Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

Pourquoi un congrès extra ordinaire ?

Pourquoi organiser un congrès extra ordinaire sinon pour réfléchir sur l'échec politique du PCF, car derrière la question du renouvellement du Parti il y a la crise du Parti : échec électoral que nous observons et cela depuis plusieurs années (1,93% lors de la présidentielle de 2007, le PCF a perdu plus de la moitié de ses électeurs ; 1,3 millions aux législatives de 2012 à moins de 700 milles 5 ans + tard) couplé à une abstention qui ne cesse de croître, nous incitent à dire que le PCF n'est pas porteur de solutions d'avenir ! Perte d'adhérents d'année en année, parti vieillissant… ! Aussi un bilan objectif et réel sur les causes et les responsabilités de cet effacement du PCF me semble être le seul objet à traiter dans ce congrès. Ceci nous amènera à réfléchir sur notre histoire, notre organisation, nos stratégies etc. Nous devons bien entendu inscrire nos réflexions au regard de la société d'aujourd'hui où la dégradation du contexte international est exacerbée par les peurs, où l'enlisement des guerres et conflits est réel, où la montée des extrêmes droites européennes et les actions terroristes sont grandissantes. Quelques remarques que je mets en débat : 1 - L’ambiguïté du PCF dans son rapport au PS, lors des dernières élections présidentielles : novembre 2016, idée de participation aux primaires socialistes puis attente des résultats de ces primaires pour envisager une éventuelle alliance avec le PS, (frondeur toujours au PS) et enfin ralliement à Mélenchon après un CN qui avait validé une candidature communiste. Il me semble qu'à cette période, la Direction du parti porte une responsabilité dans la cacophonie qui a régné. Pour moi, elle navigue à vue, brouille le discours, ajoute de la confusion au message politique que nous voulons porter ! Rassemblement oui mais avec qui ? Et pourquoi faire ? 2 - La société a changé, Le PCF perd pied dans la classe ouvrière et le milieu populaire il se repli dans la logique politico institutionnelle Depuis 1970, Droite et Gauche apportent la désillusion. L'alternance au pouvoir affaiblit la conviction que le clivage Gauche/Droite a du sens. Les cadres de travail explosent, l'Ubérisation de la société avance, les patrons se cachent, les usinent se délocalisent, on constate une réduction des contre-pouvoir dans les entreprises… ; Le lien mouvement syndical et politique se délite ! L'individualisation des rapports sociaux s’aiguise. Les classes populaires font l'expérience de l'échec politique, social et syndical depuis des décennies (la Gauche plurielle de 1997 voit les privatisations s'accélérer. La victoire de 81 concrétisant l'union de la Gauche n'a pas changé la vie au contraire la précarité s'est généralisée, les privatisations se sont développées, la baisse du coût du travail (salaire) est une récurrente ; mobilisation sociale importante : retraite en 2010, loi travail en 2016... 2 à 3 millions de personnes en mouvement sans effet sur les gouvernants ; et enfin trahison de Hollande en 2012 « ennemi de la Finance » et passage en force de Valls « loi Macron 2015 » et « loi El Khomri 2016 ») . Constat d'échec de la Gauche, que j'appelle de « gouvernance », pour une grande partie de la population est fait, aucune stratégie électorale ne permet de changer la société ! De plus ces mêmes classes populaires subissent la précarité et l'éclatement des solidarités ce qui est un frein à l'action. Ainsi montent le trouble, l'inquiétude, la colère qui provoquent davantage de désengagement ou de ressentiment qu'ils ne nourrissent de combativité et de radicalité, le renoncement pour une partie des couches populaires s'installe. Quant au PCF, en 1969 il était implanté dans les usines (les communistes étaient liés à la défense de la classe ouvrière), dans les villes populaires et certaines campagnes. Ses dirigeants étaient majoritairement issus des milieux populaires : Maurice Thorez, ancien mineur, dirigeant du parti de 1930 à 1964 ; Waldeck Rochet , « petit maraîcher »; Jacques Duclos, apprenti pâtissier. Il en allait de même à l’échelon local : Charles Tillon était ajusteur avant de devenir maire d’Aubervilliers entre 1945 et 1953… Aujourd'hui les ouvriers dirigeants ont laissé la place à des élus-es et cadres des collectivités ; Le PCF est donc confronté à l'échec des luttes de résistance et à la désindustrialisation. Il se repli sur des positions électives (dès les années 80 toute la vie du parti tourne autour du calendrier électoral) et l'animation des luttes défensives (contre le