La révolution numérique - Congrès PCF

Faire apparaitre l'invisible

Dans le numéro de l'HD paru hier (8 Mars 2018) l'article consacré aux EGRN 2018 de ce week-end s'appesantit encore une fois sur les GAFAM et NATU qui ne sont que la partie émergée de l'iceberg de la révolution numérique et de la révolution informationnelle qui sont conjointes. On focalise beaucoup trop sur la seconde alors que c'est la première qui la permet et lui donne donc vie. On se trompe en laissant croire que la révolution informationnelle est immatérielle alors que des tonnes de matériels énergivores servent à stocker, traiter, communiquer l'information qui s'enrichit au passage des usages de tous ces moyens matériels numériques - ainsi un logiciel nécessite un support, des outils de conception et de développement, de tests unitaires et d'intégration, de maquettes parfois en vraie grandeur pour le valider, d'outils de mesures pour l'optimiser à son contexte d'usage une fois chez un utilisateur. S'il est vrai que le big data est un sujet à maitriser et à orienter, les impacts des outils, machines et équipements numériques sur le travail et au delà sur nos vies humaines, individuelles et collectives, doivent être mieux appréhendés. Mieux encore, il faut faire apparaitre l'invisible que beaucoup trop ignorent soit par méconnaissance, soit par désintérêt, soit au contraire par intérêt personnel, à savoir la situation de l'industrie du numérique matériel en France et en Europe qui est un véritable angle mort de la plupart des acteurs de la vie économique, à commencer par l'Etat lui-même qui saupoudre l'argent public sans véritable vision industrielle nationale et sans exigence de contreparties.. L'atelier N°8 de ce soir aux EGRN 2018 (de 18H à 20 H) va traiter de ces questions. Alors que tout le monde reconnait que notre système de production est en retard et donc est appelé à se moderniser en s'équipant avec des outils numériques, notre secteur industriel couvrant l'électronique, l'informatique et l'optique affiche déjà à lui seul en 2016 un déficit commercial de plus de 15 milliards d'euros (et qu'est devenu celui-ci en 2017 alors que le déficit commercial global a augmenté par rapport à 2016 de près de 50% en passant de 44 milliards à 62 milliards d'euros?) Il faut aussi savoir que des domaines fondamentaux de cette industrie où la France et l'Europe sont à la peine face aux USA et à l'Asie nécessitent des investissements colossaux de plusieurs dizaines de milliards d'euros pour rester dans la course, soit des montants qui aujourd'hui ne peuvent être conçus qu'au niveau européen en construisant des coopérations et des collaborations industrielles sous l'égide des Etats comme cela a existé par le passé avant l'arrivée de cette UE qui ne prône que la concurrence, avec donc les résultats désastreux que l'on peut amèrement constater. Sur ce sujet, des convergences objectives peuvent être trouvées aujourd'hui avec des patrons et les catégories ICT dont les écoles se demandent à quoi finalement elles servent réellement quand nombre de diplômés dans un domaine particulier vont vers des emplois liés à la finance, au conseil, ... ou s'expatrient.