Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

devenir une force politique non seulement critque mais d'alternative crédible

Daniel PICQ Contribution à la préparation du congrès du PCF 19/3/2018 Fédération de l’Yonne La crise de civilisation que nous vivons pose comme jamais la question du dépassement du capitalisme. Elle exige d’autres priorités, d’autres choix, pour un autre mode de développement. Quelle société voulons-nous? Une société fondée sur le libre développement de toutes et tous, une société qui lie liberté et collectif, une société de mise en commun et de partage. Une nouvelle conception du communisme. L’intense campagne orchestrée après l’effondrement des pays qui se sont réclamés du communisme nous a conduits à mettre de côté la question du communisme au profit d’une démarche qui consistait à vouloir faire bouger toute la gauche. Le communisme est un mot qui est visiblement associé au passé. Le PCF, qui n’a pas été au bout de son cheminement politique, en paye aujourd’hui l’addition. Mais les politiques mises en œuvre en France depuis 1983 par la social-démocratie, et auxquelles nous avons été associés, pèsent tout autant. Un autre mot ? Ou ajouter « nouveau » à communisme ? Le fond doit passer avant la forme. Une question devrait hanter la préparation de ce congrès : qu’est-ce qu’il y a de nouveau, de neuf, chez les communistes en 2018 ? Répondre à cette interrogation demande du courage et de la volonté pour répondre aux grandes questions qui nous sont posées depuis de nombreuses années, et devenir une force politique non seulement critique mais d’alternative crédible. Le travail et sa finalité : quoi produire ? Pour qui ? Et comment ? Au cœur de nos réflexions il devrait y avoir : les conditions de travail, l’impact écologique, la démocratie sociale. Notre proposition de sécurité d’emploi et de formation devrait être le centre de nos préoccupations car si elle est le moyen pour en finir avec le chômage, elle renvoie aussi à une autre conception du travail et de ce qui serait utile à la société et aux êtres humains. C’est neuf, et ça répond aux enjeux de notre époque. C’est une proposition qui peut permettre de répondre aux besoins nouveaux de développement de la société et des êtres humains. D’autres questions devraient être réellement débattues, approfondies comme : celles qui tournent autour du climat, de la démocratie, de l’appropriation sociale et des moyens permettant la reconquête dès maintenant des pouvoirs sur l’argent. Quelle stratégie ? Réaffirmer et préciser notre démarche de dépassement du capitalisme comme étant un processus de luttes, de débats idéologiques, de conquêtes électorales, de rapport des forces sociales et politiques. Un processus démocratique avec ses moments d’avancées et de ruptures comportant des hauts et des bas. Bref, une stratégie « d’évolution révolutionnaire » comme l’envisageait Jaurès. Une stratégie de rassemblement, qui ne perd pas de vue que « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Car ce qui a fait défaut dans nos stratégies passées, c’est la non-implication du monde du travail, des milieux populaires et des jeunes. Ce n’est pas d’abord à une coalition de forces que nous devons travailler mais au développement des luttes sociales et à la construction d’un front commun pour agir tout de suite contre les décisions gouvernementales, et dans ce mouvement construire une plateforme alternative au pouvoir Macron. Pour les élections, c’est le contenu de la plateforme qui doit délimiter les contours du rassemblement et pas l’inverse. Les élu-e-s Non seulement il faut réaffirmer leur utilité, mais surtout réévaluer leur rôle dans un processus de conquêtes de pouvoirs, pour une transformation de la société pas à pas. Démontrer concrètement qu’une autre politique est possible Pour cela, il faut être sur le terrain de l’affrontement idéologique avec les libéraux de tout poil, sur des questions comme : « coût » du travail, concurrence, souplesse, privatisation… Montrer ce que la politique peut faire, que les fameuses « contraintes économiques» sont des choix politiques. Imposons nos thèmes, idées et propositions dans le débat public : argent et développement humain, « coût » du travail – coût du capital… Et disputer aux forces libérales le terrain de l’efficacité économique et sociale. Et cela concrètement, pied à pied. Ne pas être seulement sur le terrain de la régulation du capitalisme : réduction des inégalités, meilleure répartition des richesses. Une proposition d’initiative : Sur le thème « rien ne se fera sans vous », organiser partout dans le pays des réunions publiques de toutes dimensions, utiliser les nouveaux moyens de communication pour décrypter les projets et décisions du pouvoir Macron, démontrer la faisabilité de nos propositions. Organiser un véritable travail d’éducation populaire de longue durée, dans l’esprit de la bataille contre le TCE en 2005. Pour agir et peser sur le cours des choses, il faut comprendre. Cette initiative pourrait permettre de s’attaquer à la défiance à l’égard des partis politiques et de la politique elle-même. Elle pourrait nourrir les luttes sociales et contribuer à faire grandir la conscience politique. Les transformations du parti Interrogeons-nous sur l’efficacité de nos structures locales. Ne faut-il pas reconstruire des structures au plus près des adhérent-e-s tout en conservant la section comme lieu d’échanges plus vastes et comme lieu de souveraineté. Développer des réseaux thématiques ouverts à toutes celles et tous ceux qui veulent agir sur une question précise, membre du parti ou non. Favoriser l’expression et la prise en compte de la diversité des opinions et le besoin de travail en commun et même d’unité. Nous avons des atouts pour réussir ce congrès Sans renoncements ou reniements. Nos échecs successifs doivent nous conduire à tout mettre sur la table. En veillant à la liberté de parole de chaque adhérent-e. La confrontation d’idées, d’expériences, ne peut être que l’affaire de toutes et tous. Les affrontements textes contre textes où il s’agit de se compter n’ont pas permis de résoudre les questions cruciales qui nous sont posées depuis des années. Ils ont souvent placé les adhérent-e-s dans une situation où il s’agissait d’approuver ou désapprouver des textes alors que chacun-e devrait pouvoir à égalité développer ses idées, ses analyses et ses propositions, et progresser dans ce débat vers des choix et décisions clairs.