démantèlement de la sécurité sociale, le traité de Maastricht, le CPE…). Le discours de classe est brouillé, il parle davantage à la classe moyenne urbanisée, son projet d'émancipation a laissé place à une rhétorique humaniste, largement partagée dans le monde associatif et politique. Ses liens sont ténues avec le monde du travail ; ses compromis divers avec le gouvernement PS entraînent une méfiance, une défiance du mouvement populaire. Le PCF est perçu comme une formation électoraliste parmi d’autres, il ne fait plus la preuve qu’il ouvre un avenir crédible. Mais si l'on constate aujourd'hui un désaveu pour les organisations partisanes, il n'en est rien pour la politique. De nouveaux rassemblements voient le jour, « nuit debout », « FI » « En marche »… L'aspiration à un changement est bien réel. Une nouvelle dynamique est en construction. Pour plus de 19 % de la population « France Insoumise » incarne une gauche combative de rupture même si son leader Mélenchon est controversé compte tenu de sa personnalité. 3 – PCF, communisme La société soviétique, son épaisseur historique dramatique, son incapacité à construire une société démocratique, à libérer les salariés, à libérer les formes d'aliénation, marque l'histoire du communisme au 20ème siècle. Mais l'idée communiste n'a rien perdu de sa pertinence. Au quotidien, dans notre société, est fait du communisme : réappropriation de l'outil industriel (société coopérative ouvrière)... ; habitat participatif ; gratuité des transports en commun ; gratuité de l'eau (com d'aggo lacs de l'Essonne) ; économie sociale ; commerce équitable etc. Il existe une foule d’initiatives et d'expériences de rupture avec l’existant, plus ou moins actives où le PCF n'est pas à l'initiative mais ou des communistes individuellement participent. Alors un Parti pourquoi faire ? Combien de congrès, combien de réunions, de contributions où cette question du parti communiste, de son organisation, de son fonctionnement a été au cœur de la réflexion ? Des dizaines… Qu'est-ce qui a manqué, qu'est-ce-qui manque ? Je pense que notre organisation doit être un lieu de ressources, un lieu d'échanges de pratiques, d'expériences, de savoir-faire, de réflexions, de mise en commun… Nous devons aider à la prise de conscience du système qui créé les inégalités ; engager des actions en y inscrivant nos fondamentaux (sécurité d’emploi et formation pour tous, atteinte à la propriété, développement des fonctions sociales pour dépasser les formes étatiques…) mais ne pas s'éparpiller, même si nous devons semer qu'une seule idée mais le faire dans le long terme, y consacrer tous son militantisme, son énergie. Pour cela il est nécessaire, à mon sens, de disposer d'une organisation souple et ouverte. Pas besoin d'une organisation pyramidale, à plusieurs étages où les idées, les réflexions s'égarent dans les méandres des étages de la pyramide, où les adhérent.e.s sont cloisonné.e.s. 4 - C'est le désir de rassemblement et la clarté de son périmètre qui décide de son dynamisme et non pas l'accord formel sur des propositions. Depuis ces années le PCF affirme qu'on peut changer de société par le rassemblement électoral de la gauche : Un° de la Gauche, Gauche plurielle, collectifs antilibéraux, Front de Gauche, or on va d'Échec en échec, y a t-il eu un réel de bilan de ces stratégies ? Concernant le Front de Gauche, il n'a pas incarné une perspective novatrice. La référence antilibérale l'a ancrée dans l'économie sociale et ne l'a pas rendu pertinent sur l'ensemble du champ social. Il a renvoyé à une image du passé. Il ne tira pas les conséquences de la crise de la politique et du politique. Son organisation de cartel de partis, dominée par PCF et PG représentait la continuation, le seul prolongement électoral d'un vote communiste structurellement affaibli. Je suis d'accord avec l'idée que cette forme de cartel est pénalisante : elle empêche de travailler à se qui constitue pour obstacle le plus grand à une sortie de crise, l'absence de porosité entre les sphères du politique, du syndical, de l'associatif et du culturel. Je pense qu'il devient nécessaire aujourd'hui d’explorer les conditions et les voies de passage du cartel électoral à une coopération politique entre les différentes forces qui sont dans une démarche de rupture avec le système. L'égalité, la citoyenneté, la solidarité doivent être les principes de ce rassemblement. Participons donc à la création d'un front politique où tous citoyens, organisés ou non, toutes forces sociales, syndicales et politiques agiront et construiront ensemble une autre société.