Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

Pour trouver les bonnes réponses se poser les bonnes questions.

L'hégémonie libérale actuelle et les destructions provoquées par le capitalisme, exigent en réponse un PCF à la hauteur des événements. Nous devons donc reconstruire un outil efficace pour préparer la transformation sociale dont nos sociétés ont besoin. Cette contribution vise à soulever des éléments nécessaire pour la réflexion des communistes dans cette perspective, mais elle n'est naturellement pas exhaustive. Comprendre et analyser l'état du monde du travail : un impératif pour être efficace La crise actuelle n'a pas commencé en 2008 avec les « subprimes » mais bien avant. Les années 1970 marquent la fin d'une longue période d'accumulation de capital, initiée après la Seconde Guerre Mondiale. Depuis cette époque, les difficultés des capitalistes à assurer un taux de profit satisfaisant les ont conduit à imposer un certains nombre de transformations, qui ont frappé durement le monde du travail. L'apparition de la désindustrialisation, du chômage de masse et de la sous-traitance ont permis aux capitalistes de renforcer leur domination en renforçant l'exploitation et en divisant les travailleurs. En effet, nous constatons tous les difficultés à mobiliser les travailleurs en raison de cette atomisation. Auparavant, la sociabilité ouvrière était facilitée par la fréquentation quotidienne d'un même grand lieu de travail et par la concentration géographique dans les quartiers ouvriers. Aujourd'hui, la conscience de classe des ouvriers et employés s'est affaissée. L'affirmation de l'identité ouvrière, autrefois permise par cette sociabilité ouvrière, a cédé la place à des identités par défaut, peu mobilisatrices et peu valorisantes. Cette situation est d'autant plus paradoxale que l'oppression capitaliste se fait de plus en plus sentir. Depuis 1983, des politiques économiques néolibérales imposées par les gouvernements successifs, y compris socialistes, ont permis à la bourgeoisie monopoliste d'accentuer progressivement sa domination économique et politique au détriment des intérêts des travailleurs. Un petit nombre de grande entreprises et de banques appauvrissent les travailleurs et se sont inféodées la quasi totalité du tissu productif français. Dans un contexte où le salariat n'a jamais été aussi répandu, il est impératif d'avoir une analyse des réalités et contradictions qui traversent le monde du travail, afin que ce dernier puisse retrouver le chemin de la mobilisation et de la victoire. Il faut pour cela rompre avec les concepts creux (« 99% ») ou les slogans tous faits (« les communs ») et se livrer à une étude minutieuse des réalités matérielles. Le congrès 2018 du PCF doit être l'occasion de produire un travail de référence sur ces thèmes, rassemblant toutes les forces vives du parti (et même au-delà). Pour un centralisme démocratique renouvelé Dans les années 1990, le PCF a fait le choix de se restructurer dans un contexte difficile. Il importe aujourd'hui de tirer un bilan de ces choix organisationnels et de proposer de nouvelles pistes pour répondre aux défis actuels. Il nous semble qu'un certain nombre de nos modes de fonctionnement sont dépassés et méritent d'être repensés. Actuellement, il nous semble que la direction nationale ne remplit pas son rôle, tout simplement car il n'est pas clairement défini. Le parti semble s'être enlisé dans des conflits de tendances et des luttes de féodalités. Il nous semble que le rôle de la direction nationale est de permettre aux militants la plus libre expression, tout en assurant l'application des décisions collectives. Or, pour permettre la plus libre expression de cette parole militante, il convient de mettre fin à ce régime des tendances qui pourrit les débats et fossilise les oppositions. La direction actuelle s'est révélée incapable d'assurer son rôle dirigeant et de dynamisation de l'activité militante. En témoigne la rentrée scolaire, où les fédérations se sont retrouvées sans matériel pour lutter contre la loi travail XXL de Macron. Le CN doit cesser d'être un haut lieu du « blabla » et de la « parlotte », et devenir le vrai lieu de l'élaboration opérationnelle du parti, au service de tous. Les différentes commissions thématiques doivent devenir des lieux d'élaboration d'analyses, mais aussi de formations et d'argumentaires militants, ouverts sur l'ensemble de l'organisation. A cet égard, nous ne pouvons que regretter l'insuffisante perméabilité de l'ensemble des niveaux de l'organisation aux analyses produites par les commissions: l'information circule très mal. Pour remédier à cela, il importe de travailler dans deux directions : 1) repenser une politique de formation ambitieuse au sein de l'organisation 2) Recentrer les commissions thématiques sur leurs missions fondamentales (élaboration théorique, militante et de formation) et développer les liens entre commissions et avec l'exécutif. La communication externe du parti doit progresser qualitativement et investir massivement les réseaux