d’accroître la capacité de production d’électricité de la France est en contradiction totale avec les objectifs de réduction de l’émission de gaz à effet de serre que permettrait le développement des transports par le rail au lieu de la route, des véhicules électriques de toutes tailles, de l’activité industrielle etc…Tout ceci ne peut s’envisager sans une augmentation de nos capacités de production d’électricité, par des techniques faiblement productrice de CO2 et gaz à effet de serre, tout en garantissant notre indépendance énergétique. Ceci est fondamental pour l’avenir du développement économique et de l’emploi en France. Autre affirmation contestable, à propos de la soi-disant contrainte d’une directive européenne qui imposerait ces compteurs, cette affirmation n’est pas fondée puisque plusieurs pays, dont l’Allemagne, ont choisit soit le refus soit le déploiement restreint des compteurs communicants. C’est donc bien par un choix délibéré de nos gouvernements que ce déploiement a été préconisé. Je n’ignore point, pour autant, les autres conséquences de ce déploiement au niveau de chaque usager du service public d’électricité, mais je ne me retrouve pas dans toutes les critiques qui circulent sur les réseaux sociaux. Je retiens essentiellement : - La question de la possible augmentation de la facture par l’absence de tolérance du compteur Linky au moindre dépassement, même limité dans le temps, de la puissance souscrite. Alors qu’aujourd’hui nos compteurs tolèrent ces dépassements, avec le compteur Linky, ce sera la coupure immédiate et sans possibilité d’intervention directe de l’usager. Celui-ci sera incité à augmenter sa puissance souscrite, donc sa facture. - Concernant la question de la protection des données personnelles, la crédibilité de la protection des données vient d’être sérieusement écornée par l’affaire Direct-Energie. Je propose, sur ce point précis, la création d’un service public des données, pour arracher des mains des prédateurs, la manne financière de la collecte et de la revente des données. - Concernant la question des risques de sinistres suite au changement de compteur, il me semble que cette question mérite d’être réglée au niveau national entre les entreprises de distribution et les compagnies d’assurance. Enfin concernant les autres questions qui inquiètent les populations, il est urgent que les responsables du projet et les pouvoirs publics fassent le nécessaire pour apporter des réponses sérieuses et fondées scientifiquement. Il faut en finir avec les peurs non fondées qui permettent toutes les manipulations de l’opinion publique. Lambesc le 13 Mai 2018