Paix - Congrès PCF

L’océan Indien : enjeu international et poudrière mondiale

L’océan Indien est un « théâtre d’influences géopolitiques, de confrontations stratégiques et de revendications de souveraineté, tant sur terre qu’en mer » pour reprendre la phrase de l’analyste en géopolitique et sécurité internationale, Jean-Pierre NUMA. Les Maldives en font aujourd’hui les frais. A qui le tour demain ? Et quelle est la stratégie française dans cet océan ? En tout état de cause, on est loin, très loin, de cet objectif affiché il y a quelques années « océan Indien, zone de paix ». L’Inde va construire une grande base militaire aux Seychelles. Un accord d’une durée de 20 ans a été signé fin janvier ; il prévoit la construction d’une base aérienne et d’installations navales sur l'île de l’Assomption, (au Sud-Ouest de Mahé). « Cet accord renforce notre engagement, non seulement à approfondir les relations entre l'Inde et les Seychelles, mais aussi à porter notre partenariat à un autre niveau », selon le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmanyam Jaishankar. Pourquoi ? Cette partie du monde est un point stratégique clé entre les principales voies maritimes mondiales par lesquelles transite près de la moitié de l'approvisionnement pétrolier mondial, chaque jour. En outre, l’Inde a déjà mis en place des centres d’observation militaires aux Maldives, à Madagascar et à Maurice. Cet accord entre l’Inde et les Seychelles intervient après la signature, par le président des Maldives, Abdulla Yameen, d’un accord qui souligne la décision des Maldives de faire partie du projet des Routes de la Soie, voulue par la Chine. Il s’agit de développer des lignes de communication routières, ferroviaires et maritimes pour relier la Chine à l’Europe et à l’Afrique orientale. Les Maldives, aujourd’hui en proie à une crise politique considérable. Les Maldives, simple pion sur un échiquier politique et « dommage collatéral » d’une bataille entre les deux puissances émergentes que sont la Chine et l’Inde. Car la Chine, depuis février 2017, construit une base militaire navale à Djibouti, qui servira officiellement à «effectuer des missions navales anti-piraterie au large de la Somalie, à fournir une assistance humanitaire et à faciliter la participation des troupes chinoises aux missions de maintien de la paix de l’ONU, en Afrique». Officieusement, cela va servir à sécuriser les importants intérêts commerciaux de la Chine dans cette région et à la positionner en tant que grande puissance mondiale. Après Djibouti, la Chine envisage de construire une autre base navale au Pakistan, c’est ce fameux « collier de perles » qui crée une chaîne de bases navales chinoises dans l’océan Indien Autre manifestation de la compétition entre Chine et Inde : l’achat des terres agricoles d’Afrique de l’Est par ces deux grandes puissances commerciales. La bataille fait donc rage entre l’Inde et la Chine, dans l’océan Indien. Et que fait la France, pendant ce temps-là ? Elle regarde ailleurs et laisse la Banque centrale populaire (BCP) acquérir, auprès de la Banque Populaire - Caisse d’Epargne (BPCE), la Banque des Mascareignes, établissement de crédit basé à Maurice, et sa filiale malgache, la Banque des Mascareignes Madagascar. « Cette opération s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’expansion panafricaine du groupe BCP. Son implantation à l’Ile Maurice permettra en particulier au groupe de se positionner fortement sur les flux d’investissements en provenance d’Asie (Chine et Inde notamment) vers l’Afrique. L’objectif est aussi d’accompagner la dynamique croissante des investissements entre l’Afrique anglophone et francophone ». Ce dernier objectif laisse sceptique. L’océan Indien n’est plus cette zone de paix. C’est une poudrière en puissance, dont l’explosion peut se faire à tout moment. Les prochaines guerres pourraient s’y dérouler. Les armes nucléaires sont présentes, via des pays concurrents qui implantent ou renforcent leurs réseaux pour se surveiller. Et au milieu de tout ça : La Réunion et Mayotte. Quel est leur avenir ?