« L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme »
Les fronts de luttes se multiplient partout dans le pays : SNCF, Carrefour, hôpitaux, postes, EPHAD, barrages hydrauliques, facultés, retraités… Si chacune de ces luttes ont des revendications et des modes d’actions spécifiques, elles se heurtent toutes aux mêmes adversaires, la politique gouvernementale, le patronat et la finance.
Le gouvernement et le patronat concentrent l’essentiel de leur pouvoir de nuisance contre les salarié·e·s de la SNCF et leurs syndicats. En effet, le pouvoir macronien pense que s’il réussit à briser le service public ferroviaire et les syndicats qui le défendent, il sera en position de force pour détruire tous les autres services publics, pour remettre en cause tous les droits sociaux et pour éradiquer toute forme de démocratie sociale. De fait, la SNCF cristallise tous les enjeux d’un service public de qualité à la française, de l’égalité territoriale et, avec le fret, des questions vitales de l’écologie. Une ville, sans gare de voyageurs, est une commune qui se meurt. Un pays, sans réseau ferroviaire couvrant tout son territoire, n’a plus d’unité politique.
S’il manie, dans l’entreprise, un peu la carotte et beaucoup le bâton, le gouvernement pense imposer son projet mortifère en gagnant la bataille de l’opinion publique. Il y jette donc toutes ses forces médiatiques et communicationnelles, afin de dresser l’opinion publique contre les cheminots. Toutes les formes de désinformations et de provocations sont déployées pour essayer d’isoler les cheminots et casser les solidarités.
Mais en dépit de ce bourrage de crâne inouï, avec le succès massif de la grève des 3 et 4 avril, nous sommes peut-être au moment où « l'espoir changea de camp, le combat changea d'âme » pour paraphraser Victor Hugo. En effet, de plus en plus, nos concitoyennes et concitoyens prennent conscience que non seulement le combat des cheminots est juste, mais qu’à travers cette lutte se joue l’avenir de leurs droits, des services publics et de la République en tant que démocratie sociale. C’est pourquoi la solidarité sous toutes ses formes se développe. Le soutien aux revendications des cheminots est en train de devenir majoritaire dans le pays. L’action des militant-e-s communistes et de leur élu-e-s sur tout le territoire n’est pas pour rien dans cette inversion de tendance.
Si le gouvernement, pris en étaux entre la lutte des cheminots, son soutien populaire et la multiplication des fronts de luttes, se retrouve contraint de reculer sur le SNCF, cela sera à la fois un coup d’arrêt frontal à sa politique et un premier pas vers la reconstruction d’une alternative qui est l’un des sujets centraux du Congrès du PCF.
C’est pourquoi nous devons continuer à développer notre « bataille du rail » auprès de l’opinion publique et contribuer à la mobilisation du 19 avril car l’ampleur de cette journée d’action des différents fronts de luttes, puis celle du 1er mai seront décisives.
Yann Le Pollotec