Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

S'EXPRIMER AUTREMENT SUR LE NUCLEAIRE;

Les expressions du parti concernant le nucléaire ne sont pas satisfaisantes : elles sont brutales et nous font passer pour des pro-nucléaires At vitam æternam. Or, aucune source d’énergie n’est éternelle. Au début, il y avait le bois, aujourd’hui marginalisé et la déforestation est un vrai problème pour la planète. Puis le charbon, aujourd’hui condamné, car il produit trop de CO2. Il y a le pétrole, mais on sait que les ressources sont en cours d’épuisement et qu’il pollue gravement. Et il y a le nucléaire qui n’est pas sans danger pour les générations futures notamment concernant les déchets. Et il y a les énergies renouvelables qui n’ont pas toutes été découvertes. Tout ce qui nait meurt un jour et il en sera du nucléaire comme du reste. Y aurait-il problème à dire que le parti est pour préparer une sortie du nucléaire en développant les énergies renouvelables, mais de manière progressive en veillant à assurer les besoins énergétiques du pays ? Cette transition énergétique doit s’articuler autour de trois axes : • Une politique qui vise à économiser la consommation d’énergie : mise aux normes écologiques des bâtiments existants et des constructions nouvelles, développement des transports en commun etc…. Cela suppose un énorme engagement financier que le système capitaliste est incapable de mettre en œuvre. Cette politique volontariste ne peut reposer uniquement sur les particuliers et collectivités locales, mais suppose un énorme investissement de l’Etat. • Développer au maximum les énergies renouvelables, en finançant notamment la recherche et les investissements. Nous ne connaissons pas aujourd’hui toutes les possibilités concernant les énergies renouvelables. Peut-on aller comme certains le préconisent jusqu’à l’installation d’ici 2050 de 50 000 éoliennes et de 500 km2 de panneaux photovoltaïques ? Ce n’est pas sérieux. Il faut développer la recherche. • Maintenir un parc de centrales nucléaires suffisant pour faire face aux besoins énergétiques du pays. La réduction du parc nucléaire se fera au fur et à mesure du développement des économies d’énergies et des énergies renouvelables. Mais il faut accepter l’idée qu’il y aura à terme réduction du parc nucléaire, comme il y a eu réduction du parc des centrales thermiques. La mise en œuvre de cette transition énergétique prendra du temps. Il est donc évident que nous allons devoir vivre avec le nucléaire civil pour un temps dont il n’est pas possible aujourd’hui d’en déterminer la durée. Il faudra remplacer, en fonction des besoins énergétiques, certaines centrales anciennes par des centrales modernes, plus sûres et moins productrices de déchets. Cela suppose que parallèlement au développement des investissements pour les énergies renouvelables, on développe aussi la recherche pour le nucléaire civil. Le véritable obstacle à cette transition énergétique (économies d’énergie, énergies renouvelables et sortie progressive du nucléaire), c’est le système capitaliste et sa recherche de profit immédiat au bénéfice d’une infime minorité. A ce système, nous devons opposer l’intérêt général, le commun. En conclusion, il me paraît plus que dommageable de nous couper du courant écologiste qui va bien au-delà du rayonnement électoral des Verts en passant pour des pro-nucléaires obtus, ce que nous ne sommes pas en réalité. Enfin, les anti-nucléaires ne parlent pratiquement jamais du nucléaire militaire, autrement plus dangereux que le nucléaire civil. A nous de nous distinguer sur ce point. Alain BOUSSARD (militant dans le Doubs)