Conception et rôle de nos directions - Congrès PCF

PCF, intellectuel collectif et adhérent centre de gravité

Les conceptions de l’organisation et du rôle des directions dépendent de la stratégie décidée en analysant la société pour agir à sa transformation. Elles sont donc appelées à évoluer pour répondre aux réalités d’aujourd’hui. Ceci suppose quelques remarques sur les caractéristiques de la période dans laquelle sont entrés notre société et le monde. Chaque jour le capitalisme envoie un peu plus l’humanité dans le mur, misère, guerre, dictature, catastrophe écologique, explosion des trafics, banalisation de l’inhumain. Chaque jour son caractère de plus en plus parasitaire s’affirme en total contradiction avec les possibilités et les intérêts de l’immense majorité, les salariés mais aussi d’autres catégories. Le fait qu’il existe une base sociale largement majoritaire n’est pas une question annexe pour la nature de nos pratiques. Ainsi, faire de cette majorité les acteurs du changement ne peut se réduire à une démarche de ralliement au PCF. Cela nécessite de travailler la nature des pratiques citoyennes pour y parvenir, ce qui ne relève nullement de la spontanéité. Cela suppose d’élever notre apport politique, idéologique, de porter des propositions dans une confrontation politique intense. Mais aussi, de porter une plus grande capacité à se saisir des situations et une aptitude à participer à la définition des contenus et des formes d’actions avec ceux qui n’acceptent plus la situation qui leur est faite. Il en va de même au plan électoral « nous ne voulons pas représenter le peuple mais lui permettre de conquérir en toutes circonstances des droits à la décision politique » comme l’écrit Pierre Laurent dans Cause Commune. Car, face aux conséquences de la domination capitaliste, de plus en plus destructrice, se pose avec force le besoin de comprendre le pourquoi, le comment faire, l’appréhension d’autres possibles en terme de questions posées au plus grand nombre. Oui, une société nouvelle frappe à la porte posant la nécessité d’un fort renouvellement de la pensée communiste pour empêcher le pire. C’est à l’aune de cet enjeu que se posent les questions de la transformation du parti et du rôle des directions. C’est exigeant et appelle beaucoup de travail, d’engagement, de créativité, c’est aussi l’aventure fabuleuse de notre époque, celle de l’émancipation humaine où il nous faut traiter au concret les enjeux de société : - construire les solidarités et les convergences du présent, - impulser en tous domaines des conquêtes porteuses d’avancées émancipatrices en rupture avec les logiques du capital. Le tout dans un affrontement de classe où la classe dominante ne renoncera jamais, sans y être contrainte par un rapport de force supérieur. C’est ce qui pose la nécessité d’être un parti et pas seulement un mouvement. Nous avons besoin d’une structuration de l’organisation et des directions pour impulser une mise en commun des savoirs, des intelligences, des capacités d’action, pour aider, former, mettre en cohérence la diversité des contestations, des luttes que ce soit en terme de sens ou de convergences d’actions. Cela interroge nos pratiques notamment en termes de démultiplication des sujets à traiter ou de nature des temps forts à organiser. Ceci me conduit à souligner quelques aspects du travail de direction qui me semblent essentiels. Élever notre capacité politique, appelle à réinvestir dans les conditions d' aujourd’hui la notion de PCF comme intellectuel collectif en cohérence avec les avancées de la vie démocratique du parti faisant de l’adhérent le centre de gravité de notre fonctionnement. Le parti comme lieu de production d’analyses, d’échange des savoirs, des expériences, lieu d’information et de formation avec pour finalité le développement de notre maîtrise individuelle et collective des questions, de nos capacités d’actions. C’est d’autant plus important que nous vivons dans un monde complexe où la maîtrise des connaissances appelle du collectif, du partage, de l’échange. Sans oublier que la transformation sociale est une création continue où le concret des situations n’est jamais écrit d’avance. Ainsi, la mutualisation des expériences, le débat font partie des constructions de savoirs qui jalonnent ce processus dans lequel les militants sont des experts de terrain et de la confrontation au concret dont l’apport est indispensable. De ce point de vue redevenir un parti de masse est également nécessaire à la connaissance du vécu, des représentations de ceux à qui l’on s’adresse et donc de la capacité à être convainquant comme à être acteur d’une grande diversité d’actions. Cela suppose aussi des directions permettant à ces femmes et à ces hommes d’y prendre des responsabilités. Un peuple citoyen n’est pas un peuple désorganisé ou atomisé, nous avons un rôle à jouer pour y contribuer. Mais comment le collectif communiste pourrait-il y parvenir sans être organisé et sans une direction investie dans la construction et l’impulsion concrète de ces chantiers ? La centralité de la direction ne reposant pas sur la verticalité du couple décideurs/ exécutants, mais sur la construction des décisions par : - la mise en dynamique de la diversité des apports et leur mutualisation, - la prise de décision à la majorité, - l’impulsion et l’animation de sa mise en œuvre en cherchant toujours à concerner le plus grand nombre d’acteurs possible. Diriger c’est aussi savoir écouter et aider, de ce point de vue, la pratique de suivi des fédérations et des sections devrait être réexaminée pour être réfléchie comme une aide. Nous avons tous besoin à un moment ou à un autre d’une écoute, d’un échange sur les problèmes que nous rencontrons. Le deuxième volet du sujet est l’approfondissement de notre pratique démocratique pour que l’adhérent soit mieux encore notre centre de gravité. Le besoin de concevoir nos congrès de façon nouvelle en est une illustration significative. Pour bien définir nos choix politiques en commun encore faut-il définir collectivement les questions à débattre. L’adhérent ne peut avoir pour seule fonction de participer au débat du congrès sur les seules questions définies par la direction Construire en commun c’est définir en commun l’objet et les termes du débat. Pour décider de la façon la plus instruite et assurer la pleine souveraineté des adhérents sur les choix de leur parti. Car de la même façon que l’on ne fait pas le bonheur du peuple sans lui, on ne change pas le parti sans élaborer ces changements avec les adhérents. De ce point de vue, au-delà des limites du questionnaire préparant l’assemblée des secrétaires de sections cette pratique est riche de développements possibles. Cette sollicitation de toutes les expériences, de toutes les intelligences participent de l’appropriation des termes du débat et des choix à y opérer. Au-delà du congrès, associer toujours plus l’adhérent à la définition des choix et des initiatives à prendre participe de la conception du travail de direction. L’intérêt de l’engagement du militantisme est d’autant plus grand que l’on a pleinement les moyens d’être auteur et acteur du devenir auquel on aspire. Mais tout ceci s’anime, se travaille, s’alimente de la part des directions pour fonctionner. Mener une campagne, être capable de la faire vivre dans la durée, nécessite d’évaluer les résultats, les obstacles, les enseignements à tirer, les évolutions à effectuer pour progresser. De mettre en dynamique actions du parti et de nos élus, valoriser chaque conquête sociale, chaque avancée démocratique, chaque résultat obtenu petit ou grand, valorisant l’utilité de l’action, de l’intérêt du travail commun, du rassemblement. Diriger c’est animer une pédagogie de l’utilité de l’action. En conclusion, je pense que la mise en synergie de tous ces éléments participe d’une approche à développer du rôle des directions et du parti pour être plus et mieux ce collectif de femmes et d’hommes libres, associés et égaux inscrivant leurs pratiques, leur fonctionnement dans ceux que posent le dépassement du capitalisme. Nathalie Simonnet, fédération de Seine Saint-Denis