Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

Infrastructure et superstructure du PCF

Le débat sur l’organisation du PCF renvoi inexorablement au débat que les marxistes mènent sur le lien entre l’infrastructure et la superstructure. Selon les Marxistes, les superstructures sont bien déterminées en dernière instance par l’infrastructure sociale comme fondement objectif de la vie humaine. Mais elles connaissent également leurs propres développements et agissent en retour sur l’infrastructure. Même si cette dernière pose des limites objectives à leur autonomie, les effets rétroactifs des superstructures ne sont pas moins importants que l’influence de l’infrastructure. Seule l’interdépendance et l’action réciproque de ces deux moments forment l’unité de la vie sociale, dans le processus historique. Ces actions et réactions influencent la conscience sociale par la dynamique d’intervention. En effet dans toute infrastructure il existe des aspects aliénants et des aspects émancipateurs. L’enjeu de la construction des superstructures est donc de favoriser les aspects émancipateurs contre les aspects aliénants. Cela dit, nous sommes bien ennuyés car nous devons examiner cette question en analysant l’infrastructure de l’intérieur et non pas regarder le PCF de l’extérieure. Cela pose donc une autre question. Quelle conscience avons-nous de nous-même ? non pas de chacun d’entre nous mais de ce nous collectif. Il est à craindre que dans ces moments de doutes politiques chacun réponde sur comment il aimerait se faire entendre ou comment il aimerait pouvoir être actif dans la «superstructure». Malheureusement cela ne garantira pas l’efficacité car la juxtaposition des aspirations individuelles ne fera pas une organisation à la hauteur de nos besoins. Après cette introduction générale voici quelques éléments de réponse. Parmi les composantes de notre infrastructure, il y a l’appartenance sociologique des adhérents du PCF. Il est malheureusement en décalage avec les catégories sociales « pour lesquelles nous nous battons ». En effet la trop faible présence d’ouvriers, d’employés, salariés peu qualifiés, de sans emploi, de précaires et d’immigrés fait que nous avons du mal à appréhender « spontanément » la pratique politique dont ils sont porteurs. Nous devons donc faire un effort pour interroger et impliquer ces femmes et ces hommes afin qu’ils se retrouvent dans la «superstructure» que nous voulons construire. La «superstructure» qui sortira du congrès ne sera pas, qu’on le veuille ou non, en dehors de la société. Nous devons donc identifier dans la société quelles sont les pratiques politiques des citoyens qui handicapent l’émancipation. J’en identifie principalement deux : La délégation de pouvoir et versatilité des opinions et des pratiques. Le PCF n’est pas à l’abri de la délégation de pouvoir. Combien de camarades considèrent que le premier « dirigeant » d’une structure doit être responsable de tout. Les instances de direction du PCF sont, théoriquement, le Conseil National et les Conseils Départementaux et Locaux. De nombreux membres de ces instances parlent des directions du parti comme si elles se situaient ailleurs. Ils le font, soit par renoncement à jouer leur rôle soit parce que il ont l’impression que les décisions se prennent ailleurs. Nous devons nous interroger sur notre manque de capacité à travailler collectivement. Je ne jette pas la pierre aux camarades je dis simplement que notre « nouvelle » «superstructure» doit nous obliger à des directions collectives et à du travail collectif, n’est-ce pas le sens du mot communisme ? Concernant la versatilité, je constate que nous avons mené ou participé à de nombreuses expériences politiques. Malheureusement, bien souvent nous ne savons pas en tirer les enseignements positifs. Nous concluons hâtivement que comme elles s’arrêtent elles ont échouées. Je suis favorable à de telles expériences qui nous permettent toujours de rencontrer des gens qui souhaitent changer la société. Mais participer consciemment à une expérience nécessite beaucoup de maturité politique aux risques de refaire les mêmes erreurs et de ne pas tirer les bons enseignements. Je pense que nous devons dans notre «superstructure » laisser plus de place aux expériences mais avec toutes la maturité nécessaire et non pas en les prenant soit pour des gadgets soit pour des outils de communication. Pour conclure, j’espère que nous élaborerons une «superstructure» à l’image de ce que nous savons du fonctionnement de notre cerveau. C’est-à-dire une matière vivante ayant des propriétés de plasticité. J’encourage les camarades à aborder cette question avec tous les outils méthodologique dialectique de la complexité et pas uniquement de la dialectique mécanique. Grégoire MUNCK