Communication - Congrès PCF

Prêts à faire système, les communistes en conquêtes

En guise d’introduction : Un Parti Communiste pour prendre le pouvoir Pour le Parti Communiste Français, face à la prédation de la finance incarnée dans la vague Macron, face au vide d’opposition constructive à gauche, face à la résignation d’une grande partie des Français, comment s’imposer comme la force politique capable de faire accéder le salariat à des droits nouveaux, de lutter efficacement contre le capitalisme financiarisé, de planifier une économie et une production énergétique tournée vers la satisfaction des besoins humains et respectueuse de l’environnement ? Se poser ces questions c’est se demander par quelles voies devenir hégémonique et « prendre le pouvoir » ? C’est se demander sur quelle référence stratégique, quels outils conceptuels, quel discours, vocables, quels mots-systèmes nous appuyer pour énoncer notre démarche de prise de pouvoir, pour la rendre perceptible, actuelle. Il nous faudra donc parler projet, il nous faudra parler programme, mais il nous faudra aussi parler tactique. Dès maintenant, comment battre Macron et sa loi Travail ? 2022 dans la mire, comment imposer le projet du PCF, ses propositions et ses leaders comme incontournables sur la scène politique ? Comment allier la nécessité de porter le contenu et le projet du PCF à notre volonté de construire des « dynamiques de changement majoritaires » (cf. Quel agenda de travail pour le congrès extraordinaire du PCF ?) ? Face aux récents mouvements populistes, comment rendre populaire la question communiste ? In fine, il s’agira de déterminer un positionnement pour à la fois prendre le leadership de la gauche et pour vaincre Macron. I- Construire le discours global pour vaincre Macron Il semble que ce qui manque à notre parti n’est pas tant un programme qu’une manière de le mettre au coeur du débat. Comment parler de notre programme, le rendre spécifique, le mettre en position centrale ? Lever le tabou du pouvoir Pour créer des dynamiques de changement majoritaires, nos appels au rassemblement sont justifiés mais ne se suffisent pas. C’est pourquoi montrer que nous faisons système et que nous sommes aptes à prendre le pouvoir est d’une importance stratégique capitale. Mais outre certains échelons du territoire comme la commune, avons-nous abdiqué à prendre le pouvoir au niveau national ? Si tel n’est pas le cas, nous avons besoin de définir un concept capable de traduire notre volonté/capacité de prise de pouvoir, un concept à l’image de ce que fut « la dictature du prolétariat ». Il convient d’intégrer les dimensions de rapports de forces, de guerre de positions, de système global pour consacrer un nouveau schème du pouvoir communiste en France. La bataille culturelle passera par notre capacité à expliciter cette démarche. Le communisme et le statut de producteur Qu’entendons-nous par communisme ? Passés les débats sur l’euphémisation du « commun », le communisme est bien ce mouvement par lequel nos sociétés sortent du mode de production capitaliste pour en adopter un autre. Ce mouvement de libération prend corps dans les institutions permettant la souveraineté des travailleurs sur le travail et la valeur économique. En cela, l'anti-libéralisme est une doctrine pauvre dont nous ne pouvons nous contenter. L’anti-libéralisme s’attache à promouvoir une autre répartition des richesses alors que la proposition communiste tend à redéfinir le statut même de producteur et de mode de production. Pour offrir une perspective alternative et réellement disputer le pouvoir, il nous faut être candidat à la direction de la production. Ainsi nous affirmons la dimension qui fait toute la spécificité et l'intérêt du Parti Communiste. Unifier notre communication autour de propositions faisant système Nous sommes extrêmement riches des productions de nos chercheurs et intellectuels, de nos militants et militants-élus, alimentant nos différents secteurs thématiques, de leurs bulletins et publications, revues et ouvrages. Pourtant, ces propositions ne sont pas mises en valeur, pas mises en communication offensive, en communication globale. Prenons les exemples significatifs des thèmes « Travail et Emploi », « Energie et Environnement ». Sur ces enjeux civilisationnels, nous formulons les propositions les plus déterminantes pour l’intérêt de tous. Sur le travail et l’emploi, nous sommes les seuls à aller au coeur du procès de production. Avec la proposition de SEF (Sécurité Emploi Formation), nous avons le contre-projet à opposer au projet de destruction du code du travail. Cette proposition doit être l’étendard de nos luttes contre l’insécurité de vie généralisée. Une des propositions majeur du communisme de notre temps, c’est cette nouvelle branche de la Sécurité Sociale ; la Sécurité d’Emploi et de Formation ! Un effort de mise en valeur de cette proposition est nécessaire. Mots-clefs, visuels, affiches, actions, une véritable campagne pouvant nous permettre de faire système est à mener. Autour de l’Energie et de l’Environnement, l’enjeu est vital. Là, grâce au travail sérieux de nos commissions, nous avons en friche un véritable projet politique permettant de faire système. Il nous faut rassembler nos idées afin de définir notre projet énergétique pour la France, sans avoir peur de cliver. Et nous allons cliver. L’important est de proposer un tout cohérent à l’instar de ce qu’est la