Message de Pierre Laurent
Le courrier de Pierre Laurent aux adhérentes et adhérents du Parti communiste français
Je m'adresse à toi aujourd’hui, et à tou·te·s les adhérent·e·s de notre parti, au lendemain d’une Fête de l’Humanité exceptionnelle.
Nous avons toutes et tous ressenti du bonheur et de la fierté au milieu de cette foule impressionnante. Nous nous sommes enrichi·e·s du climat de fraternité, de l’ambiance festive et combative, des centaines de débats qui ont marqué cette édition 2018.
J’ai, au cours de cette fête, échangé avec des centaines de militant·e·s. Toutes et tous m’ont parlé de l’enthousiasme que leur procurait la Fête. Ils m’ont fait part aussi de leurs attentes, de leurs colères, de leurs impatiences. Sur la situation politique et la possibilité de sortir des politiques libérales dominantes, comme sur la visibilité et l’efficacité de notre parti.
J’ai senti chez tou·te·s ces camarades tout à la fois de l’inquiétude face à ce qu’ils et elles ressentent comme des risques de division de notre organisation, mais aussi l’espoir toujours intact d’un congrès « extraordinaire ». Un congrès qui relance à grande échelle une initiative communiste utile à conforter les luttes populaires face à Macron et qui concrétise le besoin d’une nouvelle humanité face à un capitalisme brutal et décadent.
Ces multiples dialogues et l’immense réussite de la Fête me confortent dans l’exigence qui doit être la nôtre de répondre à ces attentes et de réussir un congrès qui résonne dans la société française comme un moment de « réinvention communiste ».
Un congrès qui, à travers un débat et une confrontation exigeante, dégage du commun entre les communistes et soit aussi un événement pour les femmes et hommes de ce pays, citoyens, syndicalistes, associatifs, pour toutes celles et ceux, et ils sont des millions, qui cherchent une issue, un espoir.
Je ne veux pas, et je sais que les communistes ne veulent pas un congrès de l’entre-soi, mais un congrès qui fasse sens pour la société française, redonne de la perspective et de l’espoir.
J’ai confiance dans notre capacité collective à atteindre cet objectif.
Dans quelques jours, très exactement les 4, 5 et 6 octobre prochains, chacune et chacun des communistes sera appelé·e à franchir une première étape démocratique importante : tu pourras, comme tous les communistes de France, voter dans ta section locale ou ta fédération pour choisir, entre les quatre textes soumis aux communistes, celui qui deviendra « la base commune de discussion » sur laquelle nous aurons à travailler jusqu’au congrès.
J’invite les communistes à participer les plus nombreux possible à ce vote. En le faisant, nous marquerons la force militante du Parti, sa capacité démocratique, son exigence d’unité quand il s’agit de faire des choix dans la fraternité. Chaque adhérent·e est à égalité dans ce vote, quel que soit son niveau de responsabilité.
Les communistes me disent partout où je vais qu’ils veulent en même temps de l’unité et des choix clairs. Je suis convaincu qu’il est possible d’y parvenir.
Tu connais mon opinion et je te la livre à nouveau en toute transparence : je pense que le texte de base commune adopté par le Conseil national est celui qui permet le mieux d’aboutir à ce résultat.
Pourquoi ?
Parce qu’il mène de front trois exigences à mes yeux indissociables : confiance dans nos idées et initiative communiste renouvelée ; esprit unitaire ; novation et audace dans une époque où tout se bouleverse à très grande vitesse.
Articuler ces trois dimensions est à mes yeux la seule manière de relever le défi de ce que certains camarades appellent « l’effacement » du PCF.
Décidons-nous, comme nous le faisons avec le tour de France des hôpitaux, comme nous pourrions le faire sur l’évasion fiscale, l’emprise de la finance, la lutte contre la pauvreté, le droit au logement, etc. de déployer tout notre potentiel militant dans la durée au service de grandes mobilisations populaires ? Faisons-nous de ce que nous appelons désormais « l’écommunisme » une dimension essentielle du combat communiste d’aujourd’hui pour réconcilier l’urgence de sauver la planète avec une ambition de progrès social pour toutes et tous ? Faisons-nous réellement nôtre le travail mené dans nos assises de l’écologie pour décider au congrès de rendre visibles nos analyses dans toute la société ?
Prenons-nous pleinement en compte les bouleversements qu’a engendrés la révolution numérique dans le rapport au travail, la manière de faire de la politique, les relations sociales, les représentations et la construction des opinions ? Plaçons-nous au cœur de notre dispositif militant la nouvelle plateforme numérique du Parti qui verra le jour fin octobre pour mieux coordonner des réseaux d’action et d’organisation, thématiques et transversaux ?
Quand le capitalisme, pour tenter de survivre, prend des voies de plus en plus autoritaires, tente d’imposer à la société un avenir « post démocratique », faisons-nous, en en tirant toutes les conséquences, de la démocratie et de la participation citoyenne le cœur de notre démarche communiste ?
Nous appuyons-nous sur les mouvements pour l’égalité femmes-hommes qui marquent nos sociétés, pour porter un projet qui fasse de la fin du patriarcat et de l’émancipation de chacun·e un objectif atteignable de lutte ?
Décidons-nous de changer notre manière de produire des idées et de les mettre en œuvre pour la rendre plus collective dans notre parti et plus ouverte sur toutes les forces disponibles dans la société, pour agir avec plus d’efficacité ?
Je pense que cela est possible si nous décidons ensemble d'avancer résolument dans ces directions.
Sur nos initiatives stratégiques, nous envisageons déjà différemment nos campagnes européennes et municipales en tirant des leçons des expériences passées. Et j’ai fait des propositions publiques à la Fête de l’Humanité pour nourrir ces batailles de davantage de contenus portés par tou·te·s les communistes nationalement. C’est comme cela que nous travaillerons à reconstruire notre présence et notre audience nationale, y compris à l’élection présidentielle.
Au fond, l’exigence d’audace et de novation est impérative. Il ne faut plus reculer devant le besoin de nos transformations.
Sur toutes ces questions, le choix de la base commune va indiquer une direction de travail et appellera ensuite la poursuite de notre construction commune jusqu’au congrès.
J’ai envie d’aller au bout, avec vous toutes et tous, de ces transformations. J’ai envie d’un Parti communiste qui, à l’occasion de son très prochain centième anniversaire, ouvre en grand les voies d’un dépassement communiste de la société capitaliste. C’est l’enjeu du 21è siècle.
J’ai envie de relever ce défi avec une équipe renouvelée qui donne toute leur place à de nouvelles et nouveaux dirigeant·e·s, comme nous avons su le faire à l’Assemblée nationale, au Sénat, pour l’élection européenne, dans de nombreuses fédérations et sections. Ainsi, nous préparons l’avenir en garantissant l’unité des communistes.
Maintenant, c’est aux communistes de choisir. Je renouvelle mon appel à participer nombreuses et nombreux au vote des 4,5 et 6 octobre et à continuer à travailler ensuite tous ensemble dans l’unité, la fraternité et la diversité qui sont les forces de notre parti.
Je compte sur toi, cher·e camarade, car nous n’avons pas de meilleur atout que la force rassemblée de nos énergies militantes.
Bien fraternellement,
Pierre Laurent
Secrétaire national du PCF