sociaux ainsi que les plateformes de partage en ligne. En somme, il s'agira de penser un centralisme démocratique renouvelé, permettant à l'ensemble des militants de s'emparer des enjeux portés par le parti, et garantissant l'efficacité et la lisibilité de l'organisation sur le plan national. Repenser une stratégie en phase avec les réalités actuelles : pour une unité d'action populaire Depuis les années 1970, le parti s'est engagé dans une stratégie : l'union de la gauche. Cette dernière avait deux objectifs : permettre au PCF d'accéder plus régulièrement au pouvoir et empêcher la droitisation des socialistes. Sur les deux plans, l'échec est patent. Le Front de Gauche, pensé pour rassembler largement les organisations progressistes du pays derrière une seule bannière électorale, a échoué à faire vivre sur le terrain le rassemblement populaire. L'état de la gauche aujourd'hui est préoccupant, discréditée par l'exercice du pouvoir social libéral et concurrencée par la stratégie mortifère du dit « populisme de gauche ». Compte tenu de l'état du monde du travail et de la difficulté à le mobiliser, l'addition d'organisations, qu'elles soient politiques ou syndicales, ne suffit plus à susciter un dynamisme des couches populaires. Nos stratégies doivent donc être repensées. La pensée « Avec qui on s'allie ? » doit cesser d'être le leitmotiv des orientations stratégiques du parti, et céder la place, sur le terrain des luttes, à la recherche d'une unité d'action populaire, qui permettra postérieurement la construction de blocs politiques et électoraux. C'est donc par la reconstruction du mouvement social que nous permettrons à la gauche de retrouver la voie de la victoire. Dans la phase de reconstruction du mouvement social, le PCF doit se mettre à disposition des couches populaires pour faire émerger une candidature crédible et alternative à Macron en 2022. Internationalisme La crise de suraccumulation durable initiée dans les années 1970 a donné un nouveau souffle à l'impérialisme et à la guerre. Face à la difficulté à assurer un taux de profit satisfaisant, les capitalistes cherchent à soumettre les territoires qu'ils ne contrôlent pas encore et à accentuer l'exploitation des travailleurs présents sur les territoires qu'ils contrôlent déjà. Cela explique largement la recrudescence des conflits armés, que ce soit en Libye, Ukraine, Syrie, Irak ; l'accélération de la colonisation de la Palestine, les attaques contre les gouvernements progressistes latino-américains, etc. En Europe, la crise a précipité la domination autoritaire de quelques pays et des institutions financières internationales sur d'autres. Cette réalité a éclaté à la vue de tous à l'occasion de la mise en place des différents plans d'austérité contre la Grèce. Cela nous oblige à penser l'accélération de l'évolution libérale et autoritaire de la construction européenne et à en tirer les conclusions qui s'imposent. Compte tenu de cette évolution, le slogan de « l'Europe social » ou de la renégociation des traités apparaît comme de plus en plus chimérique et sans contenu. Il faudra envisager, sans tabous, la possibilité d'une confrontation déterminée à cet outil impérialiste que constitue l'Union Européenne. Les synthèses molles et les positions cul-entre-deux-chaises comme « rompre et refonder » devront laisser la place à une clarification et à des slogans lisibles pour les militants et la population. Bien malin est celui qui prétend avoir la solution magique. Seule la réflexion collective, à l'intérieur de notre parti et en lien avec les autres organisations progressistes et communistes européennes, nous permettront de faire émerger des stratégies intelligentes et efficaces. Le féminisme : une lutte de perspective révolutionnaire Le mouvement des femmes a souvent été à l'avant-garde des luttes pour le progrès social : marche sur Versailles de 1789, février 1917 à Petrograd, … La lutte pour l'égalité entre femmes et hommes revêt une importance structurelle. A travers le rejet du patriarcat, la revendication des femmes à l'égalité traduit une volonté de dépasser une division sociale du travail profondément inégalitaire et aliénante. C'est pourquoi la question féministe doit être mise au premier plan et traverser l'ensemble de nos analyses, parce qu'elle est de nature révolutionnaire. Le parti doit développer des analyses profondes et faire de la lutte féministe un enjeu aussi crucial et de même nature que la lutte pour l'émancipation du travail. Auteurs : Baptiste Giron, 27 ans, Agrégatif d'Histoire, membre du CD de la Fédération du 63 Constantin Lopez, 26 ans, Agrégé de SES, membre de la Fédération du 63 Signataires : Thomas Bompied, 23 ans, Etudiant, membre du CD de la Fédération du 63 Valentin Chabrier, 24 ans, Etudiant, membre de la Fédération du 63 Nicolas Maury, secrétaire de la section de Vaulx-en-Velin, membre du Conseil départemental du PCF 69 Naïm SAKHI, étudiant en master Histoire, section de Lyon (69) Dorian Mellot, Étudiant en maîtrise de droit social, membre de la fédération du Cher (18).