SEF pour le travail. Pour rendre ce projet populaire, il faudra le développer dans des propositions précises, structurantes et offensives. Une direction nationale menant une stratégie globale Pour les années à venir et pour se préparer au mieux à 2022, il nous faut renouveler profondément la direction de notre parti et construire une équipe dont le rôle serait de mettre en place dès maintenant une stratégie de communication afin de nous positionner (programme et leaders) dans la campagne de 2022. Ainsi, nous devons renforcer le pôle communication du parti afin de forger des logos/slogans/visuels qui traduisent d’une façon simple, claire et offensive nos propositions. Imaginez, sur les mois de juillet, d’août et de septembre, les communistes ont mené trois actions, véritables institutions populaires de portée nationale ; ventes de fruits et légumes sans les intermédiaires, organisations de séjours à la mer pour promouvoir le droit aux vacances, fête de l’Humanité. Nous sommes bien capables de porter des évènements d’envergure nationale. Ces initiatives, nous les voulons populaires, au coeur des vies et des préoccupations des Français. Etendons-les et en inventons-en de nouvelles. L’inscription des communistes et de leurs réseaux d’élus sur les territoires est une richesse et un appui pour développer de telles actions et propositions. Mais cette implantation ne peut se suffire à elle-même au risque de ne produire qu’actions éparpillées, sans lien et sans moteur. Les sections du parti doivent être vitalisées par une véritable direction nationale au discours identifié qui anime, structure, détermine, des campagnes globales, des actions coup de poing, d’envergure nationale. II – Se positionner pour prendre le leadership de la gauche De la bonne stratégie du Front de Gauche à l’erreur du ralliement à la France Insoumise ; le rassemblement C’est principalement à partir de ces deux séquences électorales, les présidentielles de 2012 et de 2017, que nous mettrons en relief les enjeux en termes d’orientations du PCF. Ce n’est pas tant que nous limitions les débats de notre congrès à cette dimension électorale mais plutôt que ces moments ultra-déterminants cristallisent nos choix et sont des révélateurs de tendances à appuyer ou au contraire à ne pas reproduire. En 2012, le PCF a fait le choix audacieux d’être l’initiateur et le principal artisan du Front De Gauche. Pour cela, le parti n’a pas hésité à faire des gestes d’ouverture, il a positionné un candidat non issu de ses rangs à la présidentielle, il a surreprésenté les différents partenaires de cet accord au niveau programmatique et électoral. Nous avons bien fait. Ce rassemblement était porteur d’espoir. Mais si la dynamique créée à l’occasion des présidentielles 2012 a installé l’ancien candidat du FDG, elle n’a pas été amplifiée en 2017. Dans cette séquence, fait tristement historique, nous avons rallié un candidat sans aucune condition programmatique et sans aucun accord électoral. Ralliement sans partenaire, soit, mais aussi sans vocation majoritaire. Dans les conditions de 2017, la gauche avait un boulevard tant la droite représentée par F. FILLON était discréditée par les affaires. Aussi, l’élection de B. HAMON faisait du Parti Socialiste affaibli un potentiel allié disposé à gauche et nous permettait d’envisager comme rarement un rassemblement en notre faveur. Malheureusement, le candidat que nous soutenions déjà s’est avéré un obstacle à l’union. Là réside une grande partie de la résignation du peuple de gauche. L’erreur du ralliement à la France Insoumise ; le programme Avec la FI, au-delà de la différence de vision du rassemblement, c’est de projet et de programme dont il est question. Distinction gauche/droite, rôle de l’élu, rapport au peuple, à la République, au 2nd tour, au FN, propositions pour l’Europe, pour le travail, en matière d’écologie et d’environnement, autant de sujets où nos positions divergent clairement. A moins de penser que le programme de cette formation nous agrée et de convenir de la non utilité du PCF, il faut changer notre fusil d’épaule. Nos analyses sur le populisme et le projet de la FI témoignent du fait qu’il serait irresponsable de laisser le leadership de la gauche à M. MELENCHON. Nous devons prendre le leadership de la gauche. Désormais, dans nos rapports avec nos potentiels partenaires (FI, PS, M1717, etc.), il s’agit de tenir notre cap, de dénoncer publiquement les orientations populistes comme sociales libérales, tout en tendant la main, profitant de chaque occasion pour rassembler sur des contenus et objectifs précis. Notre main tendue n’aura jamais plus de poids que si le parti est un poing fermé. Rapport de force : Imposer notre programme et nos leaders Pour ces présidentielles 2017, le rôle du PCF aurait été différent s'il avait présenté son candidat. Il s’agissait de nous inscrire dans l’arène politique, acteur à part entière, incontournable. En agissant de la sorte, nous aurions pu contribuer effectivement au développement d’une dynamique à vocation majoritaire. Cependant, nous nous sommes mis sur la touche. Quelle faute tactique ! Nous réussissons tout de même à augmenter le nombre de nos élus à l'Assemblée et à en réaliser un renouvellement assez important, une prouesse alors que nous subissons les conséquences d’une erreur stratégique majeure et que la gauche est écrasée. Les députés communistes nous permettent de fonder un groupe