Nouveaux modèles d'organisation - Congrès PCF

Une révolution démocratique (partie 2)

Une révolution démocratique de nos pratiques 1 - Humilité, respect et écoute Nous avons, depuis longtemps, la propension à considérer que nous détenons La Vérité, que nous savons ce qu’il faut pour le bonheur de tous. Cette attitude, à mi chemin entre le donneur de leçon et le paternaliste, est d’autant plus difficile à supporter, pour ceux qui ne sont pas membres du PCF, que les exemples d’erreurs commises par des communistes, français comme étrangers, ne manquent pas. Au sein même du parti, on voit se développer plusieurs vérités. Des communistes pensent que nous avons eu tort d’appeler à voter Macron. D’autres pensent qu’il ne faut plus d’alliances électorales locales avec des membres du PS. D’autres encore pensent que c’est du sabotage que d’avoir exclu la cellule de la règle de partage des bénéfices dans le parti… On pourrait rétorquer que ces exemples reposent sur la stratégie et non sur l’idéologie et qu’il ne peut y avoir qu’une seule vérité idéologique. Il faudra alors expliquer comment des partis communistes frères, partageant tous la même idéologie, ont pu arriver à des résultats si différents que ceux qu’on a pu voir en URSS, en Roumanie, …, ou qu’on voit encore à Cuba, en Chine ou au Vietnam. Et comment expliquer des marches arrières aussi surprenantes que le retour à un secteur économique privé à Cuba ? Oui, nous faisons des erreurs, nous pouvons nous tromper. Non, nous ne sommes pas détenteurs de La Vérité. Et la conscience de cette réalité doit se traduire aussi bien dans nos discours que dans nos actes. Comme le dit Florian Gulli dans Cause Commune, le rôle de notre parti c'est de garder la mémoire des tentatives d'émancipation, de les analyser, de les critiquer et de proposer des perspectives. A partir de là, c'est bien dans le respect et l'écoute de chacun que nous pourrons avancer ensemble, pas à pas, en s'enrichissant mutuellement. 2 - Le rassemblement à la base Nous ne parviendrons pas au pouvoir seuls ! C’est pour cela que nous avons développé ou participé à plusieurs formes de rassemblements se voulant à vocation majoritaire. Il y a ceux qui ont réussi, dont la mémoire collective garde des traces positives. Ce sont le Front Populaire en 1936, le Conseil National de la Résistance et les deux ans qui ont suivi la fin de la seconde guerre mondiale, et mai 1968. Le Front Populaire et mai 68 sont des mouvements qui ont commencé par la mobilisation populaire, à la base. Pour le CNR et la période 45-47, c’est un peu différent, mais on peut dire que c’est le soutien populaire massif à la CGT et au PCF qui ont contraint De Gaulle à faire avec nos revendications progressistes. Il y a les rassemblements qui ont partiellement ou totalement échoué. Je veux parler du Programme Commun, des gouvernements Jospin, des collectifs anti-libéraux et du Front de Gauche. Bien sur c’est aller un peu vite en besogne que de dire que nos ministres sous Mauroy et Jospin ont échoué. Mais quel bilan, comparés à Croizat, Thorez, Tillon, Paul et Billoux ? Et quelles couleuvres avons-nous dû avaler pour ce maigre bilan ? Le point commun de ces rassemblements c’est qu’ils se sont essentiellement construits par le haut. Même si le Front de Gauche a vu se dessiner un rassemblement à la base, la base n’a pas été motrice et n’a pas contraint le sommet à s’accorder. Cette analyse simpliste et expéditive m’amène à penser que la condition de la réussite d’un rassemblement est qu’il se crée à la base et contraigne les hautes sphères partidaires à s’entendre. Sur cette logique là, fin 2016 - début 2017, au cours d’une quinzaine de soirées de discussion de type « Nuit debout », initiées par la section PCF locale, nous avons pu construire, avec la participation occasionnelle ou régulière d’une cinquantaine de personnes (écologistes, associatifs, syndicalistes, communistes et personnes sans engagement), des éléments de projet commun pour les législatives, dans les domaines de l’Ecologie, la Démocratie, l’Enseignement et le Travail et l’Emploi. Nous avons organisé ces discussions de façon à ce que chacun, membre d’un parti, d’un syndicat, d’une association ou simple citoyen, se sente l’égal des autres, respecté et écouté comme les autres, sans domination partidaire ou préséance de certaines idées. Tous les compte-rendus et éléments de projet ont été soumis à l’approbation de chacun, et aucun leadership n’a été mis en place. Nous nous sommes choisi ensemble un nom de collectif et, pour que personne ne se sente récupéré ou instrumentalisé, nous n’avons mis aucun nom d’organisation, aucun sigle ou logo sur nos publications. Au cours de ces discussions, de nombreuses propositions du parti ont été présentées, discutées et adoptées, avec ou sans amélioration. Nous ne les avons pas présentées dès le départ comme étant des propositions du PCF. Bien évidemment pas parce que nous avions honte ou que nous voulions nous cacher, mais parce que nous voulions qu’elles soient considérées objectivement, qu’elles fassent l’objet d’une analyse sans a priori et qu’elles aient le maximum de chances d’être reprises par le plus grand nombre possible, même si au final chacun a compris qu’elles émanaient du PCF. Les éléments de projets ainsi élaborés ont tous reçu le soutien intégral du candidat communiste de notre circonscription. Pour que les discussions soient riches et éclairées, pour ne pas en arriver à tourner en rond, il est indispensable d’y associer des apports extérieurs. C’est