Amendements - Bilan critique - Congrès PCF

Un bilan critique

Amendement réécriture sur 1 - Un bilan critique – page 6 ligne 2

 

Considérant,

 

Le bilan dit critique laisse à croire que notre « effondrement électoral » aurait pour point de départ les élections présidentielles et législatives de 2002. De plus, il attribue comme cause principale, sinon unique à ce déclin, une stratégie volontaire d’effacement du Parti qui aurait été menée par les directions successives de 2002 à 2017.

Or, le déclin électoral du PCF commence dès la fin des années 70 du siècle précédent, et conduit à de premiers « effondrements électoraux » dans les années 80. A noter que ce déclin n’existe pas seulement en France et touche de nombreux Parti Communiste dans le monde. Entre la présidentielle de 1981 et celle de 1988, nous passons de 15,35% des exprimés à 6,76% en perdant plus de la moitié de nos voix par rapport. Depuis les législatives de 1988, nous n’avons jamais repassé la barre des 10% des exprimés. Entre 1977 et 1995, nous avons perdu plus de 50 communes de plus de 10.000 habitants. Dés 1989, nous tombons à un étiage de 7 à 6% aux élections européennes.

Ainsi, le type de stratégie de rassemblement et d’union que nous avions construit avec le Front Populaire et la Résistance, quelle qu’en soit la nouvelle déclinaison se brise régulièrement sur l'obstacle « présidentielle » et de l’inversion du calendrier présidentielle / législatives. L’échec du Front de gauche ne fait que s’inscrire lui-même dans une série d’échecs de nos expériences de rassemblement depuis 1965, programme d’union populaire, programme commun : union à la base, union de la gauche, nouveau rassemblement populaire et majoritaire, pacte unitaire de progrès, gauche plurielle, comités antilibéraux.

D’où la proposition de réécriture globale ci-dessous :

 

1. Un bilan critique – Page 6 ligne 2

Un bilan critique est nécessaire pour évaluer les causes de la situation actuelle l’état actuel du parti et pour redéfinir notre Il est un des éléments de la définition d’une nouvelle démarche stratégique à la hauteur de la situation politique inédite dans laquelle nous sommes.



De 1978 à 1992, nous avons connu une première chute brutale de l’influence électorale de notre Parti. Puis, après une courte période de stabilisation de 1993 à 1999, à partir de 2001, nous avons été affectés par un second choc électoral qui nous a conduit à notre étiage d’aujourd’hui. La stratégie de Front de Gauche, initiée au congrès de 2008, malgré les espoirs initiaux qu’elle avait suscités auprès de millions de citoyen-ne-s, n’a pas réussi à inverser la tendance. Elle s’est enlisée après les présidentielles de 2012 pour s’éteindre avec la candidature unilatérale de Jean-Luc Mélenchon. Alors qu’en 2012, le PS avec ses alliés écologistes et radicaux était à la tête de l’État, de l’Assemblée nationale, du Sénat, de 21 régions métropolitaines sur 22, de la majorité absolue des départements et grandes communes, il est aujourd’hui relégué à un néant électoral. Nous avons sous-estimé l’ampleur et les conséquences politiques de la colère contre le PS. De manière encore plus profonde que lors de l’échec de la gauche plurielle, ce désaveu par l’électorat populaire a touché toute la gauche, y compris le Front de gauche et le PCF. C’est pourquoi nous avons été incompris et nous avons échoué lorsqu’en 2016 nous avons tenté de faire émerger un rassemblement autour d’une candidature aux présidentielles réellement ancrée à gauche. Lorsque nous employons le concept de gauche, sommes-nous encore compris par les moins de 40 ans ?

Si notre Parti a su être de toutes les mobilisations sociales et politiques des dernières années, notre effacement médiatique en tant que force politique nationale est réel et très grave. Il y a une bataille politique pour nous faire disparaître des écrans et des ondes. Elle affecte le combat des communistes et nous empêche d’apparaître aux yeux du plus grand nombre pour la force politique nationale de transformation sociale que nous sommes

Nous devons en prendre toute la mesure, l’analyser et mener une stratégie de contre offensive sur tous les terrains médiatiques.

Il serait certes rassurant et confortable intellectuellement de circonscrire ce décrochage tendanciel aux seules questions électorales et de lui attribuer comme unique cause une série d’erreurs communicationnelles, tactiques et stratégiques dont les directions successives porteraient l’entière responsabilité. Évidemment, il ne s’agit pas de nier que la direction de notre Parti n’a pas commis des erreurs tactiques comme stratégiques, ni qu’elle n’a pas fait preuve d’une certaine myopie sur le regard de l’électorat populaire sur la gauche. Mais résumer cela à un complot organisé par la direction visant à l’effacement du PCF nous interdirait de penser l’avenir et donc le communisme du XXIè siècle. De même s’en tenir à une analyse ne mettant en cause que nos erreurs en sous estimant l’ampleur des coups portés par nos adversaires idéologiques depuis des décennies est réducteur et n’aide pas à prendre la mesure des rapports de force en vigueur aujourd’hui.

