Elections Européennes 2019 - Congrès PCF

Que faire de l'Union Européenne

L'Union Européenne est aujourd'hui l'un des angles morts du PCF. Notre parti n'est pour le moment pas capable de donner une position claire sur l'Europe et il est certain qui notre illisibilité à ce sujet ne nous permettra pas d’avoir un impact électoral conséquent dans les élections européenne à venir. Nos seules voix viendront du faible électorat qui nous est acquis. La première urgence vis-à-vis de l’Europe est donc de clarifier notre position à son sujet au plus vite, sans quoi nous subirons encore un cuisant échec électoral aux prochains scrutins européens. Mais définir une ligne claire sur l’Europe ne nous dit pas quelle est la position que notre parti doit adopter. Il faut avant tout faire un constat et énoncer plusieurs faits matériels sur l’UE : - L’Union Européenne a mis à-bas les frontières économiques (sur les 4 libertés fondamentales de l’UE, 3 concernent le commerce : liberté de circulation des services, des biens et des capitaux… Pour le plus grand plaisir des capitalistes) et a ainsi organisé la concurrence entre les travailleur-euse-s de tous les pays qui la compose, permettant de toujours tirer les salaires et les protections sociales des salarié-e-s vers le bas. Nous ne pouvons permettre à l’Union Européenne de plus précariser les travailleur-euse-s de tous les pays. - La quatrième liberté fondamentale de l’UE est la seule qui pourrait trouver grâce à nos yeux, car elle impose la liberté de circulation, mais celle-ci n’est pas respectée. L’Union Européenne a fait tomber les barrières économiques pour les capitalistes, mais a en revanche monté des barrières physiques contre certaines populations. Les roms sont ainsi traité-e-s comme des êtres humains de seconde zone, et cela ne peut être toléré par les internationaliste et anti-racistes que nous sommes. Il en est de même pour les réfugiés. Aujourd’hui nos voisin-e-s italien-ne-s et grec-que-s doivent assumer presque seul-e-s l’arrivée massive de réfugié-e-s venu-e-s à cause des procédures de Dublin, alors que la solidarité entre les peuples, qui est l’un des crédos des communistes, nous imposerait d’accueillir ces femmes, hommes et enfants chassés de leurs terres et de ne pas laisser nos voisin-e-s seul-e-s à devoir assurer la solidarité. - Le mot d’ordre de l’Europe Sociale a été anéanti par les trahisons de la social-démocratie. Dans le contexte européen actuel où les libéraux et les extrêmes droites prospèrent, réformer l’UE dans un sens social est difficilement réalisable en l’état. Nous devons donc trouver un autre moyen d’appliquer des politiques sociales progressistes que le passage par l’UE. - Aujourd’hui, la contestation de l’UE est la chasse gardée de l’extrême droite qui ne fonde cette critique que sur sa haine habituelle de l’étranger. Et même les mouvements eurosceptiques qui se réclament de la gauche tombent parfois dans ces dangereux travers. L'UE doit être critiquée pour ce qu'elle est, mais la xénophobie et le racisme sont les armes de nos ennemis, il nous faut trouver les nôtres. A la lumière de ces constats, il parait clair que le mot d’ordre actuel de l’UE est « bourgeois de tous les pays, unissez-vous ». Nous devons donc trouver un moyen de contester l’Union Européenne sans que cette contestation soit celle de l’extrême-droite. Notre mot d’ordre contre l’UE qui expulse, contre l’UE qui met en concurrence, contre l’UE qui précarise, doit donc être : pour l’accueil des réfugié-e-s, pour la solidarité internationale, pour la protection travailleur-euse-s. Afin de respecter ce mot d’ordre, il faut dire aux français-e-s que, face à l’impossibilité de changer l’UE pour le moment, le PCF ne respectera pas les directives qu’elle nous impose. Nous ne respecterons pas la mise en concurrence, nous ne respecterons pas les procédures de Dublin, nous ne respecterons pas le critère des 3% de déficit, etc. Pour cela, aucun besoin de prôner la sortie de l’UE, il suffit de ne pas faire ce qu’elle nous demande. Nous nous ne serons alors pas ambigüe : nous sommes contre les politiques de l’UE et comme nous avons les moyens de ne pas les appliquer, nous ne le faisons pas. Et nous n’avons pas besoin d’un Frexit pour envoyer paître les libéraux et les fascistes à la tête des Etats de l’UE. Que fera la commission si la France ne respecte pas ses directives anti-sociales, bourgeoises, et, osons le dire enfin, ses directives racistes ? Elle nous sanctionnera en nous mettant une amende que nous pourrons choisir de ne pas payer ? L’UE n’est forte que parce que les Etats sont ses complices. Si les Etats arrêtent de consentir à leur propre servitude, nous pourrons trouver une nouvelle voie.