Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

A quand partis, syndicats et associations unis dans les luttes ?

Alors que le pouvoir ordo libéral se radicalise, les organisations syndicales et associatives restent toujours autant réticentes pour mener des combats communs avec les forces politiques qui partagent leurs objectifs. Dans la récente période, la politique du pouvoir s'est radicalisée. Cela avait commencé très fort sous l'aire Sarkozy, confirmé sous celle de Hollande et singulièrement aggravé avec le macronisme. Trois domaines sont particulièrement concernés : travail, immigration, démocratie. Ils font système au sens où leur gestion par les tenants du régime ordo libéral concourent, chacune pour sa part, à sa pérennité et son efficacité. Il s'agit d’une part de soumettre le travail aux lois du marché pour accroître les profits capitalistes tout en se prémunissant de toute forme de résistance. Et d’autre part, de continuer à prélever à leur profit les richesses des pays dominés tout en bloquant les émigrations provoquées par ces politiques de prédation. Toutes les mesures liberticides et/ou répressives à l'intérieur des pays dominants, comme celles visant à établir un cordon sanitaire autour des pays dominés procèdent de la même logique. Des suspicions toujours vivaces Cette radicalisation du pouvoir est de mieux en mieux perçue par les militant.e.s les plus aguerri.e.s qu'ils agissent au sein d'organisations politiques, syndicales ou associatives, au point qu'on aurait pu penser que le rassemblement en soit favorisé. Or, ce n'est pas le cas, les organisations syndicales et associatives restent toujours autant réticentes pour mener des combats, non pas côte à côte mais communs avec les forces politiques qui partagent leurs objectifs. Prenons trois exemples qui couvrent les trois domaines susnommés : immigration, démocratie, travail. Suite aux prorogations successives de l'état d'urgence décrété en décembre 2015 par François Hollande, s'est créé en juillet 2016, à l'initiative de la LDH, l’Observatoire pour le respect des droits et libertés. De nombreuses organisations y ont adhéré mais les partis politiques en ont été exclus. Dans le département, on leur a tout juste accepté leur soutien. Deuxième exemple : En octobre 2017, 470 organisations ont lancé une concertation citoyenne pour une refonte des politiques migratoires. Dans la charte proposée pour adhérer à ce collectif, il est précisé que « le processus est ouvert à tous sauf aux partis politiques en tant que tels ». A retenir que dans le département le comité de soutien aux sans-papiers n’a pas suivi cette injonction. Les rapports entre syndicats et partis politiques Le troisième exemple porte sur les rapports entre syndicats et forces politiques. Une polémique a surgi récemment à l’occasion de la lutte contre les ordonnances Macron. Après avoir organisé sa marche du 23 septembre « contre le coup d’État social », il se voyait comme le fer de lance de la contestation sociale. Mais, après la forte mobilisation intersyndicale du 16 octobre, après avoir espéré que son leadership était reconnu, échouant à organiser « une large action commune de tout le champ impliqué dans cette lutte », il s'en prenait aux directions syndicales : « Le « vieux monde » impuissant à vouloir et à changer quoi que ce soit, ce n’est peut-être pas qu’un thème politique. Les directions des corps intermédiaires peuvent-elles être autre chose que des rouages à l’intérieur d’une réalité qui fonctionne comme un bloc ? » On peut légitiment reprocher une volonté hégémonique au leader de FI mais on ne peut lui dénier de poser, même si c’est de façon erronée, la question des rapports entre partis politiques et syndicats. Pour l’heure, le principe auquel s’en tiennent le syndicats repose sur la notion d’autonomie. En conséquence, pas question d’avoir des initiatives communes avec les partis politiques. Dans sa forme la plus caricaturale, on trouve l'injonction de Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, (L’épreuve de vérité du 21 décembre) « Je ne me mêle pas de politique, alors que M. Mélenchon ne se mêle pas de syndicat ». Pour la CGT, c'est le syndicaliste historique Jack Potavin qui s'est chargé de mettre les points sur les i dans une tribune publiée dans l'Humanité du 3 novembre « L’indépendance syndicale vis-à-vis du politique est une valeur forte. Cela ne veut pas dire la neutralité par rapport aux questions politiques, mais l’autonomie de choix et de décision. » Et revoilà l'intouchable charte d'Amiens. Je persiste à penser que cette charte n'est plus de mise, que le risque d'instrumentalisation des syndicats par des partis politiques est plus que mineur et qu'elle constitue aujourd'hui un obstacle pour lutter ensemble, pas seulement côte à côte, car l'adversaire commun est plus redoutable que jamais. Roger Hillel