La révolution numérique - Congrès PCF

Intégrer et revendiquer le salaire étudiant, mener la bataille pour le salaire socialisé

La révolution numérique bouleverse profondément le monde du travail : d'une part elle remodèle les métiers existants et en produit de nouveaux, d'autre part elle s'accompagne d'une nécessaire élévation importante du niveau de qualification pour permettre la maitrise du travail dans tous ses nouveaux aspects. À l'heure actuelle, cela mène aussi à des métiers hautement qualifiés, très valorisés et bien rémunérés, mais aussi une disparition voire une déqualification de certains métiers. Qui plus est, l'organisation libérale du travail actuellement à l'oeuvre s'appuie sur ces changements pour rompre les solidarités persistantes et individualiser le travail, ce qui met le rapport au travail dans une profonde crise. Concrètement, les travailleurs et les travailleurs ont parfois l'impression que ce qu'ils font n'a que très peu de sens. D'autre part, les libéraux ont tout à fait compris que l'élévation du niveau de travail est incontournable; pour autant, ils souhaitent que les travailleurs qualifiés intègrent la nouvelle organisation libérale du monde du travail, avec des métiers qualifiés qui ne seraient pas rémunérés à leur juste valeur. Cela passe notamment par la formation des futurs travailleurs, notamment dans l'enseignement supérieur, où les étudiant.e.s se voient dispenser des cours de marketing personnel et de rédaction de CV, et l'acceptation progressive du moins-disant social, et ce au sein de leur formation. Comme de nombreuses travailleurs actifs, les étudiant.e.s et les autres travailleurs en formation se considèrent comme tels et sont conscients des enjeux de leurs futurs métiers, et ils aspirent à pouvoir vivre de leur travail, à disposer de temps libre pour les loisirs tout en ayant une vie professionnelle accomplie et qui ait du sens. Les débats récents qui ont porté sur les rapports nouveaux au travail, à sa rémunération, voire au lien travail-salaire en sont une illustration claire, et ils traversent l'ensemble de la société. La popularité que rencontrent à l'heure actuelle le revenu universel et le salaire à vie en sont l'illustration notoire. Depuis peu, le PCF a fait le choix de porter la sécurité emploi-formation : assurer un salaire, pendant l'emploi comme la formation. Sur ce second point, un autre organisation du mouvement communiste, l'UEC, porte depuis fin 2014 le salaire étudiant et l'a développé progressivement pour répondre aux enjeux du milieu étudiant. Plus largement, le MJCF porte la proposition d'un salaire socialisé - dont ce salaire étudiant depuis son congrès de fin 2014 - pour les jeunes avec ou sans emploi, comme en formation. Alors que ces deux organisations ont developpé ces propositions politiques en phase avec leurs milieux, le PCF reste sur la proposition d'une simple revenu pour les jeunes et d'augmentations des bourses étudiantes : cela n'est pas à la hauteur des enjeux, et surtout cela ne reconnait la dimension qualifiée du travail et de la formation des jeunes et des étudiant.e.s. C'est même là où s'engouffrent les libéraux, et face à laquelle renonce une partie du mouvement social, pour développer un véritable misérabilisme auprès des jeunes. Ces derniers sont alors dépeints comme des êtres dans le besoin, au lieu d'être considérés comme les travailleurs et travailleuses qualifié.e.s de demain. Ne pas considérer la jeunesse à sa juste valeur, c'est mettre en échec l'avenir du pays : condamner à vivre en-dessous du seuil de pauvreté, généraliser le RSA à tout.e.s les jeunes, ce n'est pas ce qui valorisera le travail qualifié pour tout.e.s et qui permettra la réussite du pays. Les jeunes aspirent à réussir leurs études, à réussir dans leur métier, à vivre pleinement et dignement, à pouvoir avoir du temps pour les loisirs. Le PCF se doit de se réapproprier le salaire étudiant, tout comme le salaire socialisé pour l'ensemble des jeunes, en l'intégrant et en l'enrichissant au sein de la sécurité emploi-formation : d'une part, cela ouvrirait la voie à une démarche offensive pour étendre, et non pas seulement défendre, la Sécurité Sociale avec la création d'une branche dédiée à la formation; d'autre part, pour rendre universel le droit à la retraite, à la santé, à la formation continue pour les travailleurs et travailleuses de demain, mais aussi pour celles et ceux qui sont déjà au travail. D'autre part, cela permettrait de créer un lien effectif entre formation et salaire, et ainsi sortir plusieurs milliers de jeunes de la précarité, pour leur permettre de vivre et de travailler pleinement, sereinement. Valoriser le travail pendant les études, c'est permettre la réelle revalorisation de la formation continue, avec l'assurance de moyens matériels et financiers et ce peu importe le type de métier occupé dans le monde du travail. Aussi, cela serait un point d'appui pour réaffirmer le lien entre salaire et travail, et plus particulièrement entre diplôme, conventions collectives et salaires. Si les libéraux s'attaquent à la cohérence des formations universitaires, à la qualification et à la valeur des diplômes, c'est pour revoir les niveaux de droits sociaux à la baisse en premier lieu pour les diplômés, mais aussi pour les milliers de non-diplômés qui ne sont pas aussi bien protégés que les diplômés des aléas de l'organisation libérale du monde du travail. Les attaques contre les diplômes nationaux sont également autant d'attaques contre la fonction publique, notamment la catégorie C, qui s'appuie sur ces diplômes pour définir les niveaux de salaire, de droits sociaux et les possibilités d'évolutions professionnelles. Le PCF se doit de porter la reconnaissance du travail pendant la formation pour mieux porter la bataille cruciale dans le monde du travail pour la revalorisation des droits sociaux des diplômés comme des plus précaires. En effet, cela donnerait d'autant plus de force aux travailleurs de demain pour revendiquer leurs droits, pour faire valoir ses savoirs et savoirs, leurs capacités effectives de maitrise des outils de leur branche professionnelle. Porter la bataille du salaire, de la cotisation, c'est le point de départ pour permettre de libérer le monde du travail du pouvoir de l'Etat bourgeois, du patronat et de ses alternances. Plus que jamais, les travailleurs et travailleurs, en formation, sans emploi, en activité, doivent pouvoir disposer des conditions suffisantes et nécessaires pour penser et organiser au quotidien le travail de la manière la plus pertinente qui soit. Cela suppose donc de disposer du pouvoir décisionnel : sans salaire suffisant et récurrent, seule une infime minorité sera en capacité de le faire, et à l'heure actuelle c'est cela qui assure l'emprise du patronat et de ses amis libéraux sur le monde du travail. Les travailleurs et travailleuses de ce pays méritent mieux que le chaos libéral actuel : plus que jamais, menons haut et fort la bataille du salaire socialisé pour permettre à toutes, à tous de vivre de son travail sans être la peur du lendemain.