Retour sur les ruches
Lors de l’assemblée des animatrices et animateurs de section du 18 novembre,
Gilles Ravache, membre du Conseil national, a présenté la synthèse du travail accompli le matin en petits groupes. Il répond à nos questions.
TU AS PARLÉ DE MOMENT EXCEPTIONNEL POUR PARLER DU TRAVAIL EN PETITS GROUPES SAMEDI MATIN. POURTANT ÇA N’EST PAS NOUVEAU ?
GILLES RAVACHE : Nous avons l’habitude de ce que nous appelons les ruches. Des tables réunissant une dizaine de camarades au sein desquelles chacune, chacun peut s’exprimer (et pas seulement quelques ténors comme dans les autres formations politiques). Or, samedi nous avons vécu un moment formidable. Grâce à l’informatique, la commission chargée de faire la synthèse des ruches a reçu leurs comptes rendus en direct, au fur et à mesure de leurs discussions. Les animateurs des 86 ruches ont fait un travail remarquable.
Non seulement les plus de 930 animatrices et animateurs de section ont eu la possibilité de donner leur point de vue, mais en plus c’est eux qui ont pris la décision finale de la journée (contrairement à d’autres formations où les membres sont parfois consultés mais où ce sont toujours quelques leaders qui prennent les décisions). Nous ne nous rendons pas compte nous-mêmes de la culture démocratique des communistes au sein de leur parti.
CE QUI EST NOUVEAU C’EST LE GAIN DE TEMPS ?
G. R. : Bien sûr, mais là n’est pas l’essentiel. C’est la démonstration que les instruments modernes, que le capitalisme utilise pour asservir davantage, peuvent aussi être les moyens d’un fonctionnement démocratique qui rompe avec la délégation de pouvoir. D’ailleurs, au vu de la richesse du travail des ruches nous avons proposé d’en faire une synthèse qui sera versée au travail préparatoire à notre congrès. C’est là un acte politique majeur. Nous avons décidé de faire commencer la préparation du congrès par les adhérentes et adhérents. D’abord en leur permettant de fixer son ordre du jour eux-mêmes. C’est ce qu’a finalisé l’assemblée des animatrice·teur·s de section avec la feuille de route qui a été adoptée. Dans cette même logique le premier apport au débat pour trouver les réponses aux questionnements qui ont été fixés vient des communistes eux-mêmes par la bouche de leurs animatrice·teur·s de section. Je suis convaincu que si nous poursuivons de cette manière nous nous donnons toutes les chances de tenir un congrès extraordinaire.
QU’A MODIFIÉ L’ASSEMBLÉE DU 18 NOVEMBRE ?
G. R. : La feuille de route souligne le besoin de travailler le projet communiste dans l’action immédiate face à Macron, dans les actions de so- lidarité concrète, dans des actions s’inscrivant dans la durée. De même, elle invite très fortement à produire une analyse des réalités de la société française contemporaine pour mieux saisir les conditions de la lutte des classes aujourd’hui. Elle souligne que le travail sur les divers chantiers devra s’appuyer sur un bilan de la période écoulée. De même, l’exigence d’un renouveau de notre pratique de formation des militantes et militants se traduit par un chantier spécifique.
TU AS PARLÉ DE FEUILLE DE ROUTE QUI « NOUS ENGAGE TOUS », QU’EST-CE QUE CELA SIGNIFIE ?
G. R. : Il est important de retenir que l’assemblée des animatrice·teur·s de section est l’aboutissement de deux mois de discussions au cours desquels les communistes ont exprimé leurs attentes dans leurs assemblées et par le questionnaire. Si nous parlons de feuille de route, c’est qu’elle fixe un plan de travail jusqu’au congrès. Les communistes tenaient absolument à ce que durant cette période leur parti soit très actif face à Macron et son entreprise de démolition des conquis sociaux et démocratiques. C’est le premier volet de la feuille de route. Ensuite ils voulaient un processus de préparation du congrès qui rompe avec les derniers congrès et qui soit clair pour que chacune et chacun sache comment s’y engager. Enfin, ils ont retenu l’idée d’engager dès maintenant des expériences de transformation dont ils pourront tirer enseignement au moment du congrès. Par le fait qu’elle est la construction des communistes eux-mêmes, la feuille de route nous engage toutes et tous, et en premier lieu la direction nationale, le Conseil national. Sa réunion du 1er décembre devra le mettre à l’ou- vrage pour organiser le travail sur les différents chantiers et mettre à disposition des adhérentes et adhérents les moyens d’y participer.
QUE RETIENS-TU FINALEMENT DE CETTE ASSEMBLÉE ?
G. R. : Les participantes et participants à l’assemblée du 18 novembre ont confirmé une culture du débat propre aux communistes. Ils font exister un débat politique de qualité, argumenté, respectueux. C’est réjouissant dans une période de discrédit de la politique, de défiance vis-à-vis de l’engagement, de triomphe du cynisme et de la duperie. S’ils débattent avec passion, c’est qu’ils ont de fortes convictions et un sens aigu des responsabilités. S’ils s’opposent des arguments les un·e·s aux autres, c’est avec la volonté de construire des choix ensemble, d’aboutir à des décisions qui les unissent. Ainsi, s’ils veulent un congrès extraordinaire, c’est à la fois qu’ils mesurent les défis à relever et se sentent la capacité de prendre les décisions audacieuses en rapport. Il n’est pas impossible que nous y parvenions.
Propos recueillis par Gérard Streiff - CommunisteS n°703