une condition sine qua non de la démocratie que de mettre en place les moyens pour tous d’avoir accès à l’information et à la connaissance. Il faut donc enrichir le rassemblement par l’organisation de conférences-débats, le visionnage de vidéo thématiques pédagogiques, ou tout autre moyen qui permette à chacun d’acquérir toutes les informations nécessaires à la compréhension, à l’analyse et à l’esprit critique. C’est également dans l’action que se construit le rassemblement. Actions concrètes de solidarité, participation aux luttes, soutien actif aux associations solidaires et sociales, implication dans la vie politique locale… Dans tous ces domaines, le rassemblement doit s’impliquer sur la base de décisions consensuelles et du choix de chacun à participer ou non, en toute liberté. Pour résumer, je crois que nous devrions initier, dans chaque section, la création d’un collectif local permettant à tous les progressistes et réformistes qui le souhaitent de se retrouver pour discuter, échanger, s’informer, lutter, en toute démocratie et en toute liberté. Pour que ça fonctionne, il est indispensable que chaque participant se sente bien dans son collectif. Il ne doit donc être la propriété de personne, d’aucun parti, syndicat ou association. Pas de chef, mais plutôt des animateurs à tour de rôle. Tout doit y être décidé collectivement et de façon consensuelle. La parole et les opinions de chacun doivent y être respectées, il ne faut ni domination de certains, ni prévalence d’un groupe. Plus le fonctionnement de ce collectif sera démocratique et respectueux de chacun, plus le rassemblement sera large. Comme n’importe quels autres participants, les communistes peuvent y proposer des actions, des initiatives. Si elles ne sont pas retenues, elles pourront être menées à bien par la section. A l’intérieur d’un rassemblement de ce genre, les camarades ne sont pas là pour mettre en avant le PCF, signaler tout ce qui est idée ou initiative du PCF en plantant dessus systématiquement le drapeau rouge. Ce genre d’attitude ne fait qu’exacerber les oppositions entre membres de partis ou de syndicats et exclu les personnes qui ne sont adhérant nulle part. Ils sont là pour donner leur opinion en tant qu’individu (au même titre que tous les autres), avancer leurs idées à la réflexion et soumettre leurs propositions à la réflexion et à l’enrichissement. Certains penseront que c’est avoir honte du parti que d’agir de la sorte. Mais encore une fois, quel est notre véritable objectif ? Mettre en avant le PCF ou que les idées communistes diffusent dans la population ? Si les idées réactionnaires ont, pour l’instant, remporté la bataille idéologique, c’est qu’au lieu de coller dessus le « drapeau » capitaliste, elles ont été présentées comme des évidences économiques. Faisons de même, proposons nos idées, soumettons les à la réflexion, sans les rendre suspicieuses à tous nos concitoyens qui ont un a priori négatif vis à vis de notre parti. Et quand nous serons beaucoup plus nombreux à les partager, le rapport de force changera. Un tel rassemblement a vocation à construire des projets municipaux ou cantonaux, à présenter des candidatures locales sous une étiquette décidée collectivement. Il a aussi vocation à construire des projets législatifs et à les soumettre aux différents candidats. Par contre, donner une cohésion nationale à ce rassemblement le ferait immédiatement retomber dans les problèmes de lutte d’influence entre directions nationales des partis politiques, ce qui le mènerait au même sort que le Front de Gauche. Quant au rôle qui resterait à notre parti à côté d’un tel rassemblement, ce serait essentiellement le même qu’aujourd’hui. Etre un vivier de propositions, une école de formation politique, un bouillonnement d’idées et d’analyse, un partisan et un artisan des luttes, mais aussi mener à bien les combats et les initiatives que le rassemblement ne prendra pas en charge. Et bien sur associer la dimension nationale et internationale au niveau local. 3 - Prendre le pouvoir pour le redonner au peuple Les cours d’histoire reçus par mes enfants mettent fréquemment au même niveau Hitler, Staline et Mao, présentés comme étant les « trois plus grands tueurs de l’humanité ». La semaine dernière encore, en terminale ES, un professeur d’histoire affirmait que la seule différence entre les socialistes et les communistes c’est que les communistes voulaient la dictature. A tous les niveaux, l’idée est instillée dans la tête de jeunes, qui n’ont plus aucun repère par rapport au PCF et à son histoire, que nous sommes des monstres anti-démocratiques. C’est un comble, pour des gens qui souhaitent la démocratie comme but et comme moyen, et qui se réfèrent au Manifeste du Parti Communiste où Marx et Engels écrivaient "… la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe régnante, la conquête du pouvoir public par la démocratie". Je pense que la meilleur façon de contrer cette campagne de bourrage de crâne à long terme, c'est de faire le nécessaire pour la rendre absurde aux yeux de nos concitoyens ? Et pour cela, nous devons devenir les champions de la démocratie dans la gestion de tous nos mandats. Appliquons la démocratie participative, l'implication des gens dans la réflexion et la décision à chaque fois que c'est possible dans l'accomplissement de nos mandats électifs. Donnons le pouvoir aux électeurs, même si pour cela nous devons accepter de ne mettre en oeuvre que les propositions que nous avons réussi à faire partager par la majorité.