Elections Européennes 2019 - Congrès PCF

Une étape clef dans notre révolution

Elections européennes de 2019 : une étape clef dans notre révolution

 

Les élections européennes de 2019 revêtent une importance capitale pour les forces progressistes, et singulièrement pour la réinvention du PCF que nous avons mis au programme de l’année à venir. D’abord l’enjeu politique de ces élections et le contexte historique dans lequel elles se déroulent sont totalement inédits. Devant l’échec des partis conservateurs et sociaux-démocrates traditionnels, les bourgeoisies européennes sont tentées par plusieurs solutions visant à permettre de maintenir leur domination politique : - d’une part, l’option faussement présentée comme "moderniste", incarnée au mieux en France par

Emmanuel Macron, ou par exemple en Espagne par le mouvement Ciudadanos ; elle veut rassembler les forces néo-libérales précédemment dispersées dans les partis de centre-droit ou de centre-gauche, sur un programme de dérèglementation sociale et économique généralisé, visant à démonter méthodiquement les structures de socialisation des richesses et de justice sociale issues de la fin de la deuxième guerre mondiale et du rapport de forces que l’on connaît, et à maximiser les rendements du capital à l’échelle européenne, tout en réduisant systématiquement les droits et protections des salariés et en étendant la précarité. Ce programme de régression sociale prétend défendre dans le même mouvement une vision libérale et tolérante de la société, dont les limites apparaissent cependant assez rapidement comme on l’a vu en France avec le traitement de la question des migrants par Gérard Collomb ou encore avec la loi pérennisant l’état d’urgence. - d’autre part, l’option "national-populiste" avec ses différentes variantes européennes, depuis la version au pouvoir en Pologne, en Hongrie et maintenant en Autriche, jusqu’à la reconstruction des Républicains français autour de Laurent Wauquiez, en passant par la Ligue du Nord lombarde, le Vlaams Belang belge, ou l’hétéroclite mouvement 5 étoiles italien, ainsi que le FN français, loin d’être terrassé. Ici, c’est le repli national, la xénophobie, la division du peuple et les régressions démocratiques et sociétales qui cheminent avec un programme économique non moins libéral et dont l’acceptabilité est basée sur l’occupation de la scène par les thématiques identitaires et sécuritaires. Dans cette situation, la responsabilité d’un parti comme le nôtre est grande. Sans vouloir créer de divisions artificielles, il est un fait que les positions européennes des autres forces de gauche diffèrent significativement des nôtres : - propositions de type plan B ou de type Frexit de gauche, que l’on voit poindre du côté de FI et qui sont condamnées à flirter de façon dangereuse avec les nationalismes les plus rances tout en privant les forces populaires des outils monétaires et financiers pour répondre aux besoins - solutions fédéralistes (PS, Hamon, écolos) qui éloignent toujours plus les citoyens des centres de décision et refusent de s’attaquer à la finance. Nous devons de notre côté mettre en avant la nécessité d’une construction européenne sociale et démocratique guidée par l’intérêt des peuple, conçue comme un outil crucial pour imposer les solutions révolutionnaires qu’exige la situation. Nous devons profiter de cette échéance électorale pour promouvoir le caractère internationaliste de notre projet. Notre parti doit à nouveau être identifié comme celui de l’unité des classes populaires et de tous les dominés à travers les frontières. Les thématiques à mettre en avant, comme les mots d’ordre et les slogans pourraient être élaborés pour partie en collaboration avec nos alliés européens. Les questions de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale, la création d’un fonds européen de développement social, économique et écologique financé par la BCE et à même de permettre la réponse aux défis du moment dans ces domaines, l’ harmonisation sociale par le haut, le développement de services publics européens, l’accueil des réfugiés quelles que soient les raisons de leur départ, la construction de nouvelles institutions démocratiques permettant des coopérations entre nations libres et souveraines à géométrie variable, la lutte contre la changement climatique .... Les questions de précarité, des salaires, des retraites, des droits sociaux, des droits des femmes et des LGBT, des migrants, de la paix et de la protection de la planète devraient être au premier plan. Le programme devrait idéalement comporter des propositions communes avec d’autres forces européennes. Sur le plan de la stratégie électorale, celle-ci devrait être en accord avec les observations précédentes sur le contexte politique et les divergences que nous avons avec les autres forces de gauche sur les questions européennes. Même si les choses peuvent bouger d’ici 2019, nos partenaires potentiels ne semblent pas à l’heure actuelle demandeurs de rapprochements : FI semble déterminé à poursuivre dans sa logique hégémonique, le mouvement de Benoît Hamon va probablement essayer d’acter son existence à l’occasion de cette échéance et les écologistes traditionnellement plus à l’aise dans cette élection seront très largement tentés par une liste autonome. Sans essayer de figer les points de désaccords que

nous avons avec tous ces acteurs et sans chercher à en faire des motifs de conflits ou de blocages, il ne faut pas les taire et en rabattre sur les aspects les plus innovants et originaux de notre programme. A la différence des élections présidentielles et législatives que nous venons de vivre, comme des autres échéances électorales à venir, je ne crois pas que la question du rassemblement des forces de gauche et du dépassement des désaccords nécessaire pour battre la droite et l’extrême droite et envisager la victoire se pose de la même façon pour ces élections européennes. Je suis donc très favorable, dans le contexte des listes nationales qui ont été récemment actées, à des propositions de candidature très largement issues du PCF, sans s’interdire des candidats de rassemblement, dont certains pourraient d’ailleurs venir de nos alliés européens. Certes, le seuil prévisible des 5% rend le risque de ne pas avoir d’élus élevé. Cependant, toute autre configuration, par exemple dans le cadre de coalitions éventuelle, n’en serait pas moins incertaine sur le plan du nombre d’élus potentiels. Il faut donc sur le plan des candidatures profiter de cette élection particulière pour promouvoir les nouveaux visages qui seront issus du congrès de novembre 2018. Paritaires, représentatives de la diversité du parti et de la société, issues en majorité des classes populaires, de la jeunesse, ces candidatures doivent détonner et doivent s’associer aux aspects les plus innovants de notre programme : accueil des réfugiés, droits des minorités et lutte contre les racismes, prise du pouvoir sur la finance, lutte contre la précarité et l’ubérisation de la société, unité des dominés de tous les pays. A côté de nos propositions, la campagne doit faire apparaître nos nouveaux logos, de nouveaux visages, de nouvelles stratégies de communication et doit permettre d’asseoir l’originalité de notre offre politique dans le paysage national. C’est une opportunité unique qui sera certainement beaucoup plus difficile à saisir lors des échéances électorales ultérieures où la question des alliances sera à nouveau beaucoup plus prégnante.

 

Contributeurs : Anthony Gonçalves