Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

REFLEXIONS AUTOUR DE LA CAUSE ANIMALE

Le thème que je souhaiterais aborder est peu présent, à ma connaissance, au sein de notre parti et pourtant c'est un sujet qui intéresse nombre de camarades et la société en général, il s'agit de la place des animaux dans le monde capitaliste. J'aimerais donc que l'on s'y attarde, sans faire dans la sensiblerie, mais en toute lucidité en faisant un bilan, en ouvrant le débat pour trouver ensemble des propositions pertinentes en ce qui concerne la cause animale. J'ai le sentiment que les préoccupations légitimes de notre parti pour la condition humaine lui ont fait éluder, comme ce fût longtemps le cas pour l'environnement, les questions concernant les animaux, or je pense qu'il n'y a pas d'incompatibilité à se préoccuper des deux, au contraire c'est une preuve d'humanité. Cette année, le parti a organisé ses premières assises de l'écologie et il me semble que nous pouvons y rattacher la question du bien-être animal. La société capitaliste, en plus de l'exploitation de l'homme et de l'environnement, porte aussi préjudice aux animaux, la recherche effrénée du profit se faisant au détriment de la vie humaine, de l'environnement et de la vie animale. Le système capitalisme avec son mode de production a exacerbé l'exploitation des animaux alors que dans le même temps de plus en plus de gens se soucient de leur bien-être. Il a réduit la vie animale à une marchandise parmi tant d'autres et cela engendre de monstrueux massacres de milliards d'animaux chaque année. Ces massacres pourraient entraîner la disparition d'espèces sur terre, ce qui causerait des dégâts irréversibles pour notre écosystème. Notamment la disparition des abeilles, un des rares insectes pollinisateurs, engendrerait la disparition des végétaux puis celle de l'humanité toute entière. Il est donc temps de prendre conscience que certains de nos comportements nuisent à la planète alors qu'il est plus que jamais d'actualité de la préserver pour les générations futures. Pour des raisons souvent électoralistes ou des motifs financiers, afin de ne pas fâcher certains lobbies tels les chasseurs, les industries agro-alimentaires et autres, les politiques hésitent à prendre position clairement sur la cause animale. Ainsi, lors de l'examen du projet de loi "agriculture et alimentation" en mai 2018, l'Assemblée Nationale a voté contre les amendements demandant le contrôle vidéo dans les abattoirs, la limitation de la durée des transports pour les animaux vivants, l'interdiction des fermes-usines, l'interdiction de l'abattage sans étourdissement préalable, l'interdiction du broyage des poussins et canetons, l'interdiction de la castration des porcelets à vif, l'interdiction de l'élevage en cage des poules et lapins, l'interdiction du gazage des cochons au CO2, l'interdiction de l'électrocution des volailles. Pourtant, la balance commence à pencher de l'autre côté et de plus en plus de citoyens sont sensibles, voire militent, pour la défense des animaux. Le parti, premier défenseur du peuple et des travailleurs, a mis du temps à parler et à œuvrer pour l'environnement et j'aimerais qu'il en mette moins à le faire pour la cause animale qui est liée à celle de l'écologie. Je souhaite donc des prises de position claires (voire courageuses) sur les sujets suivants : - Conditions abjectes d'élevage qui sont maintenant encore plus légitimées par les différents traités commerciaux signés entre l'Europe et d'autres pays (jepta, tafta, ceta, etc) au profit de multinationales : des animaux élevés en batterie, entassés, qui ne voient jamais la lumière du jour et meurent parfois pendant leur captivité. - Conditions d'abattage des animaux destinés à la consommation. On a pu voir des vidéos atroces sur le transport et l'abattage qui sont réellement indignes. - Chasse à courre : le ministre de la transition écologique et de l'environnement a refusé de l'interdire en usant d'un alibi pseudo culturel alors que cette pratique cruelle, héritée de l'aristocratie est réservée à une poignée de riches bourgeois qui ne chassent pas pour se nourrir mais pour le plaisir morbide d'assister à la tuerie d'animaux par d'autres animaux. - Corrida qui, encore une fois justifiée par un alibi culturel, n'est qu'un spectacle sanguinaire de torture et de mise à mort dans d'atroces conditions d'un animal qui n'a aucune chance. - Piégeage des oiseaux : là encore le ministère de la transition écologique va autoriser des méthodes cruelles comme les pièges à glu sous prétexte de tradition. - Maltraitances et abandons des animaux de compagnie : Si la loi, sous la pression des associations et militants de la cause animale, a quelque peu évoluée en décrétant que l'animal est un être vivant, sensible, elle reste encore très timide et les mauvais traitements et abandons mériteraient des sanctions bien plus conséquentes que celles appliquées jusqu'ici. - Animaux de cirque : interdire les animaux dans les cirques est une bonne chose mais encore faut-il prévoir ce qu'il va advenir d'eux ensuite. - Conditions d'existence d'animaux sauvages dans certains zoos loin de leurs conditions en milieu naturel. - Expériences et vivisection dans les laboratoires : ces expériences peuvent être assimilées à de la maltraitance, sont souvent inutiles et dans la plupart des cas, il existe des alternatives. - Dissection en classe : disséquer des animaux en classe à l'ère du numérique et de la 3D n'est pas un projet éducatif et peut heurter la sensibilité des jeunes. - Abattage de renards et loups. - Pêche en surnuméraire et méthode de pêche. - Fabrication de vêtements en fourrure animale, le synthétique tient aussi chaud, donc il n'est pas indispensable de recourir à ce type de vêtements. Et j'en oublie peut-être… Je propose donc qu'une commission écologie ET cause animale soit créée pour réfléchir et, puisque notre parti a toujours été et est encore une force de propositions, trouver des alternatives, amener des propositions dans les domaines législatifs, éducatifs, etc... Tant au niveau de la France que de l'Europe et du monde. - Proposer un projet de loi donnant des droits aux animaux afin qu'ils ne soient plus des objets aux yeux de la loi. - Mettre en place des peines plus sévères pour punir les actes de maltraitance animale et veiller à les faire appliquer. - Mettre en place des centres de stérilisation à bas coût pour éviter une sur procréation (entraînant la mort de chatons ou chiots chaque année) chez les animaux domestiques. - Demander à l'état de financer plus de campagnes de prévention afin de sensibiliser à la cause des animaux. - Mettre en place des normes dans les industries qui élèvent des animaux, pour améliorer leurs conditions d'existence. - Mettre dans nos programmes le contenu des amendements rejetés à l'AN. D'autres solutions peuvent être trouvées ensemble. L'homme est destructeur pour la planète, il est temps qu'il respecte la vie de toutes les espèces et qu'il prenne conscience que tous les êtres vivants sont interdépendants sur cette Terre. Continuer à être le parti des travailleurs, de lutter contre tous les gouvernements libéraux, de défendre les plus faibles, n'empêche pas d'être aussi un parti moderne, tourné vers tout ce qui peuple la planète, d'autant plus que notre avenir en dépend. Notre congrès 2018 doit saisir toutes les opportunités d'évolution du parti communiste, d'être en phase avec les préoccupations des gens et de s'ouvrir à des thématiques nouvelles. Alors ensemble innovons, trouvons des solutions, tout en continuant de prôner nos valeurs de solidarité, d'égalité, de justice, de paix entre les peuples ! Claire DOMAIN-RISTORCELLI, 19 ans, membre du PCF Fédération des BDR (13)