Les résultats électoraux ne sont que le reflet, certes déformé, des rapports de force dans la société française. La question fondamentale qu’ils posent n’est pas une question d’habilité communicationnelle, tactique ou stratégique, mais l’utilité et le rôle du PCF dans la société et de la visée communiste comme réponse à la crise généralisée du capitalisme

Alors que nous voulions constituer « les fronts les plus larges possibles visant des objectifs politiques précis » en s’appuyant « sur une construction unitaire permanente avec des cadres, des fronts, des alliances adaptés aux contenus portés et aux échéances affrontés » nous nous sommes laissés enfermer, malgré nous, entre une conception du Front de gauche le réduisant soit à un cartel électoral d’organisations, soit à une nouvelle organisation politique, via des adhésions individuelles directes, ayant vocation à absorber à termes les forces politiques. Les sympathisant-e-s du front de gauche ont été réduit-e-s au rôle de spectateur sans jamais pouvoir en être réellement actrices et acteurs.

Ces échecs posent plusieurs questions de fond au PCF, et donc à sa direction, qu’il se doit de résoudre.

Prenons conscience que l’échec du Front de gauche s’inscrit lui-même dans une série d’échecs de nos expériences de rassemblement depuis la fin du Programme commun : union à la base, nouveau rassemblement populaire et majoritaire, pacte unitaire de progrès, gauche plurielle, comités antilibéraux. En fait nous avons reproduit continuellement en, certes, l’adaptant aux conditions du temps présent, la matrice initiale de rassemblement du Front populaire et de la Libération. Or, outre l’effondrement de l’expérience socialiste historique du XXè siècle avec disparition de l’URSS, en quelques années le paysage politique et social a été profondément recomposé, le PS et la sociale démocratie jusque là hégémonique se sont effondrés, l’aspiration écologique s’est considérablement développée tout en ne réussissant pas à s’incarner dans une force politique puissante, et un mouvement se proclamant du populisme et du « dégagisme » est devenu la 1ère force politique à gauche.

Or, à partir du mouvement de la société française et d’une analyse des échecs rencontrés depuis les débuts de la 5e République, nous devons construire une offre stratégique radicalement nouvelle qui soit un véritable changement de paradigme. Nous sommes devant la contradiction où tout pousse dans le mouvement réel de société à dépasser le capitalisme et où le PCF reste prisonnier aux yeux du plus grand nombre de l’échec de du communisme historique du XXe siècle. Contrairement à tant d’autres partis communistes d’Europe, le PCF tout en étant profondément affecté par cet échec, n’a ni disparu, ni subi de mortifère scission. Il a su garder une influence politique et culturelle, et une implantation territoriale qui va bien au-delà de ses seuls résultats électoraux. Le résultat du référendum sur le Traité constitutionnel européen l’a par exemple montré. Mais il n’a pas encore su effectuer les ruptures organisationnelles, pratiques et théoriques pour être la force propulsive d’une visée communiste dépassant à la fois le capitalisme contemporain, et toutes aliénations et dominations.

Cette stratégie nouvelle ne peut consister à refaire en mieux ce qui a échoué, mais à faire différemment et autrement : il s’agit de soutenir, d’impulser, d’élargir, de politiser en permanence dans la société des mouvements de luttes à visée transformatrice. C’est une démarche stratégique qui doit s’articuler autour des mouvements contradictoires de la société, et guider notre stratégie électorale de conquête du pouvoir.

 

A ce titre, l’élection présidentielle pose un problème spécifique lourd au PCF depuis 1965. Ce problème croît à mesure que la présidentialisation de la vie politique progresse.

La question du régime présidentiel portée à son paroxysme avec le couplage des élections présidentielles et des législatives : depuis 1965, candidat communiste ou pas, accord programmatique ou pas avec le candidat que nous soutenions, campagne commune ou pas, bon ou mauvais score au 1er tour des présidentielles, à chaque fois où les élections présidentielles ont été couplées avec les législatives comme en 1981, 1988, 2002, 2007, 2012, 2017, cela s’est traduit pour le PCF aux législatives par un sévère recul soit en %/ exprimés, soit en sièges, soit les deux. Avec juste raison, et contrairement à la majorité des formations politiques dominantes de ce pays, nous n’entendons pas transformer notre parti en écurie présidentielle. A la fois nous devons tirer toutes les conséquences de la domination de l’élection présidentielle sur la vie politique de notre pays, prendre en compte que, aussi hégémonique soit elle, l’institution présidentielle est elle-même en profonde crise, et ne pas abdiquer notre ambition d’être un parti politique qui concoure à la transformation sociale dans les urnes mais aussi dans les luttes et l’avènement d’une 6ème République

Dans la société française actuelle avec toute sa complexité, face aux défis gigantesques des transitions écologiques, urbaines, démographiques et numériques, la question de la conquête des pouvoirs implique un Parti enfin dégagé de toutes conceptions ou comportement « parti guide » et qui crée les conditions démocratiques de la mise en mouvement de l’intelligence et l’initiative populaire du plus grand nombre.