Pour une renaissance industrielle de la France
Le gouvernement, dans la loi dite Pacte, entend privatiser toute une série d’entreprises publiques ou semi-publiques qui, pour certaines, comme les Aéroports de Paris (ADP) ou Engie (ex GDF Suez) sont stratégiques pour l’avenir de notre pays.
Pour l’anecdote, il ne viendrait à l’idée de personne aux États-Unis que les aéroports de rangs internationaux soient propriétés du privé ou gérés par lui. Comble du conflit d’intérêts, l’actuel PDG d’ADP, Augustin de Romanet, devient directeur de Paris Europlace, l’organisme chargé de promouvoir la Bourse de Paris.
Le prétexte avancé est que l’État serait un piètre actionnaire. Or ce n’est pas l’État, en soit, qui est un mauvais actionnaire mais les gouvernements qui se sont succèdés depuis 1986. Si on en juge par les dizaines de milliers de faillites d’entreprises privées par an, la gestion privée est loin de montrer son efficacité.
Outre le désendettement de l’État – on vend les bijoux de famille – le produit de ces privatisations doit aller à un fond censé financer les « innovations de rupture ». Le problème est que l’on sait qu’une innovation est de rupture que lorsque la rupture a eu lieu. Des milliers d’innovations dites sur le papier « de rupture » n’ont jamais débouché sur des succès industriels (voir la fable cinématographique de l’homme au complet blanc et inversement des innovations qui ne payaient pas de mine ont connu un succès foudroyant.
Cette stratégie n’est pas industrielle, elle n’est qu’une spéculation financière sur des niches. Elle condamne les politiques publiques à acheter au privé, y compris avec les éléments de langage, des solutions industrielles sur l’étagère, qui ne sont en fait que les choix financiers des grands groupes.
La question est au contraire de mettre en œuvre une stratégie de renaissance industrielle de notre pays, dans le cadre de coopérations européennes, pilotée par la réponse aux besoins en service public, tout en relevant les défis prégnants des transitions écologiques, démographiques, urbaines et numériques. Cela implique de recourir de manière décisive à l’expertise des salarié·e·s et aux retours d’expériences des usagers citoyens. Cela demandera des nationalisations, des renationalisations mais également de l’autogestion de communs industriels pour faire pièce au système du "tout start-up" qui se caractérise par son échec structurel en France.
Ce qui a fait la réussite d’Airbus, d’Ariane, du TGV, de la construction navale, du logiciel comme Catia, du moteur CFM56, ce n’est pas la recherche frénétique d’ « innovations de rupture » qui ne sont souvent que financières, mais des programmes industriels sur une longue durée, correspondants à la réponse à des besoins collectifs ou spécifiques. C’est à partir de cela que de véritables innovations de rupture ont pu être développées. C’est pourquoi nous entendons mettre au cœur du congrès du PCF, non seulement la lutte contre les privatisations à l’image de la pétition lancée par la fédération du Val du Marne sur ADP, mais aussi la renaissance industrielle de notre pays pour avoir les outils des politiques publiques nécessaires à relever les grands défis de notre temps (voir Fabien Gay sur Alstom à Belfort).
Yann Le Pollotec