Les chantiers du communisme du 21e siècle
L’assemblée nationale des animatrices et animateurs des sections locales du Parti communiste français ne déparait pas samedi dernier à la Cité des sciences de Paris, un lieu plutôt tourné vers le futur. Le futur et tout ce qui se porte à la pointe du progrès.
934 animateurs s’y sont réunis, d’abord pour écouter l’intro- duction de Pierre Laurent, puis pour travailler, répartis dans 91 « ruches ». Le numérique et les nouvelles technologies ouvrent à la démocratie des champs inégalés. Toutes les ruches transmettaient en direct les résultats de leurs débats à la commission chargée de les synthétiser et de les prendre en compte pour la rédaction finale de la « feuille de route » qui prépare le congrès extraordinaire de 2018. Une feuille de route (voir ci-contre) approuvée après débat en séance plénière par près de 72,8 % des participants.
Dans un paysage mondial et politique bouleversé, les com- munistes se donnent le temps et la méthode pour tenir à l’automne 2018 leur congrès. Qui, pour être extraordinaire, devra apporter réponses à une attente qui monte dans les soubresauts du moment : l’heure est à concevoir et à engager le processus d’une nouvelle civilisation. Ces réponses ne peuvent être que neuves, tant les enjeux auxquels l’humanité est confrontée sont inédits.
On dit que l’appétit vient en mangeant et il s’est aiguisé dans la consultation qui a vu 13 843 communistes répondre au questionnaire qui préparait l’assemblée et plusieurs mil- liers supplémentaires participer à des réunions en bas. Lutte contre les inégalités, révolution du travail, révolution numé- rique, écologie, lutte pour un monde de paix, démocratie, tiennent le haut du pavé des défis auxquels les communistes veulent se consacrer. Et dans le débat, le féminisme, la lutte contre le racisme y font une irruption remarquable comme identifiants du combat communiste. À tous ces enjeux, les communistes sont appelés à concevoir des réponses neuves. Dans ces réponses doivent émerger une nouvelle démarche communiste de rassemblement et les traits d’un parti communiste transformé.
Il faudra, pour y parvenir, un travail intense de réflexion, et il est fait appel à l’intelligence et l’expérience des dizaines de milliers de communistes, mais aussi de tous les « experts du quotidien », syndicalistes, militants des associations, comme des chercheurs, femmes et hommes de culture...
Mais la seule réflexion n’y suffira pas, elle devra se nourrir de toute une expérimentation concrète. La volonté des communistes d’animer la contestation dans tous les domaines de la politique Macron en fournit la matière. La préparation d’États généraux du progrès social, avec un premier rendez-vous le 3 février à Paris et le lancement d’une plateforme de rassemblement alternative à la politique du Président de la République, se veut un carrefour de convergence de toutes les luttes. La feuille de route adoptée samedi liste également une série d’initiatives d’envergure, qui feront à la fois actions concrètes, luttes politiques et champs nouveaux d’expérimentations.
« Rien n’est simple et tout est possible », la formule de Pierre Laurent fixe l’ambition d’un congrès où les communistes sont invités à réinventer leur combat et leur parti.
*Olivier Mayer, CommunisteS n° 702