Écologie, enjeux de classe et projet communiste - Congrès PCF

Un cas d'école : Notre Dame des Landes et le PCF

Le projet de construction d'un nouvel aéroport à Nantes a vu le jour en 1965. En 2088, la déclaration d'utilité publique est signée. En 2010, le concessionnaire Vinci est choisi sous forme d'un partenariat public-privé. En 2012, les forces de l'ordre tentent en vain d'évacuer les occupants de la zone, une manifestation rassemblant 40 000 personnes suit cette tentative avortée. En 2016, un référendum consultatif est organisé dans le seul département de Loire Atlantique alors que cet équipement lourd concerne au moins deux régions, les Pays de la Loire et la Bretagne. Le vote donne un avis favorable à l'aéroport de NDDL à 55%. Janvier 2018, le gouvernement annonce l'abandon du projet. Pendant cinq décennies, ce projet a fait l'objet de multiples prises de position politique, de batailles juridiques, de rassemblements populaires massifs, de mobilisation de multiples acteurs sur tout le territoire et pas seulement à Notre Dame des Landes. Au point d'être doté d'une très forte charge symbolique bien au-delà des limites géographiques de son éventuel impact. Comment le PCF a-t-il pris en compte ce dossier à portée politique évidente ? Notons que les prises de position publiques sont essentiellement celles émanant des élus communistes à la Région des Pays de la Loire et à la municipalité de Nantes. Au début du processus, ces élus se prononcent en faveur du projet. Au fil du temps, dès 2004 des divergences apparaissent. Elles s'expriment clairement lors des élections régionales de 2010 où des communistes figurent sur deux listes concurrentes dont l'une sous forme d'alliance avec le PS dès le 1er tour, l'autre liste où figurent des communistes se prononçant contre le projet. Au niveau de la région des Pays de la Loire deux fédérations s'expriment publiquement contre le projet (Sarthe et Vendée) et trois pour (Loire Atlantique,Maine et Loire et Mayenne). Dans toutes les fédérations concernées de nombreux adhérents demandent l'organisation d'un large débat interne et l'organisation d'une consultation des adhérents sans que cela soit suivi d'effet. La direction nationale du parti reste longtemps silencieuse puis consulte uniquement les principaux dirigeants départementaux de la région avant de se prononcer. C'est finalement l'Exécutif national (et pas le Conseil national) qui prend position pour l'implantation de l'aéroport à NDDL, assortissant cet accord de conditions telles qu'il y a bien peu de chances que celles-ci soient réunies, ce qui rend ce positionnement peu compréhensible. A noter que cette prise de décision n'a pas levé les contradictions locales : alors que les élus communistes de Loire Atlantique protestent contre la décision d'abandon, les fédérations de Vendée et de la Sarthe s'en félicitent. Alors qu'il s'agit d'un dossier qui soulève de multiples questions liées au changement climatique, à la protection des zones naturelles, à l'aménagement des territoires, au type de croissance, aux processus décisionnels, aux formes de lutte et à la diversité de ceux qui y participent, à l'aspiration à des formes de vie alternatives...toutes questions éminemment politiques, comment comprendre la vacuité de l'activité et de l'expression du PCF ? Parce qu'il s'agit d'un sujet hors des questions habituellement traitées par le parti ? Parce que les occupants de la ZAD ont des pratiques "anarchistes" qui nous sont étrangères et auxquelles nous sommes hostiles ? Parce que les formes de lutte utilisées sortent des schémas traditionnels ? Parce que, au-delà des positions de principe, nous n'intégrons pas réellement les enjeux climatiques dans nos démarches politiques ? Parce que notre rapport à la question légalité/légitimité et donc aux institutions et donc à la démocratie délégataire n'est pas clair ? Tenter de répondre à toutes ces questions serait un excellent exercice de préparation de notre congrès qui mériterait alors le qualificatif d'extraordinaire.