Notre démarche stratégique de transformation et de rassemblement, sur la base d'un bilan de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle - Congrès PCF

Le bilan : complaisant ou autocritique ?

Les questionnaires biaisés, imposés par la direction du PCF fin 2017, n’ont été remplis que par une petite partie des adhérents. Toutefois, une synthèse a révélé que, malgré le fait que la question du bilan stratégique n’avait même pas été évoquée dans ce questionnaire, cette dernière ressortait comme une évidence. En effet, quoi de plus naturel que de vouloir analyser notre passé pour savoir ce qui a amené le PCF aussi bas, et pour demain peut-être, mieux aller de l’avant ? Pourtant, la reconnaissance qu’un congrès extraordinaire puisse se pencher sur ses décisions et actes passés, est l’objet d’une véritable bataille. Mais de quoi a donc peur la direction ? Finalement, cette dernière, sous la pression d’une partie des adhérents, a été obligée de rajouter sur le site du congrès un thème de débat avec un titre à rallonge plutôt nébuleux relatif au bilan. Soit. Mais cela n’assure pas que le congrès en débatte et fasse la lumière sur ces sombres années. Alors je me suis livré à un petit exercice de retour sur le passé, et notamment sur la période qui va de la fin des années 90 au début des années 2000. En 1995, R.Hue, fraichement élu secrétaire du PCF, est présenté aux présidentielles : son score, forcément non lié à son bilan, montre une progression (8,6%) ; et aux législatives de 1997, le PCF réalise 10% des voix. En 2002, soit 7 ans plus tard, R.Hue chute à 3,4% des voix et le PCF ne fait plus que 4,8% aux législatives. Mais que s’est-il donc passé entre temps ? Que l’on ne nous dise pas pour la énième fois que c’était de la faute à un déclin inéluctable ou encore celle de l’URSS (sa dissolution datant de 1991). Alors quoi ? Rappel des faits. Peu de temps après sa prise de pouvoir, R.Hue lance la mutation du PCF et suite aux législatives de 1997, s’accorde avec le PS sur un texte minimaliste pour participer au gouvernement. On apprendra bien plus tard que le PS avait exigé que le PCF taise son opposition à l’Union européenne. R.Hue ira plus loin en faisant adhérer le PCF au PGE et en créant une liste "Bouge l’Europe" en 1999 : il aura réussi à transformer de fond en comble la politique européenne du PCF sans débat. Depuis, rien n’a été modifié ; pire, le PCF s’est enfoncé dans une soumission malsaine à l’U.E. et à l’euro, le faisant côtoyer les pires partis réformistes à l’image de Syrisa, tout en l’éloignant petit à petit de la plupart des partis communistes européens. La "mutation" s’est avérée n’être qu’une vulgaire transformation du PCF en un parti réformiste, en détruisant les cellules et son implantation au plus près des travailleurs dans les entreprises, et en achevant d’en faire un parti d’élus essentiellement tourné vers les institutions bourgeoises. Pour mener à bien cette mutation, R.Hue aura dirigé le parti en agrégeant le courant le plus droitier du PCF avec celui des "refondateurs" (G.Marchais les appelait les liquidateurs) principalement implantés en Seine-Saint-Denis, tout cela sur fond de légitimisme, c’est-à-dire d’acceptation non critique des décisions de la direction par une majorité d’adhérents. Au nom de sa participation au gouvernement Jospin, le PS aura réussi à faire avaler de sacrées couleuvres au PCF. C’est ce gouvernement qui va le plus privatiser, avec entre autres les dernières banques encore nationales ainsi qu’un des fleurons de l’industrie française, l’aérospatiale, sous la signature d’un certain JC.Gayssot. Actualité oblige, n’oublions pas le processus de démantèlement de la SNCF par ce ministre issu des cheminots. D’ailleurs qu’en pensent les cheminots aujourd’hui encore membres du PCF ? A la fin de son mandat, JC.Gayssot mis en minorité dans sa section (Béziers) sera autorisé par R.Hue, contre les statuts, à créer sa propre section avec deux ou trois autres adhérents... Lorsque j’ai adhéré au PCF (années 70), participer à un tel gouvernement était impensable ; nous appelions cela, de la collaboration de classe, tellement haïe des communistes français puisque son rejet était notamment à l’origine de la création du PCF en 1920 suite au gouvernement d’union nationale qui avait encouragé l’horrible charnier de la guerre mondiale de 14-18. Rendons hommage toutefois aux députés communistes qui se sont levés contre cette politique désastreuse du gouvernement Jospin : G.Hage, doyen de l’Assemblée, M.Gremetz, dernier ouvrier de l’Assemblée, A.Gerin, Patrice Carvalho... Comment peut-on penser que toute cette période n’a pas eu d’influence sur ce que l’on vit aujourd’hui au sein du PCF ? Pourquoi n’y a-t-il jamais eu d’analyse de cette période ? Ces évènements ne sont-ils pas à l’origine de toute la politique qui a suivi ? MG.Buffet n’était-elle pas ministre de ce gouvernement Jospin ? aux côtés d’un certain JL.Mélenchon ? Lorsqu’elle a pris la tête du PCF, n’a-t-elle pas déclaré qu’elle poursuivrait la mutation ? que Marx n’appartenait qu’au 19ème siècle ? Par la suite, il y aura les comités antilibéraux, la "métamorphose" avortée de 2007, la tentative de dilution dans le Front de gauche, la casse de la fédération de la Somme et l’éjection violente de M.Gremetz, l’effacement derrière Mélenchon… sans parler de la période P.Laurent, mais c’est une autre histoire, l’histoire de la poursuite de la transformation d’un parti révolutionnaire en un parti réformiste… la mutation social-démocrate du PCF ! Pascal Brula, section de Lyon