parlementaire autonome sur lequel nous pourrons nous appuyer pour développer une nouvelle stratégie. L’indispensable déplacement de notre stratégie pour 2022 Alors que l’élection présidentielle est un formidable moment pour unifier une pensée globale, pour forger des slogans, des discours, du matériel de communication, la richesse de notre parti ne s’est pas donnée à voir et nos productions pour 2017 ont été d’une grande pauvreté. Peut-on simplement se contenter de se lamenter du triste sort que nous réservent les médias sans interroger la place à laquelle nous nous sommes nous même relégués ? Allons-nous simplement continuer à dénoncer la figure ultra-présidentialiste de tel ou tel personnage politique contribuant ainsi à les renforcer et à réaffirmer une position de faiblesse du PCF ? Ne faudrait-il pas au contraire prendre à bras le corps la question présidentielle en nous attelant sur le champ à construire notre campagne et notre leader pour 2022 ? Sommes-nous capable de réaffirmer une parole communiste forte ? N’ambitionnons-nous de faire reconnaître le PCF que dans la volonté de rassemblement ? Notre parti n’a-t-il pas intérêt à faire système par lui-même, par son programme et par ses leaders ? N’est-ce pas la condition essentielle pour que les propositions communistes soient rendues incontournables et pour véritablement rendre possible l’élaboration de dynamiques à vocation majoritaire ? Avec le recul que nous avons des expériences de 2012 et 2017, les communistes vont-ils amener leur parti à n’être qu’une force d’appoint pour tel ou tel pan de la gauche, condamnant par la même sa capacité à produire et à structurer la vie du pays ? Vont-ils au contraire positionner leur parti comme la colonne vertébrale de la gauche, ses bras, ses jambes et sa tête ? Pour être à l’offensive, imposer notre vision et notre agenda, il nous faut récupérer notre capacité d’initiative, dérouler nos propositions pour les imposer par nous même dans le paysage, être candidats à la direction de la gauche. C’est uniquement par cette voie que nous pourrons être le coeur de dynamiques nouvelles. Il est temps de passer à l’offensive, de se mettre en conquêtes. Nous sommes prêts à faire système. Pour finir : Ce texte de préparation au congrès extraordinaire du PCF veut donner le ton d’une nouvelle stratégie discursive et d’un nouveau positionnement tactique du PCF. Cette approche doit nécessairement être associée à une réflexion plus large autour de notre posture idéologique quant au pouvoir, à la définition de ce que nous entendons par communisme. Dire cela, c’est parler de la société que nous voulons. Profitons-en donc pour parler de démocratie, de démocratie dans le parti et de remise en cause nécessaire du populisme. Victorien DURIEUX, membre du bureau de la section de Nancy du PCF LES IDEES FORCES A RETENIR Introduction Un Parti Communiste pour prendre le pouvoir = « déterminer un positionnement pour à la fois prendre le leadership de la gauche et pour vaincre Macron » I - Construire le discours global pour vaincre Macron Lever le tabou du pouvoir = « consacrer un nouveau schème du pouvoir communiste » Le communisme et le statut de producteur = « Pour offrir une perspective alternative et disputer le pouvoir, il nous faut être candidat à la direction de la production » Unifier notre communication autour de propositions faisant système = « Une des propositions majeur du communisme de notre temps, c’est cette nouvelle branche de la sécurité sociale ; la Sécurité d’Emploi et de Formation ! Un effort de mise en valeur de cette proposition est nécessaire » ; « Il nous faut rassembler nos idées afin de définir notre projet énergétique pour la France » Une direction nationale menant une stratégie globale = « renouveler profondément la direction de notre parti et construire une équipe dont le rôle serait de mettre en place dès maintenant une stratégie de communication et de nous positionner (programme et leaders) dans la campagne de 2022 » ; « renforcer le pôle communication du parti » II – Se positionner pour prendre le leadership de la gauche De la bonne stratégie du Front de Gauche à l’erreur du ralliement à la France Insoumise, le rassemblement = « fait tristement historique, nous avons rallié un candidat sans aucune condition programmatique et sans aucun accord électoral » ; « le candidat que nous soutenions s’est avéré un obstacle à l’union. Là réside une grande partie de la résignation du peuple de gauche. » L’erreur du ralliement à la France Insoumise ; le programme = « Nos analyses sur le populisme et le projet de la FI témoignent du fait qu’il serait irresponsable de laisser le leadership de la gauche à M. MELENCHON. Il est donc de notre devoir de prendre ce leadership » ; « dénoncer publiquement les orientations populistes comme sociales libérales » Rapport de force : Imposer notre programme et nos leaders = « En présentant notre candidat, il s’agissait de nous inscrire dans l’arène politique, acteur à part entière, incontournable. En agissant de la sorte, nous aurions pu contribuer effectivement au développement d’une dynamique à vocation majoritaire » L’indispensable déplacement de notre stratégie pour 2022 = « Pour être à l’offensive, imposer notre vision et notre agenda, il nous faut récupérer notre capacité d’initiative, dérouler nos propositions pour les imposer par nous même dans le paysage, être candidats à la direction de la gauche »